lundi 31 juillet 2023

2060 - Les femmes de Clinchamp

Il n'y a pas de femmes à Clinchamp.
 
Celui qui viendra chercher la gaudriole dans cette bourgade n'y trouvera que des machines agricoles.
 
C'est qu'on ne rigole pas, là-bas !
 
En guise de galante compagnie, l'esseulé aura toujours des vaches à se mettre sous la dent. Mais aussi des grenouilles, des rats et des hiboux. Pour briser la solitude, c'est déjà mieux que rien.
 
Et puis si cela ne suffit pas, pour ne pas trop s'ennuyer il pourra encore s'entretenir avec les éternels habitués des lieux.
 
Je veux parler des morts.
 
Au moins ces derniers ne comptent pas pour du beurre, puisqu'il ne reste qu'eux à qui parler aux heures creuses des journées vides !
 
Mais pas seulement ceux qui sont au cimetière. Egalement les autres qui y ressemblent : les vivants aux mines d'enterrés.
 
Surtout les dimanches, jour de silence généralisé au village : on y confond parfois les foyers avec les tombes.
 
Pour tomber sur du jupon fin et de la dentelle affriolante dans ce clocher peuplé de bovins et de béotiens, il faut beaucoup espérer, bien rêver, ne pas être trop exigeant.
 
Il n'y a pas de filles faciles aux faux-cils dans ce trou mais il y a de vrais fossiles, pas de femelles mais une chapelle, point d'âme soeur mais des dames seules.
 
Bref, pas de coquettes mais rien que des biques.
 
Pour se consoler de tant de sécheresse et fertiliser ce coin perdu, enrichir son séjour, arroser ce désert, le célibataire fera de cette terre austère son ardent monastère.

VOIR LA VIDEO :

dimanche 30 juillet 2023

2059 - Les jours vides de Clinchamp

Certains jours plus sombres que d'autres -ou plus éclatants, cela dépend du point de vue-, Clinchamp devient le sommet de la pétrification, rien qu'un espace inerte enseveli sous les neiges mortelles de l'ennui.
 
On ne voit alors qu'un ciel de pierre et des nuages de plomb. Et une terre de brumes.
 
Avec, pour toute fantaisie dans les nues, quelques oiseaux au plumage pesant. Et plus bas encore, sur le plancher des vaches, des commères lourdes, des hommes épais animés par des espoirs aussi brefs et ternes que les patates des champs.

Et puis, brillant accident dans cet abîme de platitude, on aperçoit également, tel un astre parmi un troupeau de lourdauds, l'esthète que je suis, observateur de ces destinés sans bruit, de ces drames invisibles et de ces joies minuscules, de ces histoires sans autre témoin que le temps qui passe.

J'erre, heureux, dans ce coin perdu dont personne à Paris n'a jamais entendu parler. C'est précisément cela qui m'attire : le dépaysement absolu. Je jouis de la liberté de celui qui a des ailes, non des bagages. Je viens changer d'air chez ces ploucs, car leur royaume de torpeur mène à mon olympe d'ascète.

Les villageois qui me croisent en train de vagabonder à travers les pâturages du matin au soir me prennent pour un fou. Ils n'imaginent pas que je puisse méditer sous leur azur borné, le long de leurs chemins bordés de bouses, entre leurs horizons aux mornes clartés, au fond de leurs bois aux pénombres infinies. Ils sont loin de concevoir que je plonge avec délices dans leurs crépuscules de fin de monde, me laisse emporter avec ravissement dans les ténèbres de leurs dimanches interminables aux heures de marbre et aux soleils de caveaux.

Ils ne savent pas que je m'enivre du vin noir de leur coeur de bovins, que je m'allège de leur quotidien d'enclume, que je m'envole très haut quand il pleut sur leur tête et sur leurs toits, car chez eux j'ai trouvé le trou idéal à travers lequel je m'évade verticalement ! Là où ils sont, loin de tout, près de rien, moi je perçois le voyage suprême, le bout de l'Univers, la fuite ultime, la porte d'entrée vers l'oubli total.

La fin de la route, le début du rêve.

VOIR LA VIDEO :

mercredi 26 juillet 2023

2058 - Une grand-mère

Elle est laide, elle est sale, elle fait peur, elle offre des bonbons aux enfants.
 
Elle fait croire aux gens de la ville, sous prétexte de son grand âge, qu'elle est un ange. Alors qu'en réalité, c'est une sorcière.
 
Elle se prétend centenaire pour impressionner les crédules, mais elle n'a que quatre-vingt-quinze ans.
 
Ses souvenirs sont en plomb, son coeur est pourri, son compte en banque reluisant.
 
Elle raconte à qui ose l'écouter les détails insignifiants de sa longue vie et se garde bien de révéler ses crimes : empoisonnements de chats, vols d'épis de maïs, escroqueries de cartomancienne, fraudes à la SNCF, braconnage...
 
Prénommée "Simone", elle se fait appeler "Marie-Louise", ça fait plus chic.
 
Menteuse, avaricieuse, médisante, elle souhaite la mort aux rats de sa maison, aux hommes contre qui elle a une dent, aux femmes qui selon son esprit d'un autre temps s'habillent comme des "morues".

Mauvaise avec les vivants, bonne envers les trépassés, elle affectionne particulièrement veiller les dépouilles mortelles, surtout si les défunts sont moins âgés qu'elle.
 
Au cimetière la vieille taupe s'amuse à compter les tombes de ses connaissances, qu'elles fussent amies ou ennemies. Et tue parfois ses heures à faire d'imbéciles calculs -tous faux d'ailleurs- sur les prochains décès.
 
Elle avance des noms mais vise toujours à côté...
 
Jamais elle ne se trompe en revanche sur les divorces : dotée d'un puissant sens psychologique, elle sait prédire les naufrages matrimoniaux au trimestre près. A croire qu'elle écoute aux portes et tient la chandelle dans les ménages...
 
Peu de gens l'aiment véritablement, mais elle compte sur son statut de vieillarde pour s'assurer du respect de tous.

Bref, la grand-mère au chignon inoffensif est un serpent venimeux qui adore mordre dans tout ce qui croustille, claque, siffle et s'enflamme !

VOIR LA VIDEO :

mardi 25 juillet 2023

2057 - Clinchamp vers 1970

Dans les années mille-neuf-cent-soixante-dix, Clinchamp irradiait d'une joie trouble, entre feu blanc et morne mélancolie. Comme un dimanche plein de soleil sur une campagne semée de tombeaux.
 
Quelques habitants mystérieux vêtus de chapeaux d'un autre temps et de bottes aussi légères que des rêves traversaient les champs de blé, survolaient les ruisseaux et voltigeaient dans des clartés idéales, ainsi que des oiseaux aux plumes fabuleuses. Le village se trouvait alors plongé au centre d'un tourbillon vertigineux et extatique dont le sommet désignait de lointaines contrées enfiévrées du Cosmos, qui à l'heure actuelle ne subsistent plus.
 
Ou plutôt, que plus personne n'est capable de percevoir.
 
