Textes d'après un tableau du peintre Aldéhy
Elle a beau poser sur ma couronne de loup son oeil de lionne, je ne lèverai
pas plus le regard vers sa face facile. Elle est un soleil brûlant, je suis une
pierre gelée. Elle est dorée comme une gerbe de blé qui rayonne, je suis aussi
hivernal qu'un ogre solitaire dans sa retraite polaire.
Cet astre félin est trop tendre pour mes crocs de carnassier. Certes il
brille dans le ciel de ce siècle et éblouit les âmes légères qui convoitent les
sommets les plus flatteurs... Mais moi je préfère les brunes à cet agrume.
La brume et la Lune siéent mieux à mon coeur endurci que cette flamme
d'or.
Elle est une dune, un sable chaud, une vague de feu, je suis un pic de
glace.
Ses rivales à la peau mate et à la crinière crépusculaire m'agréent
davantage que ses clartés de papillon.
Les déesses foncées ont plus de pigments et de piment. Leur éclat ténébreux
est pareil à un charbon dans la neige. Les ombres et lumières de ces joyaux
sombres sont plus contrastées.
Cette femme, trop claire à mes yeux, est surtout une image en vogue. Elle
est une braise il est vrai, mais moi je ne me chauffe qu'aux tranchantes
ardeurs.
Le visage flamboyant de cette fleur blanche est pour moi une tiédeur. Elle
plaira, je le sais, aux amateurs de perles passagères. Mais cette chose
précieuse qui bat si fort dans ma poitrine de sauvage dédaigne la banale beauté,
fût-elle aussi resplendissante.
Je demeure insensible à ces blondes incendiaires aux sourires enjôleurs qui
ressemblent à des magnolias. Ce qui me fait rêver, ce sont plutôt les vertes
pommes, dures ronces et rudes châtaignes !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire