L'averse sur la forêt le matin, c'est comme une pesanteur sur le monde, une
masse d'ennui qui s'effondre sur la végétation, des flots de lourdeurs qui
s'abattent sur les arbres. Tout est froideur et déprime. La terre s'enlise dans
l'humide torpeur et même l'horizon est trempé de tristesse.
C'est l'occasion idéale pour me réfugier près de mon feu de cheminée.
L'envie me prend cependant d'aller d'abord m'exposer nu sous l'onde
frigorifiante... Ce que je fais avec un authentique frisson de crainte mêlé de
délice, surtout si le temps est hivernal, cédant ainsi à la tentation de la
rigueur. Avant de me blottir dans la douceur de l'âtre, je succombe, en effet, à
l'âpreté des éléments. Après la gifle de l'eau, je n'en apprécie que mieux la
caresse de la flamme.
J'affronte alors la vague oppressante qui m'étreint jusqu'aux os et qui, à
l'heure du lever, finit par me réveiller tout à fait... Je reçois en pleine face
et à bras ouverts toutes les austérités du ciel qui me tombent dessus. J'attends
d'être totalement aspergé, lavé, assommé par ce déluge de sévérité qui me cingle
la peau. Je rentre ensuite me sécher directement à la flambée, sans m'essuyer.
Cette douche d'inconfort dès le début de ma journée me met en forme et de
fort gaillarde humeur ! Au contact de cette lame de glace, tout devient plus
facile, plus léger et moins morne. Me jeter dans la gueule de la pluie, me
brûler aux ardeurs de l'épreuve, tendre les deux joues aux claques de la nature,
c'est la meilleure manière que j'ai trouvée pour briser les habitudes avec
fruits et fracas, évitant les pièges d'une vie de mollesse.
On savoure d'autant mieux le miel lorsque l'on vient d'avaler une bonne
coulée d'amertume.
Et tandis que les nuages continuent de déverser sans compter leur lot de
larmes fécondes sur mon toit, réchauffé, rhabillé, réconforté, j'alimente le
foyer pour y faire chauffer mon café. Je puise ma joie dans le choc des
contrastes.
Lorsque s'éteindra la braise, je serai plus vivant que jamais !
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