Il s'y racontait des histoires folles, oniriques, éthériques, fantasmagoriques, entre lumières d'été et ténèbres d'hiver, poussière des étables et ciel des pâturages, aube de mars et crépuscule de septembre, féérie des nuits étoilées et réalité des jours de pluie. Des romans vécus auxquels nul ne croirait aujourd'hui, parce que trop vrais pour ce monde factice, aseptisé, standardisé.
 
Des visiteurs venus d'on ne sais où dormaient dans les bois et ne se réveillaient qu'après après avoir atteint des rivages d'éternité, tout au fond de leurs herbes perdues. Dans cette localité au nom d'oubli, au visage dans le vague, aux horizons plats, les chemins débordaient d'ondes, de flammes, d'ombres. Et tout devenait possible. Surtout lorsqu'on n'y attendait pas grand chose. Il suffisait juste d'emprunter la voie royale tellement naturelle : celle qui, depuis toujours, se présente sous chaque pas audacieux.
 
Les formes qu'on y voyait au-dessus des terres étaient aussi pesantes que des nuages, et ces fumées au loin semblaient aussi présentes que des âmes, aussi intimes que des songes. Ce théâtre avait un public de désincarnés, d'ailés, de poètes et de rats. Et les hiboux, à cette époque, ressemblaient aux hommes éveillés, avec leurs grands yeux ouverts sur l'infini.
 
Des femmes séjournant dans des cabanes secrètes, issues de hauteurs incommensurables, d'espaces étranges et indescriptibles, ou bien  tout simplement égarées en ces lieux tels des papillons virevoltant au gré des fleurs et du vent, allaient et venaient entre les vaches et l'azur, les arbres et les grenouilles, les fossés et les cailloux, ivres d'air pur, de liberté et d'amour.

C'était en mille-neuf-cent-soixante-douze exactement. J'avais six ans seulement, et je ne savais pas encore qu'il existait un tel paradis d'insignifiances mêlées d'immensités.

VOIR LA VIDEO :

lundi 24 juillet 2023

2056 - La femme de soixante ans

La femme de soixante ans devient nécessairement un repoussoir pour tout homme en désir normalement constitué.
 
Sur le plan principalement esthétique, elle n'est plus considérée comme une beauté à conquérir, une femelle à chasser, un papillon à épingler, un trophée à lustrer.
 
Mais comme un objet encombrant qui commence à s'alourdir, un poids mort particulièrement adipeux, un corps déchu de plus en plus flasque et répugnant qui en société déshonore son conjoint.
 
Rarement la soixantenaire prend conscience de sa décrépitude, car assez souvent elle continue de se maquiller, se ridiculisant en croyant s'embellir. Et si elle suspecte sa chair de ternir, elle préférera s'enivrer de paillettes, ces mensonges flatteurs remontés du fond de son miroir.
 
En vérité, à cet âge des premières pesanteurs, le fard l'enlaidit tout à fait.
 
Mais ces artifices suffisent à entretenir chez elle l'illusion d'être désirée encore.
 
Et plus l'araignée vieillira, plus elle ajoutera des étincelles factices sur sa face sinistre. Et si les gaillards posent leurs regards sur ses misères odieusement mises en valeur, c'est pour mieux s'en affliger. Ou en rire. Et non pour en avoir un avant-goût, car ils ne se réjouissent nullement de faire un festin de ces mets avariés.
 
Les traits de la rombière vieillissante s'empâtent, défraîchissent, perdent toute valeur sur le féroce échiquier amoureux. Hier fleur de printemps parée de rosée, aujourd'hui algue puante, le visage jadis célébré n'a plus que le prix des choses dérisoires chez celle qui aborde le versant descendant de sa vie.
 
Si les intéressées elles-mêmes ignorent en toute mauvaise foi ces lourdeurs du temps qui impriment sur elles l'image d'une grimace, faisant semblant de prendre à la légère leurs rides et boursoufflures, ceux qui  brûlent de virilité -et qui demeurent des aigles quelle que soit leur génération- n'entendent pas ces sornettes de cette oreille : c'est dans leur mâle nature, ils se tournent systématiquement vers de lestes et aériennes jeunettes.
 
Lesquelles succombent fatalement aux charmes augustes de ces chênes arborant de nobles racines et de séduisants feuillages argentés. Ces demoiselles en pâmoison tombent en effet comme des pommes vertes à leurs pieds, pendant que les molles et bouffies, grasses et rougeaudes déclassées -parfois déguisées en pucelles-, y pourrissent tels des fruits gâtés.

Bref, la mégère refoule les oiseaux de la terre, tandis que le patriarche attire les anges du ciel.

VOIR LA VIDEO :

jeudi 20 juillet 2023

2055 - Sale temps à Clinchamp

C'est jour de grisaille à Clinchamp. 

C'est surtout l'heure de se lamenter, le temps de pleurer.

Les espaces sont immenses dans les champs, mais aussi dans les coeurs. Les premiers y reçoivent des averses de pluies, les seconds des océans de sanglots.
 
Dans ces moments funèbres, le ciel est plein de pensées sombres et les hommes débordent de larmes.
 
L'horizon n'en finit pas de sombrer, emporté dans une torpeur sans fond, débouchant sur des brumes sans issue.
 
Alors le mortel ennui s'installe sur ces terres comme dans les âmes.
 
Tout se tait, tout stagne, tout gît.

Et plus rien ne se passe dans ce morne cimetière de vaches ruminantes et de bipèdes placides.
 
Et moi, réjoui par ce séduisant naufrage, charmé par cette misère esthétique, aussi heureux qu'un canard au centre de sa mare dans ce décor de cauchemar, je fais de ce triste royaume un beau rêve à la mesure de ma sensibilité de sybarite morbide.
 
Et je vagabonde à travers ce pays désolé, mon pied glissant sur la boue et ma tête s’envolant dans les nuages. Et je trouve de fulgurantes beautés aux choses éteintes, aux faces crépusculaires, aux journées effondrées, aux paysages exsangues et aux ambiances désespérantes...
 
Sous cet orage d'apathie, d'ombres et de résignations, je fleuris tel un chardon, abreuvé d'images pleines de lourdeurs fécondes.

La bouse odorante devient promesse de lendemains égaux, de vie invariable, d'inertie paisible. Le chemin creux continue de mener vers un sempiternel trou de léthargie. La plaine lasse ne cesse de gémir.

Et au sommet de ce deuil généralisé, le clocher domine cet univers de platitudes, aussi terne qu'un dimanche sans soleil.

Je l'observe, curieux, attentif, fébrile, car il est sur le point de réveiller les morts.

Les aiguilles de son horloge indiquent dix-neuf-heures cinquante neuf minutes. Dans moins de soixante secondes je serai fixé.

Vingt fois la cloche martèle l'infini de sa voix métallique.

Mais pas un habitant ne bronche. Aucun de ces enterrés ne se relève. Aucune bête à cornes ne réagit.

Je suis le seul à jouir de ce théâtre cosmique à hauteur des pâquerettes.

VOIR LA VIDEO :

vendredi 14 juillet 2023

2054 - Un grand voyage en forêt

Un jour d'octobre je partis à la découverte de l'ombre et de l'air, de la terre et de la lumière, de la verdure des champs et des brumes de la forêt.
 
