Monsieur,
Vous ne savez pas qui je suis, mais quelle importance ? Moi je connais
parfaitement mon identité : né des odeurs de vos mauvaises idées, je viens du
fond de vos égouts, du dessous de vos semelles, de l'envers de vos façades, des
coulisses de vos théâtres.
C'est un oiseau de fer à plume de fiel qui vous écrit cette lettre. Ceci
vous renseignera mieux, n'est-ce pas ?
J'ai de fines oreilles qui entendent les murmures, les mots durs et les
rêves obscurs de ceux qui m'entourent. Et deux ailes noires prêtes à répandre
les vérités honteuses au vent doux des jours amers.
Sur mon dos je porte la moisson de vos jardins ambigus.
J'ai pour égayer vos heures cruciales des roses empoisonnées et des nuées
d'autres amanites aux parfums de scandale...
Ainsi sous les toits honnêtes les hôtes à la tête haute auront le privilège
d'ouïr mon chant de malheur.
J'ai vécu longtemps caché parmi vous, observant chaque attitude, écoutant
tous les bruits, à l'affût de bien des feux. J'ai ri et frémi de vos secrets de
rats. Et aujourd'hui j'affiche en pleine lumière vos grimaces et comédies,
petites indignités et vastes intrigues, protégé de vos crachats derrière ma cape
opaque et mon bouclier de corbeau, moi le bec anonyme qui dit tout.
Je suis l'ombre qui part à la conquête du monde dans le but d'y faire
régner l'orage. Je remonte des gouffres sans nom pour briller au sommet de vos
temples. J'apparais sous le Soleil pour faire peur aux hommes.
Sorti de mon trou afin que nul ne m'ignore plus désormais, mon dessein est
de dévoiler la face râpeuse de vos belles médailles.
Bref, je vous adresse ce courrier pour vous faire une révélation : vous êtes cocu !
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