Modelé par le système de gauche dans lequel il était né, il ne concevait rien au-delà des stricts cadres mentaux autorisés.
On lui avait inculqué qu’un Juif ne pouvait qu’être une victime. Ou un exemple. Et même un héros.
Parce que Juif.
Bref, à ses yeux l’israélite se présentait fatalement comme un être dénué de défaut, incapable de crime. Autrement dit l’incarnation de la vertu.
Pour la simple raison qu’il était de sang hébraïque.
Depuis toujours, la chose se concevait ainsi dans sa tête bien formatée. Se poser des questions à ce propos aurait relevé de la pure folie : ces vérités sacrées, immuables, incontestables demeuraient figées en lui comme un évangile dans le granit.
Aussi, le jour où il se fit voler son portefeuille il ne crut évidemment pas que l’auteur du délit, appréhendé, se nommait réellement Levy...
Il ferma donc les yeux, ne dit mot, ne pensa rien de plus, incapable d’affronter cette réalité en contradiction avec ses convictions viscéralement ancrées dans son cervelet de gauchiste.
Plus tard il prit connaissance de l’existence d’un lobby sémite qui pourchassait rageusement et faisait condamner sévèrement toute pensée non conforme à sa doxa imposée à la société entière.
Peut-être fut-il sur le point de réagir à cette infamie...
Mais non, là encore il ne broncha pas.
Effectivement, on venait de lui révéler qu’il appartenait lui-même à ce peuple intouchable.
Alors il ne resta plus personne pour dénoncer cette iniquité.