Il m'arrive parfois de passer des nuits blanches sous le ciel noir de ma
réclusion.
Au lieu de partir dans la légèreté des rêves, je reste cloué au sol jusqu'à
l'aube, alourdi par mes idées sombres. La lumière de ma cellule ne s'éteignant
jamais, cela ne m'aide guère à fermer l'oeil pour mieux ouvrir mon âme aux doux
mirages oniriques.
Etendu sur mon lit, je garde les yeux ouverts en fixant le vide du plafond.
Et à travers cette surface éclairée qui se reflète en même temps sur mon visage,
je vois des choses effroyables, j'entends des sentences terribles, je lis des
mots de glace.
Toute la misère de ma culpabilité, le poids de mes agissements, les
conséquences de mes choix.
Ce sont alors des heures de cauchemars éveillés, passées à ruminer sur ces
murs qui m'entourent et que j'ai érigés moi-même. Sur cette tombe carcérale que
par mes actes j'ai creusée. Sur ce néant où par ma faute j'ai atterri... Je
m'enfonce alors plus bas que terre dans les profondeurs de mon trouble, sans
pouvoir m'apaiser.
Qui donc au coeur de ma solitude, au fond de mon gouffre, dans l'enfer du
silence viendra me soutenir ? Seule la caméra de surveillance, avec son regard
déshumanisé, est témoin de ma détresse. Il n'y a nulle présence pour s'émouvoir
de ma peine dans ces instants de faiblesse où je perds pied. Et je chute
vertigineusement. J'aborde un monde de ténèbres où je me retrouve en compagnie
de ma propre personne, et je fais face à une ombre qui porte mon nom... Et c'est
la pire des réalités que de se découvrir dans toute la crudité de la
vérité.
Mon insomnie infernale demeure secrète. Je souffre sans espoir d'être
consolé. Et j'attends que tout finisse.
Après tant de pesanteur et de déprime vient l'aurore qui peu à peu efface
mes tourments nocturnes.
Plus tard le matin, au moment de se lever, je m'endors enfin d'un sommeil
réparateur.
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