Je n'ai pas de liberté sous mes pieds, pas de ciel au-dessus de ma tête,
pas de femme à mes côtés. Mais j'ai des barreaux pour unique horizon et tout
l'espace de ma cellule pour m'y plaire comme dans un gouffre. Il y a encore ces
infranchissables ombres de ciment armé pour me tenir compagnie et il ne me reste
plus qu'à leur parler pour que je me sente beaucoup plus proche de la solitude,
aussi peu à l'aise que possible, davantage condamné.
Je désire tant la proximité d'une compagne de chair, d'une âme joyeuse,
d'une chaleur féminine... Une étoile voisine avec qui faire deux. Mais il fait
trop sombre ici, bien que les lumières soient allumées jour et nuit, et mon rêve
de loup en cage se brise dans le noir. Il n'y a finalement que les quatre
fidèles et immuables remparts de béton dressés autour de moi avec qui
m'entretenir follement de flots et de flammes.
Je raconte ma misère à ces austères présences qui daignent m'entendre et
qui me répondent même de leur auguste indifférence... Je me confie au plafond,
au sol et à la porte de mon cloître de fer. Ces sinistres natures ont
l'éloquence du néant. Elles me laissent sans voix, tandis qu'elles demeurent de
marbre.
Ma raison chancelle, mes pensées s'égarent, mon coeur s'emballe... Je perds
les pédales.
Je mets le feu à la glace qui m'accable. J'adresse des mots d'amour aux
murs et les morts les reçoivent. Ou plutôt, j'émets des mots d'amour vers les
morts et seuls les murs les comprennent. En réalité, je ne sais plus... Ils n'y
a plus ni sens ni certitude. Juste l'écran de la démence où sont projetées mes
illusions.
Quelques étincelles apparaissent alors dans les ténèbres. Et je crois voir
des interlocuteurs. Ces aimables personnes qui m'envoient ainsi à la figure
leurs meilleurs sentiments sont les barrières de métal à ma fenêtre, les
fermetures d'acier et autres blocs de maçonnerie dont est faite ma geôle. Leurs
paroles me touchent et me tuent.
Ce sont des êtres francs, droits, durs. Des amis de toujours. D'une
rigidité absolue sur les principes de base, incapables de me trahir, ils
écoutent mes maux infinis.
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