Lorsque bientôt ma pauvre âme aura quitté les lourdeurs de la Terre, je me
retrouverai pleinement en face de mon crime en même temps qu'aux pieds de Dieu.
Je suis le pire pécheur qui soit. Et c'est en tant que sinistre criminel
que je me présenterai à mon Créateur : honteux, repentant, aussi méprisable
qu'un cafard depuis le fond de mon goufre intérieur.
Plein de noirceur résiduelle et cependant assoiffé de blancheur, je
réclamerai le feu rédempteur.
J'ai porté les quatre murs de ma cellule comme une croix méritée. J'ai payé
ma dette au monde des hommes, que puis-je encore faire pour m'acquitter de
l'impôt du Ciel ? Mes larmes versées dans la solitude de la sombre geôle
suffiront-elles vraiment pour le divin laisser-passer ? Les décennies passées à
croupir en compagnie des barreaux d'indifférence et d'acier compteront-elles
dans la balance céleste ?
Faudra-t-il donc que je passe d'autres épreuves ? Il me semble avoir déjà
tout donné ici-bas. Tout accepté. Tout enduré. J'ai même espéré pouvoir
bénéficier du privilège d'être rehaussé au rang des rats afin de rejoindre plus
facilement les hauteurs convoitées, attendus que ces mangeurs d'ordures sont
plus dignes que moi de la pitié des anges.
Dans mon antre de reclus, j'ai écrasé l'innocente mouche simplement
coupable de vouloir se nourrir, maudit l'horrible araignée pour sa seule
apparence et exterminé le reste de la pacifique vermine pour l'unique raison
qu'elle ne demandait qu'à vivre. Je sais que je ne valais pas mieux que ces
importunes. La plus répugnante, la plus ignoble, la plus laide d'entre toutes ces
créatures, c'est moi.
Pour ces bassesses également, je devrai rendre des comptes.
Je répondrai de ces vilenies devant mon juge ultime, c'est d'accord.
Derrière la porte, c'est l'Univers entier qui m'attend. Et au bout de ma
longue course, après tant de souffrance, à deux doigts de l'infini, au bord de
cet océan de lumière, je veux défendre l'immensité de ma cause.
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