Un condamné à perpétuité comme moi n'a aucun autre avenir que l'horizon
indépassable des quatre murs qui l'entourent jour et nuit.
Si je veux me projeter dans un futur hors de ma cellule, je dois viser bien
plus loin que les siècles. Ma délivrance se fera par la hauteur, elle sera
verticale avant tout : c'est la direction des étoiles qu'il me faut
prendre.
Ou plus exactement, la route des rêves : une expédition poétique à travers
ces pages que je noircis dans la solitude de ma réclusion.
Assis à ma table au bord d'un nouvel infini et solidement accroché à mes
idéales évasions, je trace mon chemin à la pointe de ma plume qui n'a plus rien
d'autre à écrire.
Cette marche carcérale sans fin, bordée d'ombres, chargée de poussière et
semée d'heures mortelles me mènera vers la lumière ultime. Je sens qu'au fil des
lignes ma feuille de papier devient une aile : je partirai dans les éclats de
mes mots. Ces derniers atteignant progressivement des sommets pleins de beautés
et profondeurs seront pareils à des bulles montant aux nues.
C'est par la voie de la légèreté que je m'envolerai.
Ma progression s'achèvera en apothéose.
Quand la messe sera dite et que les portes se refermeront dans mon dos,
quand la pièce sera jouée et que tombera le rideau final, la véritable aventure
commencera pour moi.
Je n'ai que ce lointain univers à espérer.
Appelez cela folie si vous voulez.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire