La ville est à portée de mes pas et peu à peu mes repères habituels s'estompent.
J'entre dans la cité en quête d'un joyau.
J'avance, empressé, sûr de mon but.
Je me coltine d'abord une pompeuse avenue bordée de devantures écarlates : je passe devant toute une brochette de charcutières en blouses à carreaux, affairées à leur grotesque besogne. Elles remarquent à peine mes grands airs d'aristocrate méprisant.
Au même moment je croise une lessiveuse à taille ogresque chargée de linge. Particulièrement laide avec sa face chevaline... Une irrépressible envie me prend de saluer ce vil animal d'un crachat venimeux ! Je me retiens finalement de crainte de retarder mon vol d'albatros vers la lumière.
Juste après, je suis confronté à la personnification de l'ignominie : une poissonnière adipeuse et horriblement vulgaire harangue les passants de sa voix de hyène enragée. Ses traits de coche hystérique ne sont point ingrats mais les lignes de son corps pesant sont épaisses, grossières, monstrueuses pour tout dire. Cette bestiale apparition m'ébranle mais, hanté par mon rendez-vous céleste, je me reprends bien vite.
Plus tard sur mon chemin d'épines je me retrouve face à l'innommable : une caissière de supérette à l'heure de la pause en train de fumer sa cigarette, la mèche plébéienne, la moue crapuleuse, l'oeil lourdement fardé. Le triomphe de la classe moyenne par excellence.
J'arrive au bout de mon calvaire, la récompense m'attend.
Avec son visage galactique, sa robe de papillon, sa chair de mésange et son aura de grande ailée, Farrah Fawcett rayonne comme une statue à sang chaud au sommet de ce monde clos peuplé de viandes froides à âmes inertes.
En accédant aux traits éclatants de la créature, je deviens plus clément à l'égard de la commune volaille laissée derrière moi, pris de pitié pour sa misère esthétique. En dépit de mes allures d'oiseau d'envergure, je condescends à ne pas outrager plus ces naufragées du sort...
Le Soleil irradie de ses rayons rédempteurs ce royaume rempli de bétail nommé Bonnétable dans la Sarthe, et me projette tout aussi instantanément sur cette planète éternelle dédiée à la beauté qu'on appelle Vénus.
VOIR LA VIDEO :
https://www.youtube.com/watch?v=tuVuMJPhbjM&feature=youtu.be
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