Il y en a qui font la promotion de l’humanitaire, de la solidarité
universelle, de la fraternité d’inspiration purement laïque, mettant en avant
leurs désintéressés sentiments égalitaires, leur respectable -et
exportable- conscience républicaine, leur progressiste sens social...
Leurs nobles élans pleins d’idéaux séculiers, qu’ils soient politiques ou
apolitiques, ont ceci de commun qu’ils sont dénués de toute notion de pitié,
jugée dégradante, humiliante, dévalorisante. Pour leurs auteurs comme pour leurs
destinataires.
Moi, j’aime éprouver de la pitié envers mes semblables et bien le leur
montrer, la cultiver, la défendre, la promouvoir. Et je veux réhabiliter cette
divine compassion qui redresse les esprits tordus, angélise les pauvres diables,
relève les “écrasés du sort”, bref soulage toutes les misères, honore
non seulement leurs zélateurs mais également les déshérités, les éclopés, les
êtres déchus à qui elle est destinée, au lieu de les diminuer comme on le croit
à tort.
Refuser la pitié des autres, c’est faire preuve d’orgueil et d’indécence :
l’objecteur dont la fierté est mal placée devrait être puni pour ainsi rejeter
la main secourable inspirée par les gonflements du coeur charitablement ému
!
S’interdire de ressentir de la pitié à l’égard d’autrui au nom de la
“dignité républicaine”, du “respect de l’image de soi et de son
prochain” ou de tout autre prétexte gauchiste ou de pseudo générosité,
c’est nier le caractère sacré de cette douce flamme biblique, bafouer la vraie
grandeur d’âme, offenser le véritable esprit de bienfaisance, injurier les
authentiques valeurs spirituelles.
Ces “belles sensibilités” sous des dehors glorieusement
humanitaristes dénigrent la pitié pour la remplacer par les agnostiques
froideurs de la “raison citoyenne”, par d’impies mais équitables
ferveurs médiatiques, par d’irréligieux mais civiques calculs si chers au
“Téléthon” qui les matérialise sur écran géant avec trompettes et télégéniques
artifices..
.
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La pitié, politiquement très incorrecte, a été évacuée des coeurs humains.
Disparue de la circulation intérieure.
Telle est l’oeuvre de l’esprit satanique de notre société à qui la pitié
fait honte.
Les “Restos du Coeur”, réponse alimentaire à la pénurie des salaires,
certes efficace mais dénuée de toute idée de pitié par prétendu respect envers
leurs bénéficiaires (qui souvent se sentent humiliés), ne sont ni plus
ni moins qu’une vaste et neutre mangeoire nationale pour ventres humains en mal
de remplissage. Le “Téléthon”, une industrie hospitalière. L’aide aux plus
démunis, une simple loi socialiste.
Bref, sans la pitié l’affamé se résume à un vulgaire animal à nourrir,
l’infirme à un outil à réparer, le pauvre à une statistique.
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