J’incarne la mélancolie des endives.
Lorsque je pense à ce légume issu des terres du Nord, je suis envahi par la nostalgie. Le spleen me submerge à l’évocation de cette plante qui a la saveur exacte de ma prime existence passée en Picardie.
La perle opaline des jardins de mon enfance brille dans mon âme comme un éclat de bonheur dans un ciel idéalisé.
Certes plus pâle que le croquant cornichon (court et biscornu ainsi qu’une piètre cacahuète), moins élégante que la nonchalante laitue (avec ses grands airs dans sa robe vaniteuse de diva) mais aussi glorieuse que la phallique et turgescente carotte, l’hôte des sols d’hiver n’a point à rougir de sa blancheur !
A la fois longiligne et dodu, invisible et secret sous l’hortillon, mal connu, voire mal aimé avec son allure faussement timide, le chicon forme le sommet de mes souvenirs de jeunesse.
Gorgées des brumes du pays de Somme, teintées de la craie de ses chemins, fraîches, amères et vives, brillantes telles des larmes d’anges gelées, les héroïnes de la région Hauts-de-France sont de parfaites, rigides, froides beautés.
Loin de ces cultures potagères chères à mon coeur, je rêve et pleure la nuit sous le firmament. Lorsque au-dessus de ma maison passent des étoiles filantes, béat d’admiration je me figure alors que ce sont les endives de mes vertes années qui me font signe là-haut...
J’imagine qu’elles voyagent dans l’immensité spatiale, légères, fulgurantes, en quête d’éternité, fusant dans l’infini toutes feuilles déployées !
A l’aube, une fois ces lueurs célestes envolées, évanouies dans le mystère du Cosmos, je repense avec langueur aux éblouissantes productions horticoles qui ont illuminé mon âge tendre.
VOIR LA VIDEO :
https://youtu.be/VVAPPSnVaFc
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