Le plus méchant symbole de l’amour pot-au-feu est la robe de mariée traditionnelle.
Immaculée conception vestimentaire des âmes ordinaires, grotesque
idéal des classes moyennes, dupontesque textile qui fait rêver les masses, la
robe blanche de l’épousée est d'une totale vulgarité aux yeux de l’esthète
allergique aux gueusailleries que je suis.
Entre parfum de crapulerie conjugale, échos de casseroles et infâmes
intonations de voix de prolétaires, ce voile de fabrication industrielle
glorifie surtout la fausse virginité et vraie trivialité de la femelle populaire
qui le porte. Il incarne également les promesses d’un quotidien mortellement
ennuyeux plutôt qu'un radieux gynécée.
L’habit de la mariée n’est qu’une forme onéreuse et
grand-guignolesque de désenchantement futur, un carcan d’illusions indigestes et
d’artifices puérils débouchant une fois sur deux sur un divorce insane et
libérateur.
Ceux qui se prêtent à cette farce matrimoniale sont des esprits
nécessairement béotiens : pour croire à la “magie amoureuse” de ce déguisement
de sapin de Noël tapageur il faut cruellement manquer d’élégance, de finesse et
d’acuité. Et ne pas respecter sa femme.
La robe de mariée traditionnelle, c’est le bonheur de supermarché à la portée des propriétaires de maison Phénix.
Il ne reste plus que l’achat d’un canapé et d’une tondeuse à gazon pour parfaire
leur félicité frelatée d’imbéciles philistins.
Le pire du pire dans ces orgies de mauvais goût populacier, c’est au
moment où, entre tradition grossière et superstition roturière, la mariée jette
son bouquet de fleurs dans l’assistance.
Mais on rencontre aussi l’ignoble dans les milieux les plus dégradés,
lorsque la porteuse d’alliance joue à mettre sa jarretière aux enchères dans de
dégradants éclats de rigolade générale.
Tandis que les gens de goût, éduqués, sensibles, de grande classe se
marient en noir, avec sobriété, simplicité, discrétion.
La robe de mariée traditionnelle est le plus criard des
tue-l’amour.