Mon coeur est une glace éternelle.
Un iceberg pétrifié. Une pierre hivernale. Un marbre immobile.
Je vis seul, sans chauffage, sans faire de vagues, sans personne à qui
parler.
Ni même un cabot à aimer.
Je me lève le matin pour attendre la venue du soir. En toute quiétude. Et
passe mes journées à rester là où je suis, à ne rien faire, à espérer que cette
réalité dure encore, tout en redoutant que quelque chose n'arrive.
Pire : que quelqu'un ne me dérange.
Mais heureusement, rien ne vient jamais, aucun événement ne se produit, nul
ami ne se présente à ma porte.
Et je me réjouis de ne voir que ma face dans le miroir, de n'être
accompagné que de mon ombre sur les chemins, de ne sentir que mes effluves de loup
dans mon lit.
Je demeure dans mon trou, loin de tout, ignoré du monde.
Et pourtant un soleil brûle en moi.
Cet astre qui brille au fond de mon âme vous effraie, je le sais.
Et vous ne comprenez pas.
Vous fuyez tous cet asile de silence où je me suis enterré vivant et me
plaignez de séjourner dans l'obscurité permanente de ce royaume de mort.
C'est un trésor sans prix que je chéris davantage qu'une femme, ma famille, mes
frères humains en général.
Je vous veux tous absents, en vérité.
Cette immensité vide de bipèdes que je recherche inlassablement, ce temple
de paix que je cultive depuis toujours, ce désert que je préserve farouchement
et que je vénère comme un fou, est ma principale richesse.
Un vrai cadeau du Ciel.
J'habite dans le plus beau pays du globe.
Cette contrée idyllique est un paradis sur Terre, qui se nomme... solitude.
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