Avec mes bottes de bûcheron, mon chapeau de flamme et mes poches pleines de
rêves, je voyage à dos d'oiseau,
Etendu sur le ventre de la Lune, assis entre les ailes vertigineuses d'Éole
ou mollement allongé sur les nuages, je chevauche tous les vents, m'agrippe à
chaque plume et me laisse emporter par les moindres flots.
Je parcours les lieux en tous sens, de clochers en bosquets et de chemins
en fourrés. Rien qu'autour du canton, je fais l'équivalent du tour du Soleil et
de la Terre. En quelques enjambées je traverse l'Humanité, captant l'essentiel
des coeurs et des âmes de mes semblables. Les labours, les broussailles, les
fossés et le bétail des pâturages que je croise sur ma route suffisent à remplir
mon existence de vagabond.
Les horizons locaux, les espaces à ma proche portée, les herbes folles des
sentiers, les cailloux sous mes pas, les ronces des taillis et les commères des
hameaux constituent mon univers. Ils font partie des aventures de mon humble
quotidien. Les fleurs des champs qui embellissent mes jours, les mottes de terre
que je brise du talon et les cancanières du coin que j'écoute chanter me
comblent d'un bonheur brut et tranché.
Mes joies de bête des bois sont la hauteur de mon couvre-chef de loup. Je
cours les ruisseaux et dors là où je peux, tantôt sous les étoiles, tantôt dans
le foin des granges. Ou bien sous le toit des vaches. Je suis le prince des
étables et le roi de la forêt ! Même s'il m'arrive de devenir l'amant passager
des dans les chambres
Je suis le colporteur de fables et de légendes, je vogue de brumes en
tempêtes et, comme les chats et les chouettes, vole d'arbres en cheminées pour
mieux enchanter la campagne et ses chaumières. Pareil aux rats et au visiteurs
nocturnes, je hante encore les jardins et gratte aux portes des vieilles maisons
isolées pour me présenter avec autant de mystère que possible à mes hôtes.
En passant le seuil de ces modestes palais, je veux avoir la place du
simple paysan près de l'âtre. Les pieds au chaud, je n'ai plus qu'à réclamer du
pain et des carottes, de l'eau de pluie et des pommes.
Voyageur champêtre, je vadrouille en quête de peu et de beaucoup entre l'infini de la poésie et
l'étroitesse des potagers.
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