Ils entrent en scène à pas d'équidés, armés de leurs trousseaux de clés.
Avec leur air tantôt impassible, tantôt maussade, ils arborent en toute
occasion des allures équestres.
La marche lugubre des matons dans les couloirs de la prison ne manquent
cependant pas de prestance.
Tels des cerbères un tantinet guindés, ils investissent l'espace carcéral
de leur présence de fer, le regard imperturbable, le verbe tranchant, le geste
sûr.
Chevaliers de l'ordre établi, ils ont pour mission de garder les brebis
galeuses dans leur clos aux barreaux d'acier. Leur office moral le plus crucial
consiste à veiller à ce que les détenus demeurent dociles et, accessoirement, à
ce qu'ils deviennent honnêtes.
Nobles et sinistres à la fois, vêtus de leur uniforme à la couleur unique
d'un sombre azur, ils apportent avec eux la grisaille des matins de plomb et le
crépuscule des journées d'amertume.
Leur rôle est d'empêcher le Soleil de la rue d'entrer impunément dans les
cellules. Mais également de laisser le vent de la contestation souffler dans
les âmes vicieuses et rebelles.
Pour ce qui est des idées de liberté, chaque prisonnier, qu'il soit bon ou
qu'il soit mauvais, fait comme il veut sur ce point. Cela ne regarde nullement
les agents. Ces derniers se moquent d'ailleurs parfaitement de savoir quel
condamné s'érige en innocent et quel autre coupable se prétend blanc comme
neige... L'essentiel est qu'ils détiennent le pouvoir d'ouvrir et de fermer en
toute légitimité les portes de ces rêveurs ou de ces menteurs. Et non de lire
dans la caboche de leurs hôtes aux pensées tordues.
Ils sont les maîtres de toutes ces ombres incarcérées dont ils ont la
charge. Austères et impérieux, ils évoluent dans leur théâtre sévère, conscients
de l’importance de leur tâche.
Ils vont et viennent en faisant claquer leurs semelles, passent et
repassent de geôle en geôle, droits dans leurs bottes, bien décidés à tenir en
échec les mauvaises volontés de l'engeance coffrée.
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