Ma cellule est ma tombe et mon toit, mon enfer et mon foyer, mon châtiment
et mon refuge, mon naufrage et mon salut.
Je loge dans cet unique espace réduit faisant office de cuisine, de
toilettes, de salon, de chambre tout à la fois : les destinations finales de mon
sort statique. Mais aussi de lieu mortuaire. Cette pièce où je tourne en rond,
mange, dors et rêve équivaut à une salle d'exécution : je vais à la potence à
petit pas, jour après jour, lentement mais sûrement, sans dévier de ma route.
Exactement comme dans la vie du dehors d'ailleurs, où l'homme libre part de la
naissance pour arriver à la mort en marchant. Sauf qu'ici je reste en
plan.
Le mortel sous le ciel de la liberté vit pleinement, tandis que moi, dans
ma geôle, je meurs tout simplement à feu doux. Le temps constitue mon principal
problème. Soit je compte les heures qui passent et ironiquement elles se mettent
aussitôt à ralentir, soit elles s'éternisent dès que l'aube que lève et en ce
cas je préfère encore mieux les oublier... Pour les voir revenir à l'instant
même où je pensais les avoir perdues de vue...
Mais quoi que je fasse, je ne cesse de me prendre les pieds dans le cadran
horaire qui douze fois de suite au quotidien tente de me faire tomber.
Impossible d'échapper à cette ombre que je traîne tel un véritable fardeau. Les
semaines, mois et années représentent pour moi non pas une accumulation de
pleins mais un décompte de creux.
Enfermé dans ma prison, je ne m'enrichis nullement de mon expérience
terrestre, je calcule ma peine.
Même si par moments par mon esprit je vole et plane de différentes façons
au sein de ma réclusion, voyage et fuse vers d'informels infinis, mes semelles
de plomb demeurent résolument collées à ce sol de béton qui est devenu ma
maison. Que je le veuille ou non, je suis ici chez moi pour toujours, j'y
séjournerai jusqu'à la fin de mon existence, sans aucune possibilité de quitter
ces barreaux d'acier qui me retiennent dans ma cage.
Je maudis mon logis, mais j'y suis entré pour y mourir.
Je m'enracine dans ce caveau et ne m'en évaderai jamais.
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