Dans ma vie je ne m’encombre d’aucun superflu.
Le strict minimum me convient, le reste m’étouffe.
J’évite d’acquérir tout objet susceptible d’alourdir mes jours. Et me
débarrasse de toute chose dont je n’ai plus besoin.
Je ne trimballe pas avec moi toutes ces affaires qui généralement vous
agréent, vous les affamés de matière, vous les assoiffés de modes, vous les
avides de vide. Vous les croyez essentielles, en réalité ce ne sont que des
poids morts.
Vous ne pensez qu’à accumuler de vaines richesses, vous mes semblables. Moi
je cherche à me séparer du peu que j’ai : j’estime en avoir toujours trop.
C’est la raison pour laquelle vous me voyez mal vêtu. Avec des tissus
parfois étirés, déformés, déchirés.
Mon crâne est rasé de manière spartiate et non coiffé selon les
délicatesses en vogue. Je porte des chaussures crottées dont l’aspect (style,
couleurs, formes, niveau d’usure) m’indiffère particulièrement... Je roule sur
un vélo déglingué, rafistolé, rouillé, pas beau du tout et même fort laid. Mais
du moment qu’il remplit sa fonction première, n’est-ce pas l’essentiel ? Quant à
ma bagnole, elle est cabossée, ringarde, poussive comme un tacot. Et je trouve
cependant que pouvoir me mouvoir sans effort grâce ce moteur à explosion entouré
d’une carrosserie est un luxe incroyable !
Je n’ai que faire des jugements de ce siècle à propos de la marque de mes
habits, de la rutilance de mes véhicules ou bien de l’état hygiénique de mes
semelles...
Bref, avec mes moeurs grossières, mes goûts rudimentaires et mes grosses
bottes de pèquenaud, je ressemble à un authentique plouc.
Que je suis, d’ailleurs.
Je tire même une grande fierté de ne me faire l’esclave d’aucun mouvement
de frivolité.
Avec mes allures de clodo, de cul-terreux, de romanichel, on me prend
souvent pour un nécessiteux, une âme malheureuse, une victime du sort. En vérité
les vrais proies du destin, ce sont ceux qui me plaignent de n’être pas à leur
image.
Ces consuméristes ataviques sont devenus des produits humains, des pantins bariolés, parfumés, désarticulés, formatés, aliénés, dénaturés, fabriqués de toutes pièces par les médias, les industriels, les marchands de lessives, les vendeurs de babioles et autres manipulateurs professionnels, surtout intéressés par leurs bourses volatiles de gogos dans le vent...
Moi je suis naturel, allégé de tout artifice, libre et heureux de ne
posséder que des ailes.
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1 commentaire:
Un seul de tes vetement a eu le malheur de me deplaire depuis tant de temps que je te connais. Ce fut la veste en cuir, exactement parce que c'etait en cuir et que ca faisait trop Dupont pretencieux.
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