Elle est l'ombre et le feu, la flamme et la mort, la lumière et la nuit, le
songe et la pierre.
Elle vole dans nos rêves, vogue dans l'océan du vide, vaguement humaine
avec sa tête simiesque, lointaine avec ses airs astraux, proche à travers ses
allures terrestres, aussi tellurique qu'éthéréenne...
La Lune est un globe ambigu au visage familier, à la face lumineuse et aux réflexions ténébreuses.
Elle est un corps céleste obscur, une gueule ouverte dans le noir et un
clin d'oeil dans le ciel en plein jour.
Elle s'illumine le soir pour s'éclipser à l'aube, tantôt pleine de pâleur,
tantôt à moitié brillante, toujours éclatante de beauté morbide.
Dans ses orbites les hommes n'y voient que du flou : son regard d'aérostat
pétrifie les fous, réveille les dormeurs, brûle les insomniaques.
Et fait braire les ânes que sont les poètes.
Tout son esprit est là, précisément : elle tourne, inconditionnelle,
indifférente, hautaine et magistrale dans son royaume de solitude et de sommets,
beaucoup plus haut que nos vues basses de sombres mortels.
Cette bulle aux yeux globuleux errant maladivement dans les fumées de notre
imagination n'en finit pas d'aller et venir entre nos coeurs limités et l'infini
de l'espace.
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