mardi 23 septembre 2025

2396 - La porte

Derrière, il y a tout.
 
Le reste de l'Univers, les vies, les histoires, les choses, le monde et les milliards d'hommes qui le peuplent.
 
La porte qui fait barrage à ma liberté n'est franchissable que pour les promenades, les douches et la morgue.
 
Elle se dresse devant moi de toute son épaisseur, aussi lourde qu'hermétique, mutique comme une stèle mortuaire. Un vrai marbre, en somme. Et ce, afin de bien me faire prendre conscience de sa métallique importance.
 
Sa fonction première consiste à demeurer close. Avec, à son pied, un criminel. Dans une société parfaite où tout serait prévu pour le détenu à l'intérieur de sa cellule, elle ne s'ouvrirait jamais durant tout le temps de sa peine.
 
Mais la réalité ici-bas étant imparfaite, les accès en acier des prisons se débloquent quand même pour y faire passer et repasser leurs otages... Y compris l'entrée de mon antre de sempiternel pénitent.
 
Les sorties à buts hygiéniques et les marches quotidiennes réglementaires, ainsi que les fouilles irrégulières, justifient que l'épaisse barrière de mon triste asile fasse chuinter ses gonds. Et ses grincements sont les seuls mots audibles qu'elle m'adresse.
 
Comme quoi rien n'est vraiment perdu pour moi. Je ne deviens pas encore fou de solitude puisqu'elle me parle un peu, à sa manière, et que je l'écoute avec attention...
 
Cela dit, hors des heures autorisées, elle ferme sa grande gueule de fer.

Mais que m'arrive-t-il donc ? Voilà à présent que je communique avec le portail de mon enfer !

2395 - Le plafond

Je ne recevrai plus jamais la caresse du Soleil sur mon front.
 
Le plafond de ma cellule forme désormais mon unique azur. Et la seule clarté sous laquelle je m'éveille le matin provient de l'ampoule électrique.
 
Mon âme cherche malgré tout une chaleur illusoire sous cet éclairage sécuritaire. La fenêtre de ma geôle renforcée de barreaux donne sur un angle restreint de la prison, une parcelle déserte de la cour cimentée, une vue sinistre et pétrifiée sur la mort du dehors.
 
Dans ces conditions regarder à l'extérieur ne m'apporte rien. Ce décor de béton ne présente pour moi  d'intérêt véritable que les jours de pluie où je peux jouir du spectacle de l'eau déversant quelques gouttes de vie à la sécheresse de cette maçonnerie désolante.
 
La nuit, ébloui par les projecteurs, je ne puis même pas percevoir les rares étoiles se situant dans mon champ de vision limité. Dès que vient le soir, le peu d'espace céleste auquel j'ai accès se trouve systématiquement bouché, cruauté de la chose, non par l'opacité et la hauteur des murs de l'enceinte, mais par les feux nocturnes. Aveuglants, ils effacent totalement le firmament, m'empêchant de plonger le regard vers l'infini.
 
Prisonnier de mon trou et en même temps piégé par la lumière, quelle ironie ! Dans ces moments où, omniprésente, envahissante, trop crue, trop laide, inhumainement réglementaire, purement artificielle,  douloureuse, cauchemardesque, j'aimerais la fuir pour mieux m'évader virtuellement, elle me rattrape et m'interdit de rêver sous les astres...
 
La pièce dans laquelle je dois passer le reste de mon existence demeure allumée en permanence, comme la reproduction miniature du vaste bloc pénitentiaire qui m'entoure.
 
Impossible d'échapper à la voûte de plomb de ma chambre de captif et à sa flamme invariable qui me surveille vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Ce ciel blanc au-dessus de mon lit est ma bête noire.

lundi 22 septembre 2025

2394 - Nulle compagnie

Je meurs dans une solitude absolue au creux de ma cellule.
 
Je suis livré au temps inutile qui passe. A petit feu, seconde après seconde, sans témoin ni personne avec qui partager ce sombre vertige. Je ne rencontre rien de plus palpitant que mon ombre sur les murs ou bien mon reflet dans la glace.
 
En dehors de la visite règlementaire des matons, je demeure séparé du reste de l'Humanité. A tout jamais. Je me retrouve aussi écarté des autres humains qu'une terre gelée ne captant plus la lumière de son soleil éteint.
 
