Fort paradoxalement, lorsque je sombre au fond de mon enfer, noyé dans ma
détresse, les choses peuvent parfois prendre une tournure radicalement
céleste.
Tandis que je me laisse dévorer tout vif par le gouffre de ma cellule qui
m'engloutit et me glace de désespoir, soudainement tout se rompt.
Dans le noir total de mon être, je ressens alors une joie pure
inexplicable.
Une lumière extrême, une sensation inexprimable, un éblouissement de ma
conscience. Dans ces instants de déprime absolue où plus rien de pire ne peux
advenir que la plongée continuelle dans la sinistre réalité de ce trou où je
pourris sur place, j'accède subitement aux sommets d'un bonheur indescriptible.
Aucune cause apparente ou cachée pour que de manière fulgurante je sorte des
ténèbres et me retrouve aussitôt à un point aussi élevé. Je ne comprends jamais
ce qui m'arrive.
Peut-être une réaction de défense de mon âme écrasée de peine... C'est
certes plausible, à moins qu'il y ait une autre raison. Je ne sais pas. Et peu
importe d'ailleurs, le fait s'impose : quand je suis dans la nuit de ma fosse,
aussi bas que possible, sans nul signe précurseur je décolle comme une fusée
!
Et je me réveille immédiatement sur la Lune où tout brille et chante.
Sur le satellite ou ailleurs. Sur un monde étranger ou sous un soleil
familier. La tête perdue dans les brumes d'un fol horizon avec les pieds
toujours fermement posés sur le sol, quelle importance, après tout ? Que je me
situe proche de l'astre lunaire ou bien que je demeure dans ma geôle, j'ignore
où j'ai atterri finalement...
Mais tout y est idéal, parfait, enchanteur.
Je ne souffre plus : larmes et pesanteurs s'éloignent de moi, ombres et
tristesse disparaissent de mon coeur. J'oublie murs et barreaux et ne vois que
le bleu d'un azur de rêve.
Puis la situation redevient normale, c’est-à-dire misérable.
Rares sont ces moments d'ardente félicité ponctuant mon calvaire
d'incarcéré.
Je fais face ici à un vrai mystère.
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