Parfois j'observe les papillons au bord de la rivière.
Eux les pétales de l'azur, moi le balourd des prés. Eux les bourgeons du ciel, moi le "saboteux" des herbes. Eux les joyaux volants, moi le crotteux
des chemins.
Ensemble nous évoluons cependant non loin de l'onde dans la même nature, sous les semblables nues, sous les lois identiques des réalités physiques. Eux en délicatesse et quasi apesanteur, moi tout en semelles d'ogre et rusticité.
Avec leurs ailes d'anges miniatures et avec ma carcasse de bête des bois,
nous formons les extrêmes diversités de la Création.
Chaque partie complète le monde à sa façon : eux dans les airs, de fleurs
en fleurs, moi sur le plancher des vaches, d'humus en cailloux.
Ces insectes et moi symbolisons chacun de notre côté le poids variable des existences : ils représentent la
légèreté de la vie, tandis que je personnifie la durabilité des jours lourdement incarnés.
Ils virevoltent, insouciants et éphémères, pendant que je traverse le siècle sur un trajet de pierres, conscient de mes pas de géant et de mon but supérieur.
Ils tournoient dans leur espace aérien limité à une portion de la forêt, alors que je vise bien au-delà, déjà parvenu à certains sommets et avide de dépasser tous les horizons qui m'entourent...
Eux voyagent dans leur hauteur terrestre aussi proches que possible des nuages certes, mais en rasant le sol tout de même, tout éthérés qu'ils paraissent.
Moi, avec mes rêves de solitaire des cavernes, de coureur des fourrés, de vagabond de la friche, je suis déjà dans le firmament.
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