Dans l'existence, je ne vois que du bleu.
Autrement dit la couleur du ciel.
Il y a beau avoir des morts autour de moi, des pleurs, de la grisaille, des
tracas administratifs, des problèmes d'argent, des êtres méchants, des gens
sales et malodorants, à mes yeux tout est beau, tout est bon à prendre, tout
brille dans les hauteurs, la légèreté et l'excellente humeur.
Ce n'est nullement de l'égoïsme de ma part mais une propension innée au
bonheur, une aptitude naturelle à la joie de vivre ! S'il y a des âmes en peine
à côté de moi, tant pis pour elles : cela n'entame en rien ma capacité à
recevoir de la lumière dans le cœur.
Face aux verseurs de larmes je demeure imperturbable : les malheureux ne
seront de toute façon pas moins malheureux si je pleure avec eux. Par
conséquent, autant rire.
Leur dépression est stérile, tandis que ma flamme est féconde. Eux ne
sèment que de l'ennui dans le monde, alors que je fais fleurir chaque jour qui
passe.
J'ai raté des examens ? Une catastrophe naturelle me tombe sur la tête ?
J'ai été victime d'une injustice sociale ? Tant mieux ! Rien de tels que des
orages, des tempêtes et des surprises pour repartir gonflé à bloc sur le
merveilleux chemin de la vie !
Rien ne m'accable, tout m'enchante.
Aux esprits lourds, austères et tourmentés ne sachant pas vivre avec
simplicité, j'oppose la limpidité de mon regard d'éternel enfant qui ne songe
qu'à jouer avec tout et n'importe quoi et qui se réjouit de la moindre
brise...
Ils prennent cela pour de la frivolité de ma part. En réalité c'est eux qui
intérieurement sont devenus des vieillards remplis d'ingratitude envers le sort,
le monde, la clarté du soleil et même l'Univers entier !
Ils ont oublié que leur présence sur Terre est un miracle et que tout est
cadeau. Ceux qui gémissent et se lamentent d'être nés ont simplement manqué à
leur devoir : celui d'être joyeux.
En prenant leur deuil trop au sérieux, les affligés (qui ont toujours de
bons mobiles pour l'être) passent à côté de l'essentiel.
Et c'est bien pour cette raison que je m'approprie l'azur au-dessus d'eux et prends pour moi seul toute cette allégresse qu'ils se refusent.
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