Raphaël Zacharie de IZARRA, expliquez-nous la folie littéraire que vous nourrissez à l’égard de cette femme morte depuis presque dix ans, je veux parler bien évidemment de Farrah Fawcett...
Vous parlez en terme de "folie"... Faire fleurir, chanter, réfléchir les lettres est un doux vertige, quoi qu’il en soit, pour qui a la prétention de produire de la flamme avec des mots de roc et de la lumière avec des astres éteints. Un sujet en or tel que Farrah Fawcett ne pouvait échapper à mes feux d’esthète... Je puise une intarissable inspiration en cette étoile émanant tant de beauté. A chaque siècle sa muse. Qui depuis l’éther réclame une oeuvre ! Et son génie pour l’accomplir... Moi l'immensité, moi l'océan, j’ai trouvé l’égérie de mon ciel, l'oiseau de mon envergure. Bref, on dira donc que j’incarne ce géant pour cent ans.
Raphaël Zacharie de IZARRA, quelle prétention dites-moi ! Vous prendriez-vous pour le Hugo de la cause fawcettienne ?
Et pourquoi pas ? Je ne crains nullement les jugements et sarcasmes du monde car je me sens enfant d’un pur olympe fait d’ondes vives et d’éclairs corrosifs, de jours sans fin et d’horizons solaires, me sais aigle au plumage étincelant d’encre, trempé de promesses. Je brûle, j’agis, je vole, je flamboie. Mon aile bat, elle pénètre l’azur et produit ses fruits. Je peux monter ainsi fort loin et rendre les éclats de mes sommets. Depuis les nuages je brille. Perché sur la Lune, je donne des joyaux. Encore plus haut, je répands rêves éveillés et autres impalpables vérités d’ordre supérieur.
Quelle lyrisme ! Quelle assurance également ! Vous êtes certain d’avoir la carrure d’un titan de la littérature Raphaël Zacharie de IZARRA ?
Titan peut-être pas, montagne assurément ! Attention, je n'ai pas dit volcan... Je crache surtout du bleu, pas que des ardeurs de silex. C'est dans les légèretés de l'esprit que se dévoile pleinement et s'affiche magistralement ma grandeur. Mes vues, voyez-vous, sont avant tout aériennes. Je ne suis pas fait pour l'humilité des petites choses mais pour la joie royale des vastes héritages. Et ici, je désigne le Cosmos.
Vous gonflez de gloire, rayonnez de certitudes, explosez de grandiloquence... Où s’arrêtera donc votre expansion ?
Vous pensez peut-être que je délire... Je vais déjà offrir cent textes à l’éternité, ensuite j’aviserai. Il y a de toute façon assez de place dans l’Univers pour y caser un soleil supplémentaire. En cela je porte adéquatement mon nom, "IZARRA" signifiant "étoile". Un blason sur-mesure pour un destin démesuré.
Quelle modestie, dites-moi ! Il faut reconnaître cependant que votre verbe n'a rien de vain, notamment à l'endroit de la belle défunte. Vous savez toucher les âmes "en plein coeur", si je puis dire... Et l'air de rien, vous diffusez aussi dans les têtes les fumées de votre plume lourde de sens.
Je sème en effet chez les êtres le sel et le ciel, la mer et l'écume. Des formes d'essentiel, en somme. C'est pour cette raison que je récolte l'amer et l'amène : tantôt le fiel, tantôt le miel. Pour les uns le vrai, le beau, le grand ne seront que vinaigre, pour les autres sources d'ivresse. Je ne leur sers que la crème de la vie, après ils sont libres d'en faire ou du beurre ou de la peur.
Vous effrayez souvent vos lecteurs, ce n'est pas faux, avec votre éloquence comme des coups de tonnerre... Vous réveillez les gens en plein sommeil et on vous prend parfois pour un illuminé.
La neige la plus blanche fera toujours fuir les frileux. Et la braise de l'orage inquiétera de la même façon les poltrons. Pourtant il ne s'agit là que de banals aspects du réel. Ce n'est pas l'authentique, le sain, le simple qui doit les faire trembler, vomir, hurler, mais le mensonge, le laid, l'artifice.
Tout de même... Pourquoi autant de bruit, de fleurs et de fureur pour cette blonde tige que bien des hommes de goût considèrent comme commune brindille ?
Parce que cette plante de passage sur Terre prit racine sur Vénus.
Et cela suffit à électriser votre pensée centrale, visiblement... Pour conclure, que préférez-vous chez Farrah Fawcett ?
Rien.
Alors que cherchez-vous en elle ?
Tout.
Tout.