Pour pénétrer dans ces secrets horizons, j'empruntai des voies champêtres qui me mènèrent tout d'abord en des lieux banals du quotidien : chemins de pierres monotones et prosaïques, allées plates et fades balisées par l'ennui, sentiers anodins aux apparences impersonnelles et aux issues supposées sans surprise.
 
Puis, pas à pas, je progressai vers un royaume de plus en plus étrange, peuplé de présences invisibles, embelli par une ambiance de mystère, investi par des souches évoquant des visages de légendes, hanté par de vieilles histoires oubliées qui refont surface...
 
Et là, je croisai des hôtes de plumes aux ailes ténébreuses et au vol silencieux, rencontrai des amis au pelage couleur d'humus, saluai des êtres de bois aux bras sombres et massifs, me fis escorter par des importuns impalpables aux faces de fables, aux traits tantôt de spectre, tantôt de faune...
 
Tandis que, plein de légèreté dans le coeur, je cheminais dans cet environnement familier soudainement devenu insolite, je sentais à mes côtés des compagnons vêtus de bure surgis de siècles révolus, sortes de pèlerins sylvestres égarés entre rêves des temps passés et routes réelles de notre époque, poser sur moi leurs regards étonnés et bienveillants.
 
Bien que je fusse plongé dans le merveilleux, inexplicablement tout cela me parut naturel.
 
A force de m'enfoncer à travers ces milliers d'arbres aux formes oniriques, aux profils parfois flatteurs, parfois inquiétants, je m'enivrai de leurs images pittoresques. Et, oubliant l'heure qu'il était, je divaguai sans m'en aperçevoir dans cette foule végétale habitée par autant d'esprits que de bêtes, d'entités légitimes que d'intrus, pour arriver au plus profond de ce monde fait de sagesse et de racines, de lenteurs et de majesté, d'oeuvres cachées et de matière obscure.
 
Et je découvris l'inimaginable : le théâtre de la sylve !
 
Feutré, imperceptible, tout en douceur et subtilité. Féérique et éthéréen.
 
Et je fus témoin de choses extraordinaires : des personnages aux allures augustes et aux fronts solennels, couverts de manteaux d'écorces et de chapeaux en feuillages, se concertaient avec des interlocuteurs bucoliques désincarnés, entre pure fumée et toile d'araignée...
 
Mais bientôt charmé par je ne sais quel parfum ensorcelant, je chancelai, ma tête tourna, mes idées s'envolèrent et je perdis connaissance.
 
A mon réveil, comme sorti d'une fièvre, je respirai avec soulagement l'air frais du soir, conscient d'avoir vécu une folle aventure aux confins de cet univers forestier.
 
En réalité je m'étais endormi sous un chêne.
 
A mes pieds je vis un reste de champignon auquel j'avais goûté quelques heures auparavant.

Et dont j'ignorais qu'il était toxique.

VOIR LA VIDEO :

mercredi 12 juillet 2023

2053 - L'ailé et l'aliéné

Je suis étendu sur l'herbe dans un parc.
 
A proximité, un juvénile abruti hyper-connecté est avachi sur son IPHONE. Au-dessus de moi, l'immensité de l'azur plein de clarté, de beauté et d'intelligence divine.
 
De l'écran dans lequel s'aliène l'ânon bipède, émanent des flux de sottises. Du ciel dans lequel plonge mon âme, abondent des flots de lumière.
 
Le légume humain non loin de moi s'abreuve sans limite de vacuités, isolé du reste du monde par un casque entre les oreilles, tandis que je bois l'océan céleste directement à la source. Et je m'émerveille de chaque cumulus qui vogue dans cette mer d'éther, m'envole vers ces nuages aux visages changeants, voyage sur ces navires de blancheur et m'élève dans mes pensées aériennes...
 
Pendant ce temps, l'animal toujours absorbé par les incessantes stupidités débitées par son rectangle miniature, se vide la tête, se coupe du jour naturel, des fleurs qui l'entourent, de ses semblables ayant encore les yeux ouverts, ne respirant plus que l'air vicié de son univers virtuel.
 
Il s'assèche, se rétrécie intérieurement, perd le contact avec le réel, s'enlise dans ses sables en deux dimensions, s'égare dans ses espaces irréels, s'oublie dans le néant des insignifiances sortant de son appareil.
 
Et moi, enivré de mes hauteurs, repus de bleu, allégé par la joie, débordant de vie, je me lève et telle une flamme vive, un oiseau de feu, un vent fou, m'en vais écrire un hymne au Cosmos, la plume fertile, le coeur brûlant.
 
Depuis le début, l'autre n'a pas bougé d'un poil. Avec ses allures de larve, il demeure figé dans une position régressive. Encore jeune et déjà mort.

Dompté par la lucarne de son portable.

VOIR LA VIDEO :

lundi 10 juillet 2023

2052 - Souvenirs lointains

Frère humain qui passes sur Terre, écoute-moi sans me voir car je suis la voix du silence et de l'azur, la musique des jours  heureux, l'écho des sommets, l'image réminiscente de la lumière et le chant doux des secrets enfouis en toi.
 
Tes rêves sont tes vraies pensées en réalité : au fond de toi-même, je le sais, tu désires les étoiles, des flammes célestes et des diamants impalpables. Et n'obtiens que des faveurs en toc, des bouquets d'artifices, des cadeaux alourdis de matière...
 
Ton âme âme aspire à plus de légèreté, de hauteur, de pureté !
 
Tu pleures pour l'amour, qu'il soit gagné, perdu ou espéré, peu importe. Et pour rien d'autre véritablement dans l'existence, tu ne verses tes larmes avec autant de gravité. Le plus important pour toi, c'est le coeur. Le reste n'est que peccadilles à tes yeux.
 
Comme tu as bien raison !
 
Tu cherches de vagues signes dans la nuit, des clartés nouvelles au-dessus de ta tête, des ailes dans tes horizons intérieurs.
 
Et là, soudain en pleine activité domestique, au centre des agitations de ce siècle -qu'elles soient banales ou choisies-, ou plus simplement au pied de ton lit, juste au seuil de ta porte, au bord d'un paisible rivage, tu sens des germes d'infini, perçois des voies radieuses, découvres des espaces insoupçonnés, admires des paysages inédits...
 
Ces éclats visibles par toi seul apparaissent entre le bout de tes doigts et le commencement du ciel. Et même si, indifférent à ton illumination, le monde autour de toi continue de tourner imperturbablement, tu demeures perché sur ton nuage.
 
Tu crois dur comme fer à ce que tu vois !
 
Tu viens d'entrer dans un royaume supérieur, une galaxie d'esprit et de vérité, un univers reculé et proche à la fois où l'essentiel irradie, la beauté fait autorité et le vent t’adresse ses mots immortels.
 
Et tu portes ton regard plus loin encore que ces choses éternelles. Tu discernes alors une présence dans les brumes de ta mémoire.
 
Tu reconnais une silhouette oubliée, un air disparu, des traits effacés : un visage te regarde.
 
