Quelle belle fille j’ai vu en ville !
Une vraie blonde aux longs cheveux, aussi blanche qu’une endive du nord avec des taches de rousseur en bas du cou, deux hautes qualités nichées dans le corsage et une taille parfaite.
C’est elle dont je rêve dans mes cauchemars caramélisés.
Elle a un visage encore mieux que le mien, pas de chien dans les pattes et beaucoup d’avenir de la tête aux pieds. J’ai oublié de préciser qu’elle a une voix de rossignol et des orteils aussi fins que possible.
Je veux la conquérir même si ce n’est pas gagné car j’ai bien des défauts à ses yeux...
Je n’ai pas la moustache qu’il faut, les tuiles de ma maison sont percées et mes pantalons aussi : chez moi c’est la fuite généralisée. J’ajoute que je porte des vestes démodées. Et que je suis également toujours mal rasé : même si ça fait viril, ça ne fait pas sérieux !
Elle n’est pas moche du tout mais moi je n’ai que des fleurs dans mes poches. En plus quand je la vois je prends peur et je cours aussi vite que le vent mais tombe (de fatigue) plus promptement que la pluie. Voilà le problème.
Comment charmer cette beauté sans faille si je n’ai ni or ni liqueur à lui offrir ? Juste de la paille, des papillons ou des bleuets, et encore seulement si c’est la saison... Quel ennui !
Pourtant mon coeur est en flamme, mon champignon en feu et mes nouilles du midi, si je les posais froides sur mes abdominaux, pourraient même faire fondre le fromage tellement j’ai chaud de partout dès que je pense à cet oiseau tout en poils et dentelles.
Je crois bien que c’est une russe.
Elle roule les R comme une reine des steppes, tape fort sa semelle en marchant sur les cailloux et ses jambes bénéficient de fémurs robustes...
On dirait vraiment la soeur d'un cosaque !
Je n’ai rien pour moi, seulement cette braise qui me ronge, me fait me carapater devant son ombre et en même temps me donne des ailes.
Comment vais-je séduire cette féline à tétines épaisses, moi le matou sans autre atout ?
Je crois avoir une idée : je vais lui faire croire que je possède un éléphant, la souris en sera impressionnée.
Et quand elle s’apercevra que n’ai qu’une âme d’enfant au lieu de ce pachyderme, j’ouvrirai alors l’énorme barquette où loge ma plume. Sous son nez retroussé je sortirai l’hôte enjoué que je manierai telle une trompette, rien que pour la faire danser de joie.
Là, elle sera mienne je crois.
Cet espoir aussi fou que mince me tient en éveil et me fait brûler d’amour.
Et bientôt, c’est à dire demain, ou ce soir, ou cette nuit, ou dans mes prochains rêves, j’embrasserai sur les lèvres ce mirage, cette chair imaginée, ce songe inhumain, surréaliste venu du fond de la Taîga et qu’emporteront peut-être loin de moi et à jamais les premières neiges de ce décembre de solitude, lorsque je trouverai le courage de rouvrir les yeux sur mon sort de misère et ma vie déserte...
VOIR LA VIDEO :
https://youtu.be/05CNVNbzHHw
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