Du fond de mon exil de friche et de verdure, qu'ai-je besoin d'évasion
extérieure ?
Mon aventure sylvestre, aussi statique qu'elle paraisse, est un chemin
perpétuel à travers les cycles de la nature, eux-mêmes générateurs de
nouveautés, d'imprévus, de surprises uniques.
Chaque jour est un rêve renouvelé.
A l'intérieur de cette odyssée immobile, du matin jusqu'au crépuscule je
vais de sommets en racines, d'horizons en mares, d'azur en buissons. Le simple
fait de m'étendre sous un arbre, c'est entreprendre un voyage vertical.
Là, sans quitter le sol où je me repose, attentif aux moindres réalités qui
m'entourent, je pars en direction d'un firmament de feuilles et de branches où
mon regard se perd. Je suis allongé sous une immensité à portée de main.
Et c'est comme si j'observais une galaxie, sauf qu'elle se trouve toute
proche de moi. Face à cette silhouette de bois désignant les nues,
l'émerveillement est quasiment le même.
Je ne perçois pas seulement le feuillus selon ses apparences immédiates,
mais je le considère également à l'échelle moléculaire, avec ses fins rouages
cellulaires et subtils échanges chimiques... Et c'est souvent à ce moment précis
où le vent du lyrisme m'emporte loin dans de vertigineuses hauteurs
spirituelles, poétiques ou philosophiques, que je reçois soudainement une fiente
d'oiseau dans l'oeil ou bien un oeuf pourri sur la tête !
Quel réveil !
La Création a ses petites facéties qui tranchent tout en férocité et
légèreté avec la gravité de ses lois. Ses farces sont la preuve que la Beauté ne
manque pas d'humour.
Et c'est sous la merde d'un volatile ou dans la puanteur d'un ovule putride
que se termine mon excursion vers les étoiles, un peu avant l'heure du repas du
soir. Plus tard devant l'âtre je m'étonnerai encore de ces chutes ironiques
d'ordures sur mon front.
J'ai fait ce trajet fantastique qui part de la pointe de l'Univers, s'attarde un peu dans les espaces éthérés de la pureté désincarnée pour arriver au pied de l'éclaboussante dérision.
Une vadrouille cosmico-forestière pleine d'humilité !
Désormais je joindrai les brouillons de mes textes afin d'agrémenter mon blog. Mais ces papiers noircis ne sont pas systématiques : uniquement lorsque je rédige mes oeuvres loin de chez moi, en pleine nature la plupart du temps. Les plus curieux d'entre vous pourront consulter la totalité de mes manuscrits archivés ici : https://lune7.blogspot.com/
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