C'est le tien.
 
Celui que tu avais, si sincère et lumineux, lorsque tu étais enfant.

VOIR LA VIDEO :

dimanche 9 juillet 2023

2051 - Domestication d'une greluche

Elle était romantique et moi, dur comme une hallebarde.
 
Elle pleurait pour une fleur écrasée, je riais en égorgeant des poulets.
 
Son coeur tendre d'agnelle sensible croyait pouvoir triompher de la pierre logée dans ma poitrine martiale. Naïve, sotte et vaine, je l'aimais pour sa chair offerte, son corsage plein et sa cuisse ferme.
 
Non pour les idées creuses de sa cervelle vide.
 
Elle pensait que ses sentiments délicats à mon endroit pouvaient changer ma poigne d'acier en guimauve, ma gueule de loup en face de chaton, les flammes de ma virilité en tiède et molle écume.
 
Face à cette adorable imbécile je demeurais un roc anguleux, un carnassier sans pitié, un ogre assoiffé de tendrons.
 
Sa bêtise femelle m'amusait. Elle s'abreuvait de revues de psychologie, d'ouvrages sur le développement de la personnalité, achetait des bougies parfumées, toujours en quête de bien-être en toc, n'hésitant jamais à s'offrir des services en vogue dédiés à la "réalisation de soi" tarifés à hauteur de sa stupidité féminine, c'est-à-dire pas du tout au rabais...
 
Partagé entre moquerie et consternation, j'assistais aux errances psychologisantes et autres vacuités de cette jolie dinde écervelée dont la seule vertu, à mes yeux, consistait à accepter que je la farcisse de mon glaive enflammé.
 
Hors de cette unique compétence à apaiser mes mâles appétits, je considérais cette chevrette en jupons comme une parfaite nullité. Le pur produit de ce siècle générateur de cloches et de cruches. Le stéréotype de l'oiselle élevée aux aliments culturels allégés, nourrie par les pages intellectuellement amaigrissantes de "ELLE".
 
Bref, je décidai assez vite de reprendre sérieusement en main l'âme égarée, de lui mettre du plomb sous ses bouclettes et de la placer sur des rails plus rectilignes.
 
Je brûlai ses romans d'Amélie Nothomb et d'Alexandre Jardin pour les remplacer par des manuels de cuisine, de couture et de jardinage, la couronnai d'une casserole, la fis asseoir sur son trône en forme de tabouret de trayeuse de vaches avec un balai dans la main en guise de sceptre, pour en faire la reine de mon foyer.
 
Du jour au lendemain la belle se retrouva au sommet de mon estime, passant du statut de pondeuse d'inepties à celui de femme.
 
Rayonnante, elle se sentit pour la première fois de sa vie enfin utile.
 
Au monde, aux hommes, à elle-même.

VOIR LA VIDEO :

samedi 8 juillet 2023

2050 - Déprime à Clinchamp

Les jours sombres à Clinchamp sont lumineux.
 
Ce sont là des heures magnifiques où les ombres deviennent des spectres pleins de vitalité, où les hommes en grisaille ressemblent aux nuages en pleurs, où les vaches infiniment épaisses prennent des allures de mythes tout en marbre.
 
Tout s'enfonce dans la terre et pourtant tout arbore des ailes : celles de l'espoir après la pluie, de la légèreté au coeur des pesanteurs, des hauteurs aperçues depuis les gouffres.
 
Le ciel de malheur en ce lieu de tous les exils engendre, paradoxalement, une ivresse chez l'esthète que je suis. Loin de m'affliger, les larmes et laideurs, déprimes et lourdeurs de tout ce qui m'entoure, au contraire me réjouissent : le paysage noir, l'oiseau mort, l'horizon obscur, les chemins sans issue font naître en moi des sentiments troubles et positifs.
 
Les ambiances cafardeuses m'entraînent dans une direction inverse à leur mouvement naturel, comme par réaction de défense.
 
Quand le village s'enlise, je m'envole !
 
Je quitte son sol de misères pour rejoindre l'éther illuminé. En cet endroit morne de la Haute-Marne, lorsqu'un manteau de tristesse s'abat sur les toits et les têtes, mon âme est en fête.
 
Et je vois des faces de rats briller comme des astres, des fossés putrides débordant d'ennui aussi vastes et mystérieux que des firmaments, des arbres sinistres aux envergures mythologiques, des mares boueuses et puantes reflétant des constellations enflammées.
 
A travers mon regard aigu, je fais de l'art avec du lourd, de l'or avec de l'eau, des rêves dorés avec des vers de terre. C'est-à-dire, des histoires fabuleuses avec du néant.
 
Bref, je fais de la plume avec du plomb.
 
C'est pourquoi lorsque tombent sur cette localité aux apparences de nécropole de ploucs des torrents de mortelle mélancolie, je me sens plus vivant que jamais.
 
Heureux d'être cette étoile échouée sur un rivage peuplé de statues de plâtre aux mines crépusculaires.

vendredi 7 juillet 2023

2049 - L'amour à Clinchamp

A Clinchamp, l'amour est à l'image des vaches, du ciel et des champs : incarné, aussi brumeux que terreux.
 
On s'y aime tout en chair, avec peu d'esprit et beaucoup d'heures perdues à ne rien se dire.
 
Les flammes du coeur là-bas s'expriment comme des pierres qui s'entrechoquent en crachant des étincelles. Ca brûle ou ça rate. A moins que tout ne stagne pour retourner dans la tiédeur des dimanches pleins de mortelle torpeur...
 
Eprouver de la lumière intérieure dans ce village où les vivants sont comme des défunts, si loin de tout, si proches des tombes, entre l'anonymat et l'oubli, c'est s'élever au-dessus des étables, des fossés et des pâquerettes, le temps d'un vertige brutal et éphémère où l'âme locale, parfois, s'envole plus haut que les petites gloires du quotidien.
 
Pour aller effleurer un mirage à l'horizon, une clarté hors du monde, une étoile dans l'infini.
 
Les corps qui se mêlent au fond de cette cambrousse sont des histoires sans témoin qui ponctuent les jours indolents des hommes et des femmes sans visage.

Se donner l'un à l'autre en ce pays qui n'est ni ce siècle ni Paris, c'est partir un peu, rêver dans les herbes, approcher les loups, se mêler aux pesanteurs du passé, atteindre des lendemains irréels et se réveiller avec les draps légers comme des plumes en serrant une enclume de bonheur entre ses bras.

VOIR LA VIDEO :

mercredi 5 juillet 2023

2048 - Les Droits de l'Homme, c'est la négation de l'homme !

Les "Droits de l'Homme" sont de purs artifices nés des rêves et délires de régicides en mal d'ordre contre-nature et en quête de chimères universelles.
 
En total décalage avec le réel.
 
Chaque créature de Dieu est unique en réalité. Aucun mortel ne ressemble à un autre individu. Par essence, votre prochain, qu'il soit ami ou ennemi, est toujours différent de vous-même.
 
Voire l'exact contraire.
 
Sinon il serait simplement votre clone, votre reflet, votre parfaite réplique.
 
