Certes, elle est blonde, mince, belle... Mais elle a le sourire noir, le
regard sombre, l'âme lourde.
Cet astre radieux me fait peur.
Ses dents sont faites pour mordre, ses lèvres pour médire, ses ongles pour
faire saigner. Ses paroles, aussi aigües que des lames, valent des
meurtrissures. Ses sentiments, plus féroces que ceux d'une louve, n'ont rien de
beau.
Il n'y a que de l'égoïsme, de la méchanceté, de la cruauté gratuite dans
ses ricanements. Elle fait souffrir les faibles, ridiculise les petits, piétine
les infirmes. Ses pensées affreuses répandent la tristesse. Ses espoirs de
sorcière étincelante se nourrissent des larmes qu'elle fait naître chez les
crapauds. Cette fée nuisible s'enrichit des blessures qu'elle occasionne, se
réjouissant du mal qu'elle sème.
Et son corps, pour se maintenir en vie, aussi flatteur soit-il, se gave des ordures du monde.
C'est une éclatante et parfaite statue, vue de l'extérieur. Avec des formes
magnifiques, des lignes idéales, un charme puissant. Mais pleine de désirs
horribles.
Cette créature dorée rêve de choses laides.
Cette femme est une araignée. Un cafard. Un furoncle.
Désirable mais mortelle.
Elle incarne tout ce qui brille et effraie !
Cette vipère couverte de vernis crache son venin dans les coeurs. Je
l'observe, fasciné et pétrifié. Je me garde bien de toucher à cette bombe sordide
maquillée en petite chatte... Je crains trop de me brûler à cette flamme.
Les yeux de cette poupée toxique se plaisent à se poser sur
le malheur. Elle se repaît des pleurs, se moque des cris, se divertit de la
douleur.
Insensible aux maux des autres, elle ne pense qu'à son bonheur de diablesse.
Bref, de cette admirable potiche émanent les putridités d'un être mauvais,
abject, maudit.
Pourrie de l'intérieur, séduisante en surface, cette fleur empoisonnée me
fait trembler, vomir, cauchemarder.
J'ai une furieuse envie de l'écraser, de la détruire, de l'oublier !
Et pourtant, Dieu seul sait par quel mystère, je l'aime.
VOIR LA VIDEO :