Avec ses yeux de biche, elle pose sur moi son regard d’acier.
Son front est une pierre où se reflètent mes rêves les plus doux. Sa face
est de marbre et ses pommettes sont glaciales. Ses lèvres dures lui font un
sourire d’ange.
C’est une russe de la Russie profonde.
Un être d’une étrange élégance. Un idéal de neige et de roc, une essence de
chair, une présence d’éther.
Une russe disais-je, de la Russie sans fin.
Belle, grande, blonde, intègre, inaccessible, pure et magistrale.
Elle me toise, je la contemple.
Sainte et impériale. Charmante et terrible. Fine et robuste, farouche et
virginale.
Je n’ai que des mots de lumière pour elle, des crachats de feu, un souffle
de vie, une certitude de mort, une part de ciel.
Elle me répond par les éclairs de ses prunelles, la foudre de sa splendeur et la caresse de son air moqueur.
Elle allume en moi une flamme de loup, fait battre mon coeur plein d’orage,
fait sortir mes crocs de tueur... Je pars à la conquête d’une seule
étoile.
Alors je déploie mes ailes : je suis l’égal de l’herbe sous ses
pieds, pareil au vent, semblable aux nuages. Je tourne, je monte, je voltige, je
suis un oiseau dans la steppe.
Roi de l’immensité.
Je m’égare dans les airs, ailleurs, loin de tout, hors de mon réel.
Je m’éloigne de plus en plus, je la perds de vue, le jour me
réveille.
Et je me retrouve seul au bord de mon lit.
Fou et tremblant.
Si ce n’était là qu’un songe, alors dites-moi pourquoi ce matin mon corps
est si lourd et mon âme si légère ?
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