Or une ombre anonyme semblable à une pauvre forme tout aussi neutre n'a rien d'humain.
 
L'égalité, ce n'est pas pour ce qui palpite mais pour ce qui est froid, mort, inerte. Ce qui vit est nécessairement inégal, variable, oppresseur, féroce et illégitime pour ce siècle épris d'uniformité !
 
Être l'égal d'un moribond, d'un idiot, d'un génie, d'un porteur d'uniforme, d'un nudiste, d'un cul-de-jatte, d'un roi, d'un nouveau-né, d'un mendiant, d'un voleur ou d'un milliardaire, voilà un statut digne d'un robot incapable de penser par lui-même, de vous aimer ou de vous haïr, de vous nuire ou de vous caresser, de s'humilier à vos pieds ou de s'élever au-dessus de vous !
 
Valoir un tas de ferraille, ne pas dépasser un amas de fumier, peser autant qu'un tonneau vide, tourner aussi vite que les pales d'un moulin à vent, se niveler scrupuleusement au niveau d'un horizon de platitudes : tels sont les sommets dont sont capables les machines, les automates, les mécaniques. C'est bien là le champ de navets indépassable à la seule portée de ce qui est dépourvu de conscience.
 
L'homme fait bien mieux : il vise la supériorité.
 
La moyenne c'est pour les médiocres, les minables, les endormis. Non pour les éveillés.
 
Que votre frère soit proche ou lointain, compatriote ou étranger, blanc ou noir, jamais il ne sera à la même distance que vous quant à sa course vers le Soleil. Votre perception, votre sensibilité, votre vécu, votre compréhension intime des choses vous appartiennent, votre cheminement n'est pas calqué sur les pas d'un inconnu.
 
Dans les faits, personne ne sera à la hauteur précise de votre tête. C'est-à-dire, de votre âme.
 
Le Ciel peut également avoir ses préférences, en nette contradiction avec les normes insipides de l'époque. Il a ses lois strictes, ses largesses les plus généreuses et ses flèches franchement féroces ! Ses décisions sont souveraines : il accorde ses grâces ou ses peines à qui il veut. Il récompense qui le mérite et éprouve dans les larmes qui en a besoin pour le faire avancer.
 
Le sort a ses caprices, ses équités et ses scélératesses, ses heurts et ses douceurs. Nul n'est soustrait aux orages ou aux clartés des jours, quelles que soient les idéologies en vogue, les régimes en vigueur, les couleurs du parti au pouvoir.
 
Un quidam n'en vaut pas un autre car la voie de celui-ci n'est pas le destin de celui-là. Les actes et pensées d'untel ne valent pas ceux de son voisin.
 
Le deuxième n'est point le troisième et le premier n'est pas le dernier. La hiérarchie existe entre les êtres en fonction de leurs vertus, de leur force ou de leurs privilèges acquis ou innés.
 
Les décrets des "Droits de l'Homme" sont des fumées pour naïfs qui croient en ces idées clinquantes plus qu'à l'âpre principe des forces en marche.
 
Les "Droits de l'Homme" sont un mensonge contre nos fécondes misères. Ils coupent les germes de notre gloire et nous empêchent de grandir en authenticité, sagesse et humanité vraie.
 
Mais Dieu merci, sans y parvenir ! Ils ne sont qu'un leurre qui flatte les crédules, les faibles, les purs matérialistes.
 
Quelques exemples :
 
Abolir la torture n'empêche pas de souffrir. Pour des causes graves ou légères, viles ou glorieuses, gratuites ou payantes. La maladie, l'accident, le hasard nous mettent au supplice de manière arbitraire sans pour autant qu'il soit besoin de légiférer sur la question. Preuves flagrantes que l'absence de tourments, cette perfection des imbéciles, est irréalisable sur Terre. Et que la douleur n'épargne quiconque en ce monde, et surtout pas les femmes qui enfantent, toutes innocentes pourtant.
 
Interdire l'esclavage ne protège nullement de la servitude : la vie se charge de placer chacun de nous là où il faut. Il y a ceux qui sont faits pour conquérir et ceux qui sont faits pour servir. C'est ainsi. Vouloir aligner tous les citoyens comme des pions est une absurdité : ils n'ont ni les fonctions, ni les capacités, ni les génétiques identiques. Les ouvriers d'une usine ne peuvent pas prendre le fauteuil de l'unique patron et il est impossible de changer les domestiques en maîtres. Pour l'équilibre d'une société, il faut nécessairement des injustices. La liberté pour le seigneur, le boulet pour le serf. Les chaînes sont utiles en cela que celui qui les brise gagne son ascension sociale et spirituelle. Il est souhaitable qu’il y ait des asservis à genoux et des puissants debout, afin que l’inverse puisse advenir, mais aussi afin que les ânes montent ou que les lions montrent l’exemple.
 
Une justice implacable ici-bas équivaudrait à une paix mortelle. Et ce bonheur de limaces deviendrait invivable pour les bipèdes que nous sommes. La torpeur n'a jamais fait progresser les larves. C'est la piqûre de l'épine qui fait se redresser les fronts, non les mollesses de la fleur. Pour que naissent des papillons, il faut d'abord que s'applique l'iniquité consistant en l'incarnation rampante et pitoyable d'entités dépourvues d'ailes.
 
Avant de nous envoler pour apprécier l'ivresse de l'air pur, nous devons avaler de la poussière !
 
Bref, naître non libres, inégaux en droits, partir avec des handicaps, des lourdeurs, des blessures, ce sont là les conditions idéales pour pouvoir se construire, se surpasser et atteindre la lumière.

La prétendue tyrannie des couronnés était basée sur des concepts transcendants de haut et de bas, de tout ou de rien. Avec des portes royales donnant accès à l'infini. Au lieu de ces lucarnes d'une république aux vues étriquées, bornées, horizontales. (dont certaines criminellement tranchantes) ouvrant sur les limites égalitaristes.
 
Les véritables valeurs sont dans l'intemporel, non dans le temporel : ce n'est pas la légalité qui rend heureux mais la vérité.

VOIR LA VIDEO :

dimanche 2 juillet 2023

2047 - Les hivers de Clinchamp

En hiver Clinchamp devient lumineux.
 
La neige qui tombe dans ce lieu improbable de la Haute-Marne, mortelle et belle, afflige les oisillons et réjouit les loups.
 
Elle tue les frileux et revigore les aguerris, blesse ceux qui tremblent dans leur tanière et fait briller ceux qui l'affrontent la gueule ouverte. Elle gifle les faibles et caresse les survivants.
 
Il faut dire qu'autour de ce village anodin et pourtant pas comme les autres, le froid y est tranchant, sec et sans pitié. Il coupe le souffle aux rats comme aux hommes et les sépare encore plus du reste du monde. Dans ce néant de blancheur, de silence et de platitude, tout se fige alors comme une seule pierre monolithique qui se dresserait au sommet d'une immensité calme, claire, sans vie.
 
Et là, comme par l'effet d'un prodige spécifique à cet endroit précis du globe où jamais rien ne se passe ni ne se fait entendre, la banalité se transmute en sublime.
 
