Tendre, généreux, assoiffé de justice, il veut "sauver la planète".
Il voit les choses de manière idéale, ultime, parfaite : les pieds dans ses
babouches, les yeux dans le vague, enfumé par ses substances hypnotiques, il
parle dans l'ivresse de ses mots, rêve éveillé, marche dans la semoule.
Sa peau bien pommadée a la douceur angélique et irréelle des photos
retouchées, sa pensée lissée est conforme au siècle effondré qui l'a vu naître,
ses folles intentions sont altruistes jusqu'au sublime.
Mais l'on pourrait dire aussi que ses intentions altruistes sont sublimes
jusqu'à la folie. Ou encore que ses sublimes intentions sont follement
altruistes. Et même que ses folies intentionnelles sont sublimement altruistes.
Ou alors que sa sublime folie est intentionnellement altruiste...
En effet, avec lui toutes les combinaisons verbales, mentales, sociales,
culturelles, intellectuelles sont concevables. Surtout les plus improbables, les
tordues, les tarabiscotées, les obscures, les moins évidentes. Mais qu'importe !
Elles sont de toute façon interchangeables à souhait puisque, selon lui, les
possibilités pratiques aussi bien que théoriques se valent toutes. Tant qu'elles
tournent dans le sens opposé du cadran, à gauche.
Pour cet illuminé qui a hautement conscience d'être très en avance sur son
temps, la norme c'est le côté inconsistant de la réalité, l'abstrait et non le
concret, le contraire de la raison.
Bref, il est à lui seul une image pieuse du gauchisme en action.
Son coeur débordant de bons sentiments n'en finit pas de saigner pour tous
les vents qui passent, pour chaque chimère en vogue, pour la moindre feuille
morte qui s'agite sous une brise imperceptible, à l'autre bout du monde...
Sensible à l'extrême, l'idéaliste du progrès larmoie pour les arbres lointains
victimes des saisons. Il tremble avec solidarité pour ses frères les loups
réhabilités dans les Pyrénées, chassés par les méchants bergers. Il s'étrangle
d'indignation, épouvanté par la cruauté des hommes, en apprenant qu'en France il
y a encore des femmes qui, comme dans les bidonvilles de la Somalie, comme au
Moyen-Âge, comme chez les arriérés de droite, accouchent à l'ancienne, sans
péridurale... Autant dire un truc de nazis !
Jugeant la nature foncièrement fasciste, il lui résiste héroïquement, la
combat farouchement et souhaite tout naturellement lui imposer de nouvelles
lois !
Ses idées sont belles, nobles, vertigineusement élevées. Tellement hautes
qu'elles ont définitivement quitté l'attraction terrestre...
Déconnecté du réel, penseur hors-sol, juvénile idéologue sans autre expérience de la
vie que celle, immatérielle, plate et fade de ses écrans, pétri de pain blanc, roulé dans toutes les farines de sa génération, adepte des avancées de papier qui font reculer les statues du passé, le justicier des causes absurdes considère les décrets du Cosmos comme des délits.
Et, tel un poète du chaos, un chantre du néant, un messie du vide, prend ses propres délires pour des lyres de son époque, lui la splendide incarnation du toc égarée dans son infinie sottise.
Et, tel un poète du chaos, un chantre du néant, un messie du vide, prend ses propres délires pour des lyres de son époque, lui la splendide incarnation du toc égarée dans son infinie sottise.
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