(Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy)
Ses ailes sont des flammes et ses pensées volent dans l'azur. Sa face pure
reflète le ciel et sa lyre brille comme un feu stellaire.
Depuis son sommet d'éther, l'ange se penche vers les humains de la Terre et
ne voit que les lourdeurs et viles passions qui les retiennent si bas. Il s'en
désole et s'en amuse en même temps. Il sait que la tempête de son passage leur
fera bientôt lever les yeux plus haut que le toit où sont fixées leurs satanées
antennes paraboliques. Ces lourdauds à la vue épaisse plongés dans leur univers
virtuel sont loin d'imaginer ce qui les attend... Mais il est l'heure de
répandre la braise céleste sur cette vaste étable de bovidés obèses !
Malicieux, il souffle toute son intelligence sur leur royaume de petitesses
: au son de ses cordes et avec ses mots inspirés, il répand soudainement l'air
de la poésie sur leur monde prosaïque, chassant les brumes et les ombres de leur
quotidien d'engraissés repus.
Il chante sans fausse note les beautés de la Création, déverse des étoiles
sur leur fange, ajoute des étincelles à leurs rêves ternes, apporte de la
légèreté à leurs semelles lestées de lard. Et ce, afin de faire triompher en eux
la lumière de l'esprit à la place des pâles clartés de leurs écrans étriqués.
Sa voix qui descend jusqu'à leurs oreilles de cochons débouche leurs âmes
encrassées !
Ce chant miraculeux sortant de ses lèvres suprêmes les réveille enfin de
leur torpeur : c'est tout simplement la musique du vent d'automne dans les
feuilles. La ville s'est éteinte suite à une panne électrique.
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