L'ordre suprême se met en place. Après la nuit vient le jour.
Ce poids de peine, cet océan d'ombre, ces flots de tristesse ont fait leur
oeuvre. Chaque chose de la réalité incarnée a sa raison d'être. Aucun rouage de
l'Univers n'échappe à la grande loi.
Et moi, pauvre fétu de paille emporté par le vent cosmique, seul dans ma
cellule, j'ai l'impression d'être parvenu au bord d'un nouvel infini, comme au
milieu de deux extrémités, à mi-chemin entre fosse et sommet.
Depuis mon lieu de réclusion je contemple la vaste mécanique des êtres et
des éléments dans laquelle je suis inclus, sans la comprendre vraiment. Je sais
simplement qu'elle me dépasse. A mon niveau j'ai surtout conscience de la
responsabilité de mes actes personnels. Le reste demeure encore très vague pour
moi, même si je sens intimement que mon asile de bandit ne se situe pas ailleurs
qu'entre ces murs de pénitence.
Le temps n'est plus aux troubles mais au repos. Le feu a tout consumé,
voici à présent l'heure de la sérénité, une autre voie s'ouvre devant moi. Ma
vie prend l'adéquate direction que lui désigne l'épreuve. Je ne regarde que
l'essentiel, ne me soucie que de ce qui me fait face : le passé est mon enfer,
l'horizon mon salut.
Dans cette prison rien n'est réellement fini en ce qui me concerne certes,
mais là où je suis arrivé tout commence à s'éclairer. Pour gagner ce combat, il
aura fallu que j'accepte le pire dès le début et que je l'endure jusqu'au bout,
sans chercher à fuir le calvaire. Loin de me comparer à un saint, j'appartiens à
la race des crapules, des bêtes, des criminels.
J'ai mis tout mon coeur me hisser à la hauteur des humains. Je mettrai
autant d'ardeur à ne pas perdre mes ailes, une fois sorti de mon trou : bientôt
aussi léger qu'un papillon, j'ai le ciel à conquérir.
Aujourd'hui, après tant d'années de pesanteur, le premier matin de la paix
se lève sur mon âme et je bénis le monde.
Lorsque je mériterai ma liberté, je serai déjà mort.
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