Le dégel agit en moi comme un feu de feuilles vives, éveille des rêves de
betteraves à sucre et de patates douces, déclenche dans ma tête des germes de
pensées humides.
Et arrose les sous-bois de gerbes de pluies insensées.
Je patauge dans la joie fraîche et le froid flasque des jours d’averses et
d’abondance.
Je m’enfonce dans les flaques molles où le Soleil s’allie à la boue pour
faire briller mes chaussures.
Mes chaussettes trempées sont lourdes de promesses fertiles et d’espoirs
aqueux.
Mon manteau imbibé d’eau fait trembler mes os.
Mon chapeau gorgé de nuages allège ma cervelle faite de chair et
d’esprit.
Et je regarde le ciel qui pisse de froid sur les clochers.
Je nage dans un bonheur visqueux, riche de flotte féconde et de fêtes de
fruits juteux !
Et, tandis que je m’embourbe massivement dans le mois de mars, de la
confiture de terre plein les bottes et de l’azur jusqu’au cou, la lumière
d’Hélios tombe avec légèreté sur les champs d’asperges.
VOIR LA VIDEO :
https://youtu.be/LLXlmgqlcgU
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