Quand je sors en forêt, je pars à la rencontre de géants aux gueules dures,
aux troncs inflexibles, aux bras cassants, aux coeurs en bois et aux racines
cachant plein d'histoires...
Les arbres sont des amis rêches au contact rude. Je me heurte à chaque fois
à leur froideur de pierre et à leur silence séculaire. Ils prennent
naturellement des allures augustes et leurs faces impassibles sont aussi
impénétrables que le marbre.
Pas facile d'entrer en communication avec ces vastes statues végétales
!
Pour paraître si austères, ces êtres tellement attachés à leur sol natal
doivent penser à des choses bien profondes...
Plus ils pèsent lourd, plus leurs idées volent haut. C'est ce qui fait leur
grandeur.
Vieux et noueux, ils semblent plongés dans d'insondables méditations...
C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison qu'ils ont les pieds sur terre et
la tête dans les nuages.
Afin de mieux les approcher, je dois me montrer à la hauteur de leurs
vues.
Avec leurs traits graves, leur peau rugueuse, leurs regards d'ogres, ils ne
sont pas d'un abord aisé...
Je me confronte à leurs branches brutales comme si j'étais un fétu de
paille, me sens une brindille devant leur présence imposante, me sais guère plus
important qu'un roseau sous leur ombre écrasante.
Mais ce qui nous rejoint essentiellement, eux et moi, c'est qu'en dépit de
nos pesanteurs et âpretés d'incarnés, nous portons en nous l’éclat des causes
célestes et la légèreté des rêves.
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