Mais seuls les coeurs sensibles peuvent ressentir cette merveille, percevoir cette clarté supérieure, accéder à ces hauteurs invisibles. Les autres, bêtement, lourdement, prosaïquement, n'y verront que les misères de décembre.
 
Par le simple fait qu'il soit enneigé, ce royaume sans histoire aux apparences monotones s'isole rapidement jusqu'à ne plus du tout exister pour qui n'y met pas les pieds. Et s'éloigne vers on ne sait quel étrange infini... Les distances avec la civilisation semblent s'allonger de manière disproportionnée à mesure que les jours s'écoulent et que le givre et le gel recouvrent champs et toits. La commune ensevelie sous la poudreuse finit par disparaître des cartes, des mémoires, de l'Univers.
 
Pour renaître au sommet d'un ciel poétique situé hors des normes de ce temps, dans une fulgurance de beautés mêlées de mystère. 
 
Mais toujours avec la dureté des éléments naturels, la férocité des lois vitales, la douleur potentielle de tout ce qui est lié à la joie véritable. Le Cosmos se célèbre dans sa totalité. Y compris les cadavres congelés des victimes tombées du nid.
 
Ce clocher a des secrets qui se découvrent de l'intérieur. Entre rêves enflammés et gelées immaculées.
 
Par-delà les frontières bien étroites de cette campagne obscure, faites de bois épars et de vagues chemins, de buissons insignifiants et de coins sans nom, d'autres portes s'ouvrent. Et la vue des éveillés qui se trouvent en cette terre reculée s'élargit également.
 
Bref, ce que les étrangers ne savent pas, c'est qu'à la saison hivernale ce trou perdu s'engouffre dans une voie royale, verticale, vertigineuse.

Et prend la direction lointaine de l'onirisme.

VOIR LA VIDEO :

samedi 1 juillet 2023

2046 - Les chemins de Clinchamp

Emprunter les chemins de Clinchamp, c'est aller à la découverte du ciel et des marécages tout à la fois, prendre les directions opposées des nuages et de l'ombre, se laisser emporter par l'horizon autant que par l'inertie.
 
On s'égare dans ses pensées les meilleures au bout de seulement quelques pas, quand on part si loin dans l'aventure locale...
 
Ce village enfoui sous des flots d'ennui, oublié du reste du monde, enseveli sous un dimanche éternel, est l'asile des oiseaux fatigués cherchant plus de légèreté, le refuge des âmes lourdes en quête de crépuscules consolateurs, le repos des promeneurs écoeurés par les voyages clinquants et consuméristes de la civilisation.
 
Je veux parler des vacanciers lassés des artifices et mensonges de ces royaumes fastueux et factices conquis à prix d'or entre juillet et aôut.
 
Ici, tout est authentique, gratuit, à portée des plus humbles. Le bonheur y est aussi proche que possible pour qui ne souhaite que l'essentiel. Et difficile d'accès pour le mortel qui ne voit pas que la richesse des choses est dans la simplicité, la sobriété, le dépouillement.
 
Parcourir ce pays à travers ses sentiers de poussière et de cailloux, c'est s'y enfoncer par la voie royale, la seule qui soit bordée de légendes, de vieilles racines et d'intemporel mystère. Ces secrets ne sont  révélés qu'à ceux qui prennent le temps de rêver, de vagabonder entre les fossés, les herbes folles, les buissons et les piquets ponctuant ces parcours aux apparences anodines...
 
Et qui ne craignent point de sentir l'odeur vraie des bouses de vaches.
 
Marcher là-bas, déployer ses ailes et se retrouver si vite en altitude, si haut en soi alors que l'on est pourtant encore si près du sol, c'est également effectuer un vol intérieur.
 
C'est prendre de la hauteur, les pieds profondément enracinés en cette terre de tous les départs poétiques.

VOIR LA VIDEO :

