Mon désir le plus irréalisable, mais non le moins cher, serait de loger
dans une cabane construite sur le globe lunaire. Oui, j'aimerais follement
habiter sur la Lune entre quatre murs de bois sec, bien à l'abri sous un toit
aussi modeste que possible, avec en guise de jardinet une immensité de régolithe
stérile.
Enfin parvenu au bout du monde, je jouirais ainsi d'une vue imprenable sur
la Terre.
Comme je me sentirais heureux dans ma demeure faite de rondins de chêne,
enracinée pour toujours dans le sol de notre satellite, si loin de l'attraction
terrestre !
Sur cet asile totalement asséché, parfaitement inhabitable, définitivement
irrespirable, et donc selon mes critères idéal, suprême et pur, se dresserait
mon humble foyer de contemplatif, hors des regards humains, si proche de
l'ailleurs.
Avec le silence éternel pour tout horizon.
Moi seul y pourrais vivre, par la force prodigieuse de ma flamme
poétique.
J'y passerais ma vie entière dans une solitude sublime. Mes jours
consisteraient alors à laisser couler le temps comme une onde essentielle, une
eau fluant vers l'infini, un ruisseau de fraicheur entre le feu des
étoiles.
Mes uniques activités deviendraient vite absorbantes, captivantes, absolues
: me promener, dormir, rêver.
Je me réveillerais chaque matin à l'heure légère de l'onirisme. Et
ouvrirais les yeux sur un espace autour de moi plein de mortelle beauté.
Mes journées, palpitantes, commenceraient par quelques pas dans la
brillante poussière, se prolongeraient par un envol autour de mes pensées les
plus élevées et se termineraient par un séjour vespéral dans les profondeurs
mystérieuses des cratères.
De quoi bien m'occuper durant un siècle !
Et lors de mes nuits d'un sommeil bien mérité à l'intérieur de ma maison de
billots, la boule azurée depuis laquelle vous lisez ces lignes me tiendrait lieu
de singulier lampadaire.
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