Il estime n’appartenir à aucune race, bien qu’il soit caucasien.
A ses yeux la surface de sa carcasse est parfaitement incolore et celle des autres a la seule couleur autorisée : neutre.
C’est à dire verte.
Verte comme l’air du temps, verte comme l’herbe d’antan, verte comme les salades idéologiques de ce siècle : l’antiraciste est écolo.
Il veut à tout prix préserver la verdure et décolorer l’humanité, ne pas décolérer sur la nature en danger et ouvertement glorifier les hommes colorés...
Tout en faisant comme si les Noirs étaient transparents quand même.
Décidément, cet idéaliste est un bipède bien complexe...
La blancheur l’effraie, le fait vomir, le culpabilise.
Son gros souci à lui, c’est l’eau.
Le savon. La toilette. Le lavage de peau...
Les symboles sont trop forts, ça le perturbe.
Il se torture l’esprit sur des questions essentielles : en tant qu’antiségrégationniste, peut-il raisonnablement ôter la crasse de son épiderme sans offenser une certaine catégorie de la population allergique aux allusions racistes, même involontaires ? Faire usage de savon, n’est-ce pas également rappeler les atrocités commises par les nazis ? Vouloir se blanchir la couenne dans un but hygiénique, n’est-ce pas une insulte indirecte envers les minorités-majoritaires riches d’une pigmentation originelle incompatible avec la pâleur de sa face d’oppresseur-né ?
Notre justicier préfère puer plutôt que de prendre le risque d’outrager son frère Africain.
D’ailleurs il pue vraiment. Le fou de l'égalité raciale, pas le Nègre...
Bon c’est vrai qu’il est propre et bronzé l’été sur la plage... Mais l’hiver il schlingue.
Foncé et rincé en juillet, malodorant mais décemment bruni en décembre. Ainsi toute l’année, il n’est jamais vraiment blanc. Rien de tels que le soleil estival et la négligence hivernale pour cacher sa blanchitude en toutes saisons !
Tout cela est bien tordu me direz-vous... En effet, c’est très à gauche, très délirant, très schizophrénique...
Ainsi en va-t-il de la vie de l’adepte de l'apparence uniformisée : il a d’énormes problèmes avec les colorants naturels. Surtout celui de la farine. C’est un daltonien névrotique qui ne supporte pas l’éclat de son propre reflet dans le miroir.
Mais qui vénère immodérément les mineurs de fond aux faces noircies de charbon. Et, accessoirement, les natifs d’Afrique noire...
Bref, les simples idées de clarté, de pureté sont pour lui des concepts immondes. Et même “nauséabonds” comme il aime à le répéter, toujours "nauséabonds"...
Comme s’il avait oublié que lui, on l’a vu, au propre par contre et non au figuré, ne sentait pas bon du tout.
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