Dans ma minuscule geôle, paradoxalement je me vois pareil à un grain de poussière sidéral entouré de l'immense vide spatial. Un point isolé qui tourne en rond au coeur de l'infini. Je ne suis pas différent de cette particule de matière égarée entre les étoiles : ici, statique dans ma prison, moi aussi je vogue vainement dans l'obscurité en direction d'un gouffre cosmique, loin des astres peuplant l'Univers.
 
La liberté essentielle, n'est-ce pas d'être en contact joyeux avec ses semblables ? Avec ou sans clôture, au fond d'un trou ou au centre de l'incommensurable, si l'on vit en l'absence de ses prochains de manière non choisie, ne porte-t-on pas d'invisibles barreaux en soi ?
 
Subir un tel sort sans un être physique avec qui communiquer, sans la chaleur d'un interlocuteur qui nous comprend, sans la présence d'un ami qui nous ressemble, sans la complicité d'un proche qui nous écoute, voilà le plus terrible des enfermements ! Etre ainsi coupé de ses frères bipèdes revient à enlacer la nuit, embrasser le froid, étreindre le néant.
 
L'ermite s'est volontairement retranché du monde, pas le détenu. Le premier jouit de sa situation, le second l'endure.
 
Je suis deux fois prisonnier : retenu dans ma pièce aux parois de béton et privé d'échanges.
 
Comme un hôte de misère arrivé au milieu de nulle part, je respire seul l’air de mon oubliette.
 
Abandonné et nu.
 
Heureusement, il me reste mon espace d'évasion : les pages blanches où j'écris et grâce auxquelles un jour, peut-être, ces mots voués à être perdus seront finalement lus. Si quelqu'un tombe sur ces lignes, j'ignore si ce sera dans vingt ans ou un siècle, il saura qu'une âme les a sorties des profondeurs.
 
Il est également possible que ce lecteur hypothétique croie à une fiction, à une histoire inventée par une plume en quête de succès, à une fable destinée à séduire un éditeur.

Qui sait ?

2393 - Bientôt fou ?

C'est le début de ma longue progression vers l'enlisement.
 
Les premières routines se sont installées. Je ne me projette déjà plus dans un avenir illusoire, ne me perds pas stérilement dans des considérations purement théoriques. Au contraire, je ne m'accroche qu'au seul réel encore à ma portée.
 
Je me laisse engloutir par les jours pétrifiants qui se succèdent. Le temps devient une entité à la fois vague et tangible, un sable incolore qui me recouvre peu à peu, une sorte de présence invisible qui s'impose à moi de plus en plus et m'enfonce la tête dans une nouvelle sphère. C'est une force floue, un vent doux et léthargique qui insidieusement m'entraîne vers un autre univers fait de lenteurs, d'attente, de vide et de silence.
 
J'entre dans cet espace vierge comme si j'étais un nouveau-né.
 
J'y découvre un monde étranger avec des formes singulières, des lois différentes. Ici rien n'est totalement désespérant : en fait j'ai le choix, je le sais, de subir cette réalité ainsi qu'un mauvais rêve ou bien d'interagir à mon bénéfice, avec ces éléments qui m'entourent. Aussi peu que ce soit certes, mais de manière certaine et concrète.
 
Même si cette liberté de faire bouger modestement les ombres, d'allonger ou de raccourcir les heures de quelques secondes ou de décider de la couleur que prendront les mirages reste parfaitement dérisoire, je puis à ma guise en user pleinement. Aussi, ivre de cette découverte, je remplis ces inutiles interstices de toute ma volonté d'action.
 
Cette possibilité de mouvement semble ridicule. Elle demeure, il est vrai, dans les limites restreintes de mes capacités mentales, psychologiques et spirituelles au sein de ma minuscule cellule. Cela suffit cependant pour m'ouvrir une porte insoupçonnée, dépasser une frontière, pénétrer dans un ailleurs qui m'allège et m'emmène vers une once de ciel bleu.
 
Mais conscient pourtant que ces insignifiances prennent des proportions démesurées, je m'interroge...

Je me demande si, au point où j'en suis, tout ce que je viens d'écrire sur cette feuille blanche qui me sert d'évasion ne serait finalement pas un pauvre délire.

dimanche 21 septembre 2025

2392 - Départ

Le grand voyage commence.
 
Me voici assis au bord d'une éternité, au pied d'une épreuve incommensurable, écrasé par des milliers de jours à venir, tous invariables, dont chacun sera une plaie.
 
Je me retrouve embarqué de force dans une aventure statique qui, à chaque instant, me mènera tragiquement à mon point de départ.

Jeté dans cette mer d'huile mortellement immobile,
accroché à mon radeau d'ennui, je vais désormais devoir naviguer sur les heures lourdes, interminables, innombrables et anonymes déferlant devant moi.
 
