Mon fauteuil en osier est vieux, humble, vaste.
Usé, démodé, grinçant, il ne vaut rien et pourtant c'est mon bien le plus
précieux en ce monde.
Il me sert de poste d'observation du firmament mais aussi de point d'envol
vers mes voyages nocturnes.
Le soir je m'y installe comme un chat, enroulé dans une couverture, afin de
contempler religieusement la Lune.
Etendu sur ce siège suprême en forme de berceau, je regarde la nuit avec
ses rêves et ses flammes, ses ombres et ses chimères, ses spectres et ses
légendes.
Je découvre un autre univers, couché sur mon trône de mendiant, heureux de
m'envoler vers l'astre aux cratères pareils à des orbites.
A travers la lucarne de ma chambre ouverte sur l'inconnu, les étoiles et
les chauves-souris entrent chez moi, et c'est la fête sous mon toit ! Les ailes
des sombres noctules sont les mêmes que celles des lumineuses galaxies : toutes
m'emmènent ailleurs, loin, haut...
Porté par le souffle de ces flots célestes, je monte ainsi jusqu'au
satellite, toujours assis sur mon ample chaise aux pieds gémissants.
Et l'aventure recommence à chaque lunaison : je pars en expédition
onirique, chevauchant ma statique monture poétique. J'aborde des rivages
infinis, confortablement campé sur mon pégase fait de bois léger. Je vogue
verticalement, à la rencontre des hôtes du ciel. Je navigue sur l'océan
stellaire en quête de trésors à la mesure de mon âme.
Croyez-le ou non, pensez si vous le voulez que je suis fou et que je vous
raconte des sornettes, mais moi je vous le dis sans malice : je parcours
réellement les étendues cosmiques et me pose régulièrement sur le sol lunaire,
rien qu'en m'allongeant sur mon modeste sofa.
Faisant face à la vitre de mon refuge ressemblant à une cellule monacale,
bien accroché à ma selle couleur de paille, la tête pleine de
vertigineuses fantaisies et de profondes légèretés, je décolle purement et
simplement.
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