Au cours de ma retraite sylvestre je vois s'écouler des jours bien
ordinaires. Et d'autres beaucoup moins.
Parfois ma perception des choses change subitement et certaines heures,
qu'elles soient sombres ou éclatantes deviennent augustes, pleines de présages
et de sens caché.
Ainsi, à l'approche du crépuscule il m'arrive de craindre les
splendeurs de l'obscurité naissante ou bien au contraire de vouloir me fondre
avec les clartés des nues en feu... Mes repères se brouillent et le Beau n'est
plus qu'une tentation aux enjeux supérieurs et insaisissables qui me
dépassent...
Descendre dans les gloires infernales ou monter dans l'azur enflammé, avoir
un pied dans le gouffre et l'autre dans les sommets, faire le choix entre le
dérisoire lumineux et le sublime ténébreux, telles sont les contradictions
devant lesquelles je me retrouve.
L'arrivée du soir sonne soit comme une flûte, soit comme un glas. Je
l'espère et la redoute tout à la fois, sans vraiment savoir pourquoi. Ni quelles
couleurs ses lueurs produiront sur mon âme, claires ou funestes, grises ou
dorées, ternes ou brillantes, légères ou mortelles.
Et là, seul au coeur de la forêt, aux prises avec les immensités s'agitant
en moi, je ressemble à un fétu d'existence. Je suis pris sous un orage de
réalités infiniment plus hautes que ma pauvre tête d'ermite, emporté dans une
mélancolie aux dimensions cosmiques, enseveli sous des vagues de mystère venues
d'un océan d'éther.
Et les nuages du couchant au-dessus de mon univers de verdure prennent
alors des allures dantesques. Je pleure et je ris, tandis que le ciel impassible
s'effondre dans les brumes vespérales.
Je suis perdu dans les incertitudes de ses nuances.
La nuit finit par trancher entre le oui et le non, le blanc et le noir, le
vrai et le faux.
Une fois le Soleil couché, je m'aperçois que le réel et ses tempêtes
d'ivresses mêlées de vertiges est déjà loin.
Et que commencent maintenant la paix du sommeil et les profondeurs du
rêve.
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