Mon âme est désertée par les oiseaux de lumière et mon coeur, désormais sans plus de flamme, est froid.
Je suis seul au monde, abandonné de mes muses.
Ma verve s’est tarie.
Ma pensée est noire, ma page est blanche.
Au contact du vulgaire, je ne chie plus que de la merde.
A force de côtoyer des syndicalistes CGT, de me frotter aux pousseurs de
caddies de supermarchés, de croiser des têtes de phacochères masqués, heureux cocus
porteurs de voile républicain, j'ai blessé ma belle sensibilité d’intraitable
sybarite et mes divines égéries, écoeurées par tant de laideur, se sont envolées
loin de ces pesanteurs et puanteurs où pataugent ces porcs bipèdes honnis.
Et me voilà livré en pâture dans le champ d’ordures de mes contemporains
! Et je me sens telle une perle engloutie par un océan de fumier...
Lâché dans l’arène de la gueusaille profane, consumériste, dévirilisée, je
pleure et crie vers le ciel...
M’entendront-elles depuis leurs sommets, mes compagnes de l’Olympe que ces
masses plébéiennes à faces de cochons ont outragées ?
La gent porcine, composée de pions frileux aux groins muselés du matin au
soir, est évidemment trop éprise de connerie ordinaire pour se rendre compte de
mes ivresses extraordinaires...
Le peuple de bouffeurs de bâillons, bouffi de tiédeur, ramolli de
sotte tolérance, abêti d’humanisme en toc, alourdi de cages en or, abruti de
folie sanitaire, me regarde, incrédule, comme une impossibilité verticale
dans son réel bien horizontal.
Hélas ! Mes inspiratrices offensées ont quitté cette lourde Terre afin
de rejoindre leur céleste asile, me laissant sans voix, sans inspiration, sans
mot pour décrire mon malheur...
Mais alors, si elles sont remontées si haut en rompant avec moi les liens sacrés de l'Art, et que finalement ma feuille de la tête au pied est déjà toute noircie, qui donc à mon insu vient de raviver le feu et rallumer ma plume ?
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