Le paysage est noir, l'horizon terne, le ciel léger.
Et mon coeur est aux anges...
Autour de moi les champs grelottent sous la giboulée. Les bois épars
somnolent dans leur lit d'humus trempé. Peut-être, dans cette ambiance mortelle,
rêvent-ils de floraisons ? Ou espèrent-ils ne plus jamais se réveiller de leur
hivernale torpeur ? En attendant, leurs masses sombres obscurcissent encore plus
cette immensité agreste bouchée.
La route que j'emprunte me mène vers un doux enfer de boue et de mélancolie.
J'avance dans un monde isolé, pétrifié, inconnu. Ici, tout est nouveau pour moi.
Je découvre un jour différent. Un ailleurs au-delà des simples clartés et des
habituels brouillards du quotidien. Et m'évade dans des nuées de lourdeurs, des
terres sans nom, des espaces hors de l'obscurité, pas encore lumineux, juste à
côté des premières flammes d'une aube onirique.
Une sorte de crépuscule irréel, fantasmé, idéalisé pour poètes névrosés,
pouilleux à guitares, clochards à barbes dorées et autres fous endimanchés de
haillons radieux...
Je tremble de froid et de joie.
La nature en larmes est recouverte d'une ombre vivante. Ou voilée d'une
mort éclatante. Elle est hantée par une présence triste, habitée par une
éternelle grisaille. Elle brille de ses misères et s'enflamme de ses pleurs.
J'entre dans un océan borné par des nuages de plomb, pénètre dans un rêve
lointain, me noie dans un infini à la mesure de mes semelles crottées.
Et je perçois de l'azur dans cet univers terreux.
Entre éblouissements, sanglots et lumières fantomales, je me suis égaré à Clinchamp.
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