Chez moi les sentiments tendres sont durs.
A la vérité, en amour je suis de marbre. Tout le contraire d'une fleurette.
L'opposé du con décomposé sous le balcon. La frayeur de la princesse endormie.
La hantise de la crétine en crinoline.
Mon coeur est fait pour battre.
Battre les mollassonnes, je veux dire.
Ecrabouiller les larves. Ratatiner
les limaces. Briser les mollusques.
Et il cogne dur, soyez-en sûrs !
Je ne suis pas un caniche à bouclettes d'or mais une bête blindée, une peau
de sanglier, une âme de bouledogue.
Avec une gueule de crapaud, des ruses de rat, des caresses d'ortie.
Mon sourire de crocs pour toute amabilité, mes mots cinglants en guise de
billet doux et mes baisers de ronce pour certifier tout cela.
Gargouille affamée de gazelles tremblantes, je cherche de la chair à
mordre, des os à glacer, des femelles à dévorer. Aussi crues que
croquantes.
Bref, je ne suis pas un sentimental en mal de mental ornemental.
Mais un mâle tout court.
Avec un sabre entre les dents, de la poudre dans le sang, une bombe dans le
calbar.
Et sans aucun coton dans les mains. Encore moins de soie dans la tête. Mais des
pognes comme des serres et des pensées d'acier !
J'ai des ailes d'aigle, un bec tranchant, le panache d'un coq.
Non une queue de chatounet.
La femme, je ne la déguste pas passivement des yeux. Mais la réduis à un
réceptacle lustré où vient se planter ma virilité en feu, se loger mon honneur de lion,
se reposer ma carcasse fatiguée.
C'est-à-dire que j'enfile mes pieds dedans.
De sa soumission naissent mes belles bottes d'ogre.
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