Je le découvris dans un champ isolé, par un beau jour de printemps.
Il se tenait devant moi, me fixant de son regard étrange et profond.
Derrière lui, son engin volant aux lignes épurées posé à terre ne laissait aucun
doute sur son identité : j'avais affaire à être un venu d'ailleurs.
L'extraterrestre semblait lire dans mes pensées. Aussi lui destinais-je mes
intentions les plus aimables. Il perçut immédiatement la clarté de mon âme et me
communiqua l'essentiel : il débarquait sur Terre pour y chercher la rareté.
Je compris tout de la nature de sa présence et voulus lui offrir ce qu'il
convoitait. Mais sans savoir comment m'y prendre. A part mes rêves les plus purs,
que pouvais-je bien lui donner pour satisfaire sa cosmique curiosité, nourrir sa
vaste intelligence et ainsi augmenter la richesse de la Création ? Je n'ignorais
pas qu'il m'écrasait de ses vues hautement supérieures. Je balbutiais des
paroles inaudibles, ravi et interloqué de me trouver en si improbable compagnie.
Deux représentants de mondes radicalement différents s'observaient,
s'interrogeaient, s'échangeaient des signes d'intérêt mutuels. Lui l'ange
lointain descendu du ciel, moi le terrien étonné. Nos banalités devenaient des
immensités. Je prenais ses moindres clignements d'yeux pour des prodiges et lui
voyait les mouvements de mes lèvres aux mots incompréhensibles comme des sommets
de bizarreries.
Nos univers inégaux se faisaient face. Le visiteur se savait reconnu en
tant que tel et le visité se sentait privilégié de le recevoir. Chacun de nous
tentait néanmoins d'accorder son esprit à celui de l'autre. Entre nous, la
distance civilisationnelle, sociologique, culturelle, technologique, spirituelle se révélait de manière évidente incalculable. Lui et moi avions éminemment conscience de cet océan nous
séparant.
Mais l'humanité nous rapprochait.
Je lui adressai un geste amical de la main, il me répondit par une
révérence qui me parût fort auguste.
Là se situait exactement le point de rencontre universel.
Nous n'avions plus rien à nous dire, à la vérité.
Emerveillé mais aussi secoué par cet incroyable contact, je fus soudain
pris d'un irrépressible hoquet.
Ce qui provoqua chez l'humanoïde un grand éclat
d'hilarité !
Il réintégra sa machine insolite avant de disparaître à une vitesse vertigineuse dans les nues.
Rassuré par tant de légèreté, je m'esclaffai à mon tour.
Ainsi les étoiles avaient accouché de l'humour...
Depuis l'infini du firmament et de toute éternité, me disais-je, il devait
donc fuser des milliards et des milliards de rires...
Dès cet instant j'entendis le Cosmos résonner de joie.
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