On a l’habitude d’entendre dire, et ensuite de répéter soi-même quasi-automatiquement, que Mozart incarna LE génie de la musique, que sa création est sublime, inégalée, etc.
Bêtement, par réflexe, par mimétisme, par habitude, par pur conditionnement, nul n’ose remettre à sa véritable place ce faiseur de “bruit savant”.
Précoce, doué, virtuose, créatif, certes il le fut.
Mais génial, c’est une autre affaire.
La précocité, le don, la virtuosité, la créativité, c’est bien beau mais cela ne fait pas nécessairement l’essentiel : faire descendre un peu de ciel sur terre.
Comme chez tous les artistes Mozart a donné des fruits remarquables, je ne le nie pas.
Mais en toute petite quantité, à mon sens.
La majorité de sa production étant assez soporifique, sans réel intérêt musical. En toute bonne foi je ne le classe pas au sommet de ce qu’on fait de mieux.
La musique chez Mozart, c’est juste un peu de matière véritable à laquelle on a ajouté une bonne grosse louche de mythe.
A quelques rares exceptions près, bien entendu.
Qui suis-je, vous demanderez-vous, pour braver ainsi l’opinion universelle à propos d’une si haute affaire ?
Je ne suis guère musicien, encore moins musicologue, pas plus spécialiste de la question mozartienne, il est vrai.
Mais je suis bien mieux qu’expert en ces matières : je laisse simplement parler mon âme.
J’estime, par exemple, Chopin, Bach, Vivaldi, bien supérieurs à Mozart en termes de qualité musicale, alliée à la quantité.
Tout comme le farceur Rimbaud, Mozart le tapageur me touche fort peu.
Ecouter du Mozart, pour moi c’est comme encaisser des coups sans avoir le droit de gémir. Se taper une marmite entière de notes indigestes en faisant mine d’apprécier ce festin écoeurant. Supporter des tonnes de clichés culturels, artistiques, esthétiques telles des enclumes posées sur la tête. L’obligation d’aimer ce qu’en réalité on déteste. Avaler de force une institution lourdingue sous peine de passer pour un ignare, un insensible, un décadent...
Bref, c’est aussi pesant que d’assister à une bavarde cérémonie de l’Académie Française composée de vieux chnoques empoussiérés de certitudes... académiques !
Et couronnement de ce calvaire auditif, à la fin devoir endurer les stupides applaudissements d’un public conquis, béat, conditionné, figé, sclérosé.
Et surtout, j’en mettrais ma main au feu, absolument pas convaincu en son for intérieur. Mais dans les apparences, admiratif quand même.