Liste des textes

2156 - Elle me fait peur
2155 - L’horloge
2154 - A la boulangerie de Mont-Saint-Jean
2153 - L’écologiste, ce primitif
2152 - Madame Junon
2151 - Chemins de pluie à Clinchamp
2150 - Voyage vers Mars
2149 - Galaxies
2148 - Je suis de la droite honteuse
2147 - Les écrivains sont des poids morts
2146 - L’héritage de Clinchamp
2145 - Clinchamp, une histoire sans fin
2144 - Vent de mystère à Clinchamp
2143 - Ma cachette à Clinchamp
2142 - Randonnée à Clinchamp
2141 - Eclipse de Lune à Clinchamp
2140 - Un arc-en-Ciel à Clinchamp
2139 - Clinchamp sous l’orage
2138 - J’ai rêvé de Clinchamp
2137 - Jour de l’An à Clinchamp
2136 - Vacances d’été à Clinchamp
2135 - Attente à Clinchamp
2134 - Un jour ordinaire à Clinchamp
2133 - Or de France
2132 - La compagne des esseulés
2131 - Loup de lumière
2130 - Spleen
2129 - Le pitre
2128 - Les corbeaux de Clinchamp
2127 - Un homme heureux à Clinchamp
2126 - Le mouton
2125 - Des lutins à Clinchamp ?
2124 - Je suis fort !
2123 - Paroles prophétiques
2122 - L’égalité entre les hommes est injuste !
2121 - L’idéaliste de gauche
2120 - La femme est la monture de l’homme
2119 - Clinchamp sous la neige
2118 - Le Nord et le Sud
2117 - Pourquoi j’aime Clinchamp ?
2116 - Convaincre Blandine
2115 - Un couple de vieillards à Clinchamp
2114 - Le facteur de Clinchamp
2113 - Tristesse et beauté à Clinchamp
2112 - L’Art
2111 - Botte à l’oeuf
2110 - Les bûcherons de Clinchamp
2109 - Le coucou de Clinchamp
2108 - BFMTV : l’écran de la vérité
2107 - Lettre anonyme
2106 - Je ne suis pas amoureux de Paris !
2105 - Un jour d’hiver à Warloy-Baillon
2104 - La femme soumise brille comme une casserole
2103 - Les chouettes de Clinchamp
2102 - Quand la tempête s’abat sur Clinchamp...
2101 - L’aile et la pierre
2100 - Mes amis les maudits
2099 - Le brouillard de Clinchamp
2098 - Artiste de gauche
2097 - L’éternité dans la tête
2096 - Toussaint à Clinchamp
2095 - Chagrin échappé
2094 - Clinchamp-sur-Mystère
2093 - Les cafards
2092 - Loup des airs
2091 - Le loup de Clinchamp
2090 - En latin, c’est plus beau !
2089 - Les patates de Clinchamp
2088 - L’enfant des airs
2087 - Ciel de France
2086 - Thaïs d’Escufon
2085 - Les tomates de Clinchamp
2084 - Jérôme Bourbon
2083 - Les chats de Clinchamp
2082 - Poupée d’ailleurs
2081 - Pierre de feu
2080 - Les champs de Clinchamp
2079 - L’éclosion
2078 - Vacuité des bouquinistes
2077 - Les toits
2076 - Freud
2075 - Sport
2074 - Le simplet de Clinchamp
2073 - Les oiseaux de Clinchamp
2072 - Je ne suis pas cartésien
2071 - Au cimetière de Clinchamp
2070 - Le Panthéon pour Hugo, l’évasion pour Izarra
2069 - Les rats de la France
2068 - Le curé de Clinchamp
2067 - Mon trou à Clinchamp
2066 - Saint-Léonard-des-Bois
2065 - Les cloches de Clinchamp
2064 - Un épouvantail à Clinchamp
2063 - Les rêves de Clinchamp
2062 - Je suis raciste
2061 - L’injustice sociale ne me choque pas
2060 - Les femmes de Clinchamp
2059 - Les jours vides de Clinchamp
2058 - Une grand-mère
2057 - Clinchamp vers 1970
2056 - La femme de soixante ans
2055 - Sale temps à Clinchamp
2054 - Un grand voyage en forêt
2053 - L’ailé et l’aliéné
2052 - Souvenirs lointains
2051 - Domestication d’une greluche
2050 - Déprime à Clinchamp
2049 - L’amour à Clinchamp
2048 - Les Droits de l'Homme, c'est la négation de l'homme !
2047 - Les hivers de Clinchamp
2046 - Les chemins de Clinchamp
2045 - Seul au monde
2044 - Ne me parlez pas d’amour
2043 - Tristesse de l’été
2042 - Jour de fête à Clinchamp
2041 - Monsieur Lecon
2040 - Châtelain
2039 - Les ailes de Clinchamp
2038 - Tremblement de terre
2037 - Nuit d’amour
2036 - Pluie de joie à Clinchamp
2035 - Les gauchistes
2034 - Clinchamp sous les clartés lunaires
2033 - Henri d’Anselme, héros hétéro rétro
2032 - Les hirondelles
2031 - Retraite dans la forêt
2030 - Mon bosquet
2029 - L’or de Clinchamp
2028 - Sur le chemin
2027 - La souche
2026 - Clinchamp, ce voyage sans fin
2025 - Sardines à l’huile
2024 - Les fantômes
2023 - Le silence de la forêt
2022 - Les arbres
2021 - Les joies de Clinchamp
2020 - La merde républicaine
2019 - Les ailés
2018 - Les soirées de Clinchamp
2017 - Parasite
2016 - Clinchamp, les routes de l’ennui
2015 - Moi français, je déteste les migrants !
2014 - Répugnante
2013 - Les complotistes
2012 - Je déteste les livres de philosophie !
2011 - Le bossu de Clinchamp
2010 - La lumière de Clinchamp
2009 - Les crépuscules de Clinchamp
2008 - Les nuits à Clinchamp
2007 - Les aubes de Clinchamp
2006 - Je suis un oiseau à Clinchamp
2005 - Les rats de Clinchamp
2004 - Les papillons de Clinchamp
2003 - Les richesses de la normalité
2002 - Le Rimbaud des bobos
2001 - Les vaches de Clinchamp
2000 - La folle de Clinchamp
1999 - Mon ego solaire
1998 - Vague Lune
1997 - Ma cabane à Clinchamp
1996 - Moi, IZARRA
1995 - Mais qui donc est Dardinel ?
1994 - La Dame Blanche de Clinchamp
1993 - Le Dalaï-Lama
1992 - Pluie à Clinchamp
1991 - Je suis sexiste
1990 - Les flammes du printemps
1989 - Le rustaud de Clinchamp
1988 - Les larmes d’Amsterdam
1987 - Clinchamp, terre d’envol
1986 - La Joconde de Clinchamp
1985 - Face cachée de Clinchamp
1984 - La clocharde de Clinchamp
1983 - Je suis un extraterrestre
1982 - Clinchamp sous les éclats de novembre
1981 - Clinchamp au bord des larmes
1980 - Les fantômes de Clinchamp
1979 - Les pissenlits de Clinchamp
1978 - Clinchamp : fin et commencement de tout
1977 - Amsterdam
1976 - J’habite sur la Lune
1975 - Secret de Lune
1974 - Les ailes de la Lune
1973 - Voir Clinchamp et sourire
1972 - La pierre et l’éther
1971 - Clinchamp, au bonheur des larmes
1970 - Clinchamp, mon dernier refuge
1969 - Croissant de Lune
1968 - Mais d’où vient donc la Lune ?
1967 - Lune lointaine
1966 - Lune éternelle
1965 - Sandrine, notre voisine
1964 - Rêve de Lune
1963 - Lune des rêves
1962 - La Lune dans le bleu
1961 - Lune ultime
1960 - Les tourmentés
1959 - Clinchamp, paradis des ombres
1958 - Lune absente
1957 - Je raffole des commérages !
1956 - Clinchamp : royaume des humbles
1955 - La Dame dans le ciel
1954 - Palmade : de la gloire au gouffre
1953 - Evasion
1952 - Tatouages, ces marques de faiblesse
1951 - L’égalité est un enfer !
1950 - Repas sur l’herbe à Clinchamp
1949 - Escale à Clinchamp
1948 - Beauté morbide de la Lune
1947 - J’ai dormi dehors à Clinchamp
1946 - Les humanitaires sont des parasites !
1945 - Sur les routes de Clinchamp
1944 - Une année à Clinchamp
1943 - Tristesse du printemps
1942 - Bulle de Terre
1941 - Jour de joie à Clinchamp
1940 - L’inconnu de Clinchamp
1939 - Le ciel de Clinchamp
