Depuis que les médias généralistes ont pris le pouvoir tant sur les écrans
que dans les cervelles, les foules de notre belle société de technologie
triomphante ont été sorties des ténèbres de l'ignorance, mises à l'abri de la
superstition, placées loin de la sensibilité archaïque dont souffraient nos
aïeux qui, eux, croyaient aux fables peuplant leurs jours simples sans aucune
connexion avec des sources d'informations non-stop...
Il faut dire que nos malheureux grands-parents n'avaient pas la chance
d'être, comme nous, constamment branchés sur les antennes de la bonne parole de
BFMTV... Les pauvres étaient isolés dans leur trou, sourds aux bruits en vogue,
hors de l'actualité brûlante, privés de tout scoop, du moindre flash d'info, de
la plus élémentaire notification.
Leurs journées ressemblaient à des pluies monotones, avec dans leur tête des
pensées statiques sans relief ni éclat. Seul l'horizon plat de leur existence
fade bornait leur vue brève. Au lieu de téléviseurs allumés sur les choses les
plus essentielles, ils fixaient bêtement leur feu de cheminée.
Et n'imaginaient rien d'autre que des affaires à leur portée. Ils ne
s'occupaient que de leur jardin, n'écoutaient que leurs voisins, ne voyaient
passer que les oiseaux du ciel au-dessus de leur toit.
C'était pour eux la porte ouverte à tous les vents locaux, à on ne sait
quelles ineptes rumeurs du coin, aux histoires invérifiables ne dépassant pas les
limites de leur clocher... Autant dire que nos ancêtres étaient exposés aux
mensonges, aux balivernes, aux fake-news !
Arriérés, reclus, vierges des fracas et tapages du globe, ils n'avaient
jamais de contact auditif ou visuel avec les diffuseurs de vérités bien calibrées que sont les
présentateurs de journaux télévisés.
Je veux parler de ces messies des nouvelles officielles aux mots de marbre,
aux déclarations gravées dans les certitudes de ce siècle de raison, de sciences
et de progrès.
Paroles d'évangile qu'il est d'ailleurs interdit de contester, de discuter,
de contredire sous peine de passer pour un complotiste. En effet, elles ont été
proclamées comme vraies, décrétées irréfutables, garanties conformes à la vision
du monde en vigueur sous nos latitudes par leurs auteurs dûment dotés
d'authentiques cartes de presse.
Nous pouvons dormir tranquille : les idéologues
infaillibles à la langue aseptisée que l'on nomme "journalistes"
veillent à la bonne formation de nos idées prémâchées.
Les éditorialistes à la une ont construit notre quotidien d'honnêtes et modernes moutons selon les bonnes normes : les leurs.
Là est l'intérêt obscur de ces menteurs professionnels.
En réalité, derrière leur façade lisse ils pensent comme des loups.
Mais devant leurs prompteurs parlent comme des agneaux.
VOIR LA VIDEO :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire