Les chemins autour de ma demeure sont balisés par des souches, des buissons, des pierres et des terriers divers.
Ces repaires du quotidien constituent de fortes assises qui me permettent de progresser sans perdre de vue les racines de mon bonheur simple d'ermite.
Ces sentiers ne sauraient se prolonger pour moi au-delà des bornes de la forêt. Je n'en verrais nul intérêt. Dès lors mes voyages deviennent nécessairement verticaux. Allonger le pas à partir du seuil de ma porte pour arriver au pied des arbres, c'est m'engager dans une aventure à portée de vue, entreprendre une démarche à échelle de mon humanité, m'envoler à la conquête d'un monde situé à la hauteur de mon chapeau, découvrir une nouvelle journée à travers mon regard certes modeste mais plein d'acuité.
Parcourir les recoins de mon éden Sylvestre revient à faire le tour de la Terre car mon univers de verdure représente le cosmos en miniature et la Création produit les mêmes miracles partout.
Cet espace délimité où je suis reclus me mène aussi loin que n'importe quel avion ou fusée, puisqu'à l'autre bout de la planète ou sur la Lune, je me trouverai face au mystère. L'émerveillement ne changera pas.
Ici ou ailleurs le ciel apparaîtra toujours aussi vaste, la lumière brillera aussi divinement et les mots pour le dire ne seront pas plus grands.
Tout est si riche et abondant sous mes yeux que de toute façon je n'aurais pas assez d'une vie pour percevoir chaque éclat que compte mon paradis de friche. Ici, je respire l'air de mes habitudes et chemine avec mes sabots : je retombe tous les soirs devant ma cheminée comme un rituel établi rempli de sens. Pas de place ni pour l'erreur de parcours ni pour les routes de traverse.
Je file droit vers l'essentiel : les clartés de l'azur, les flammes de mon foyer, le contenu de ma marmite. Mes sommets se résument aux proches réalités de ma routine. Et mes ivresses commencent lorsque sous ces humbles choses et anodines apparences, je sens que des profondeurs se cachent et me dépassent.
Désormais je joindrai les brouillons de mes textes afin d'agrémenter mon blog. Mais ces papiers noircis ne sont pas systématiques : uniquement lorsque je rédige mes oeuvres loin de chez moi, en pleine nature la plupart du temps. Les plus curieux d'entre vous pourront consulter la totalité de mes manuscrits archivés ici : https://lune7.blogspot.com/
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