1938 - Les éclats de Clinchamp
1937 - Le voyageur
1936 - Fête triste
1935 - Les antiracistes
1934 - Jean Messiha
1933 - Coeur gelé
1932 - Romantisme de pierre
1931 - La femme est sous mes pieds
1930 - Burcu Güneş, un air léger
1929 - Je déteste les pauvres !
1928 - Quand mon coeur s’allume
1927 - Intègre, entier, râpeux
1926 - Le cheval
1925 - Homme mauvais
1924 - Un trou sous le ciel
1923 - Hauteur de la Lune
1922 - Nulle part, là-bas, ailleurs
1921 - Belle Lune
1920 - Salades lunaires
1919 - Lettre à Reynouard
1918 - MARGUERITE OU L’HISTOIRE D’UNE VIEILLE FILLE
1917 - Récoltes lunaires
1916 - Je suis français de souche
1915 - Lune mortuaire
1914 - Clinchamp, cité des oubliés
1913 - Clinchamp, l’air de rien
1912 - Clinchamp, sommet du monde
1911 - La pollution, c’est la vie !
1910 - Seule au monde ?
1909 - Le Ciel et la Terre
1908 - Lune de haut vol
1907 - La Lune s’allume
1906 - Nuit sombre
1905 - Soupe de Lune
1904 - Puretés raciales
1903 - Lune-pizza
1902 - La grande question
1901 - Amiens
1900 - Pleur de Lune
1899 - Rêve d’amour
1898 - Vive le patriarcat !
1897 - La libellule
1896 - L’eau qui m’éclaire
1895 - Une question de clarté
1894 - La Lune dort
1893 - Les artifices du spirituel
1892 - Lune normale
1891 - Ni chauffage ni travail
1890 - Lune de fer
1889 - Molle Lune
1888 - Insensible aux malheurs des autres
1887 - Mon visage de vérité
1886 - Amante russe
1885 - J’écris
1884 - Lune martiale
1883 - Je suis un incapable
1882 - Lune creuse
1881 - 1975
1880 - L’éclat d’un fard
1879 - Amour impossible
1878 - Femme au foyer
1877 - L’esprit de la Lune
1876 - Ingérence féministe
1875 - Cratères lunaires
1874 - Lune d’effroi
1873 - Lune des chats
1872 - Les athées
1871 - Lune d’or
1870 - Lune carrée
1869 - Lune de miel
1868 - Folle lune
1867 - Jour de joie
1866 - SMARPHONES : abrutissement des masses
1865 - Sombre lune
1864 - Les mouches
1863 - Ma vie simple
1862 - Clinchamp, terre lointaine
1861 - Je suis un conservateur
1860 - Lune de glace
1859 - Le lac
1858 - Qu’est-ce que la beauté ?
1857 - Lune blanche
1856 - Lune de mer
1855 - Lune de feu
1854 - Présence immortelle
1853 - Surprenante Lune !
1852 - L’éclat de la Lune
1851 - Epis lunaires
1850 - L’autre Lune
1849 - L’amie des cheminées
1848 - Lune morte
1847 - Lune Parmentier
1846 - Lune fatale
1845 - Amour céleste
1844 - Grâces et disgrâces
1843 - Ma maison, c'est la Lune
1842 - Poids de la Lune
1841 - La morte visiteuse
1840 - Ma cabane sous la Lune
1839 - Bleu ciel
1838 - Histoire de lune
1837 - Suc de Turque
1836 - Stéphane Blet
1835 - Ciel bleu
1834 - Bonheur de rat
1833 - Redneck
1832 - Sur le rivage
1831 - Attraction lunaire
1830 - Je suis anti-féministe radical
1829 - Mais qui est-il ?
1828 - Je veux des frontières !
1827 - Les francs-maçons
1826 - Folies lunaires
1825 - Alunir, en un mot
1824 - “Comme ils disent”, chanson d’Aznavour
1823 - Lune tiède
1822 - Globe de rêve
1821 - Effroi
1820 - Vangelis
1819 - L’air de la Lune
1818 - La campagne
1817 - Lune tombale
1816 - Les cailloux
1815 - Je déteste Paris !
1814 - Boules de neige
1813 - Je n’ai pas peur
1812 - Parler vrai
1811 - Les hommes simples
1810 - Quand la Lune panse
1809 - Régine : extinction d’un feu
1808 - Morte veilleuse
1807 - Coeur de pierre
1806 - Noir
1805 - Mystère de la Lune
1804 - Jackson Pollock
1803 - En pleine lumière
1802 - Harmonie des sexes
1801 - Dix ans dans l’azur
1800 - Pluie d’avril
1799 - Le gueux
1798 - Les pommes de pin
1797 - Voyage vers la Lune
1796 - Mystère d’une nuit
1795 - Une lumière turque
1794 - Sans coeur et avec écorce
1793 - Envolé !
1792 - Galante ou l’abcès crevé
1791 - La lumière du Bosphore
1790 - Claude Monet
1789 - Rat aristocrate
1788 - Ukraine : sortez de vos ornières mentales !
1787 - Tranche de ciel et plumes de la Terre
1786 - Les sots écolos
1785 - L’astre turc
1784 - L’Ukraine, je m’en fous totalement !
1783 - Vive la guerre !
1782 - Réponses à un coatch
1781 - Droite pure
1780 - Vains hypersensibles
1779 - Mes valeurs vives
1778 - Le secret
1777 - Force et lumière
1776 - De l’herbe à l’aiguillon
1775 - Jusqu’à la mort
1774 - Zemmour et les journalistes de gauche
1773 - Dur et juste
1772 - La flamme et le marbre
1771 - Mon chat est mort
1770 - Les frères Bogdanoff
1769 - J’ai rêvé de Natacha
1768 - Technologie
1767 - Vers la Lune
1766 - C’était la guerre
1765 - La “tondue de Chartres”
1764 - Dans le métro
1763 - Naissance d’un virus
1762 - Zemmour est-il un de Gaulle ?
1761 - Je suis grand
1760 - Jour de gloire
1758 - Une muse du Bosphore
1758 - Je suis un extrémiste
1757 - Les éoliennes
1756 - Femme terminale
1755 - Autoportrait
1754 - Je suis un sanglier
1753 - Faux fou
1752 - Les affaires
1751 - Octobre
1750 - Le fantôme
1749 - Les écrivains
1748 - Sauvez la France !
1747 - Mes sentiments de pierre
1746 - Une araignée raconte
1745 - Un coeur clair
1744 - Phallocrate
1743 - Les vaches
1742 - Les faibles sont mauvais
1741 - Les sans-visage
1740 - Le trouillard de gauche
1739 - Léonard de Vinci enfant
1738 - Mes froideurs sublimes
1737 - Le romantisme, c’est la décadence
1736 - La Joconde
1735 - La tour Eiffel
1734 - Le Soleil
1733 - Une boule de mystère
1732 - Les masqués
1731 - Burcu Günes, l’or turc
1730 - Léa Désandre
1729 - Le père Dédé
1728 - “Blanc lumière” de Pollock
1727 - Les kikis et les cocos
1726 - Les funérailles de Belmondo
1725 - Pôle Sud
1724 - Vierge au mariage
1723 - La forêt
1722 - Le réveil des clochers
1721 - En septembre
1720 - Extraterrestre
1719 - Ni cagoule ni sérum
1718 - L’astre des morts
1717 - L’idéaliste
1716 - Un ange noir pour les Blancs ?
1715 - Trois heures du matin
1714 - Dur et vivant
1713 - Homme des bois
1712 - De flamme et de sang
1711 - Mes bas potentiels
1710 - Je suis un anti-progressiste
1709 - Eléonore et les Noirs
1708 - Eléonore et les Juifs
1707 - Une française
1706 - Femme d’idées
1705 - Joie de vivre
1704 - Auteur de rêves
1703 - Raison féminine
1702 - Vieillard
1701 - Face de France
1700 - 1789
1699 - Adieu, France
1698 - Célibataire
1697 - L’envers vert
1696 - Avant la chute
1695 - L’aube d’Ève
1694 - Amour raté
1693 - À vue d’homme
1692 - Le loup et l’agnelle
1691 - Têtes à corps
1690 - Trêve de la nuit
1689 - L’été
1688 - L’hiver
1687 - Les âmes de la forêt
1686 - Enfin libre !
1685 - Je vis sans masque
1684 - Enfants du monde
1328 - Je suis apolitique
115 - Le cygne
114 - Le spleen de Warloy-Baillon
113 - Les visiteurs
112 - La Lune
111 - L’amant des laides
110 - Mémoires d’un libertin
109 - Une existence de pompiste
108 - Lettre à mes amis des listes sur Internet