Dans mon exil sylvestre, j'emprunte tous les chemins, traverse les vives
saisons comme les heures creuses sans jamais dévier ni de mes pas ni de mes
pensées.
A l'ombre de mon chapeau et sous le soleil de ma joie, je parcours des
friches et des merveilles, franchis plein d'obstacles, dépasse mille épreuves...
Il m'arrive certes de frémir, de ralentir, de ployer et de souffrir. De
froid, de chaud, de fatigue ou d'ennui. Mais sous le feu qui m'anime, les heurts
et peines ne sont finalement que des broutilles. Et très vite l'épine, la
langueur et la douleur deviennent des aiguillons qui me sortent de tous les
trous !
Loin des mirages de la ville, je conçois bien des rêves tout en plongeant
le regard dans les nuages. Même si, par ailleurs, j'enfonce allègrement mes
sabots dans la boue. Avec ma solitude pour tout horizon et la flamme de mon
foyer pour unique réconfort, je fais le tour de mon monde aussi vaste qu'un
cloître.
Les sommets sont ma seule direction.
Je vogue paisiblement à travers les jours, accomplissant mes actes
quotidiens au rythme de la vie naturelle, sans artifice, et progresse dans mes
hauteurs. Le temps passe et les principes demeurent. Je marche tantôt sous la
pluie, tantôt dans la poussière, accompagne le vent, porte mes fardeaux et me
repose devant l'âtre.
Avec toute la légèreté de mon âme pour donner à ces choses un sens
vertical.
Au fond de la forêt, sous la fraîcheur des arbres, hors des normes de la
civilisation, je poursuis humblement mon voyage dans la simplicité, le silence
et la lumière.
Au lieu de bêtement se résumer à un vulgaire loisir pour citadins en mal de verdure,
mon aventure est un jalon pour les autres sangliers de mon espèce, un minuscule
caillou de beauté rustique laissé sur terre, un germe d'infini semé sous
l'immensité du ciel.
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