Après un copieux repas, rassasié de patates et de pommes cuites, j'allai m'étendre au pied d'un jeune chêne non loin de ma demeure. Avec mes lourds sabots, mon vieux chapeau et mon manteau de pèlerin, je devais ressembler à un voyageur fatigué en quête de repos...
Je suis surtout un oiseau sédentaire engagé dans une aventure statique, emporté par les jours qui passent, planant haut dans son ciel de solitude. A l'ombre d'un simple tronc je peux parcourir des distances prodigieuses ou bien m'attarder plus près du sol, rien qu'en fixant soit la nue à travers les branches, soit les feuilles juste au-dessus de moi. J'explore ainsi les sommets du monde, comme ses platitudes, sans bouger de place, attentif aux petites choses qui m'entourent autant qu'aux réalités lointaines.
Confortablement allongé sous le feuillu, les yeux dirigé vers les nuages, somnolant légèrement, je me laissai donc aller à mon occupation favorite consistant à embrasser une partie de l'Univers d'un seul regard. En général, jusqu'à ce que sieste s'ensuive... Mais là, pour une fois, je restai éveillé. Impossible de m'endormir ! Je suivais le vol des rapaces, admirais la majesté des cumulus, observais le mouvement de la ramure sous la brise.
Ne pouvant plonger dans mes rêves, je décidai donc de poursuivre la route concrète des airs en cette heure de veille forcée... Je grimpai tout simplement à l'arbre et m'y installai, à quelques mètres de la terre ferme. Je me trouvai soudainement si bien sur mon piédestal végétal que je m'y enracinai pour un bon moment. De cette hauteur ma vison s'élargit un peu plus, ma conscience également. Bientôt mes bras se mêlèrent avec les branchages de mon perchoir, ma peau se fondit avec l'écorce, ma chair devint un bois et je ne fis plus qu'un avec la plante.
Je gisais entre les rameaux, transformé en véritable enraciné.
Ou plus exactement je voguais dans l'éther, passé de l'état d'animé à celui de dormeur. Avec la tête dans l'azur et les pieds ballant dans le vide. En effet, je m'étais finalement laissé ravir par le baiser de Morphée, là dans mon berceau de verdure... Et durant ce bref sommeil les ailes de mon esprit m'avaient emmené vers une étrange chimère où en moi ne coulait plus qu'une sève verte.
En vérité le temps d'un songe, j'étais devenu une chouette ronflant dans le feuillage.
2 commentaires:
Bien le bonjour sieur Raphounet :))
Mes observations qui vont suivre concernent vos récentes proses poétiques :))
À croire que vous avez lu "Le Baron Perché" de l'auteur philosophique à la plume talentueusement désopilante Italo Calvino :))
Bien que l'occurrence soit minime, la souche de vos écrits participe à une idée similaire de l'auteur précité :))
Si vous n'avez pas lu ce chef d'œuvre de Italo Calvino, peut-être que les chroniques sur BABELIO (que je crédite -pour cette œuvre littéraire- à fond la caisse de résonnance :)) vous donneront envie, non d'en lire que des extraits mais de vous plonger en plein dedans :))
Et qui sait ! Peut-être que les "élucubrations" de cet auteur inénarable élargiront vos horizons :))
( Il est déconseillé de rêver éveillé mais pas interdit :)) :)) :)) )
https://www.babelio.com/livres/Calvino-Le-Baron-perche/1499#!
merci pour ces lectures Raphounet :))
Anonyme,
Je ne connais nullement cet auteur et n'ai pas l'intention de le lire, cela risquerait de parasiter ma divine plume.
Raphaël Zacharie de IZARRA
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