J'ai mal à ma tomate.
Depuis que j'ai la tête sur les épaules, rien ne va plus dans les potagers.
Mon coeur est au bord du vide. J'ai le souvenir doux des solanacées gorgées de jus, sucrées comme des soleils, avec un vrai goût de rouge, pareilles à des coquelicots pleins de pulpe.
Aujourd'hui la reine écarlate des jardins est devenue une petite balle proprette, bien calibrée, insipide et caoutchouteuse.
Oui, quand j'y pense, j'ai un mal de tomate de chien !
Et je me mets à rêver des sillons de nos aïeux, véritables cornes d'abondances où la fleur était gratuite et le fruit généreux...
En ces temps bénis, l'or de la terre se ramassait à la pelle.
Et surtout, à la main.
Et ce miel était meilleur.
Même l'ortie était un baiser.
Ma tomate d'antan me manque, et je me désole de sa disparition.
Que me reste-t-il dans mon assiette sèche et austère ? Des images d'une enfance juteuse, riche, savoureuse.
Et je noie mes regrets comme je peux, tentant d'oublier ce paradis perdu à travers quelques rondelles consolatrices d'un immuable oignon.
VOIR LA VIDEO :
https://youtu.be/alfyZWkiLQc
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