Le temps devenu torture me rongera, m'engloutira, et le monde extérieur pour moi s'éloignera d'année en année. La vie dehors restera définitivement hors de ma portée. Au-delà de la prison, tout m'apparaîtra aussi inaccessible qu'abstrait.
 
Je ferai de l'univers minuscule de ma cellule mon unique océan.
 
Je traverserai cet espace restreint en long et en large, en travers et en profondeur jusqu'à y découvrir des trésors dérisoires qui me sembleront sans prix.
 
Cependant rien n'est tout à fait perdu puisque je n'ai plus la moindre chose à perdre. La plus petite parcelle de nouveauté, d'action, de pensée, de réalité que je peux gagner dans ma situation, aussi insignifiante soit-elle, ajoutera fatalement du "beaucoup" au "peu".
 
Vaille que vaille, je me laisserai donc pousser des ailes, moi le captif des murs, moi l'âme pécheresse soumise aux fers des hommes, moi l'oiseau mis en cage, afin de prendre de la hauteur au-dessus de ce trou sans fin au lieu de m'y étaler platement.
 
Les rares prises qui demeurent encore possibles pour me faire tenir ne sont pas d'ordre physique, matériel, mais purement poétique. Au lieu de m'adosser bêtement aux barreaux, je m'agrippe à mes bulles mentales : une des plus légères manières de m'échapper.
 
Chaque seconde sacrifiée ici constituera pour moi une peine, une souffrance distillée goutte à goutte.
 
Mais ce purgatoire où je sentirai la brûlure des minutes sera aussi mon ciel.
 
Ce gouffre de neuf mètres carrés dans lequel mon coeur de criminel se videra de ses noirceurs miette après miette pour mieux se racheter, se chargera tout à la fois d'espérance.

Je suis en ce lieu pour y mourir : à mon dernier souffle, je serai totalement lavé de mon crime.

2391 - Mes geôliers

Ils forment le cinquième mur de ma cellule.
 
Impersonnels, froids et administratifs, mes gardiens se fondent dans le décor. Ces hommes secs aux gestes de robots sont payés ni pour me plaire ni pour adoucir ma peine, mais pour me chagriner au possible de leur présence comme de leur absence. Mais s'ils me tourmentent ainsi, c'est toujours dans les limites inhumaines les plus strictement réglementaires, bien entendu...
 
Mes geôliers se comportent avec moi en véritables barreaux.
 
Leur visage est un portail verrouillé, un masque impassible, un désert gelé. Et leur coeur, un coffre-fort scellé à la soudure.
 
Ils sont composés d'acier, de glace et d'obscurité.
 
Formés pour n'être que des uniformes ambulants, ils s'acquittent de leur tâche sans état d'âme. Et s'il faut qu'ils fassent parfois preuve à mon égard de ce que l'on pourrait appeler de la "méchanceté", ils le font avec rigueur, soin et efficacité.
 
D'ailleurs ils ne sont pas "méchants" mais simplement zélés.
 
Je n'ai rien à craindre d'eux en réalité : ils agissent en bons professionnels sur qui je peux compter. Leurs inévitables paroles blessantes et nécessaires oppressions sont scrupuleusement encadrées.
 
Sans broncher, je reçois de leur part un quota quotidien de mauvaise humeur et d'authentique férocité. Des fruits amers mérités certes, mais très précisément définis, conformément calibrés, finement pesés, mesurés avec justesse, parfaitement légaux. La dureté n'est pas falsifiée ici.
 
Et jamais un sourire. Toute fantaisie est interdite, ce que je peux comprendre dans mon cas.
 
Il n'y a dans l'attitude de mes cerbères nul excès, seulement la pure application d'un règlement de fer.
 
Leurs yeux qui se posent sur ma tête de criminel ressemblent à des fenêtres noires : les rares regards qu'ils m'adressent me pénètrent et me jugent en silence.
 
Ces fonctionnaires semblables à des automates implacablement réglés qui ne me montrent aucune indulgence sont mes seuls et définitifs contacts avec l'Humanité.
 
Il ne me reste qu'eux.

Et c'est exactement pour cette raison que je les aime.

samedi 20 septembre 2025

2390 - L'enfermement

Dans ma réclusion perpétuelle, le temps prisonnier des murs pèse autant qu'une montagne qui s'égrène. Les heures deviennent des pierres, les minutes des gouffres, les instants des rochers.
 
Tandis que les secondes, invariablement, demeurent des miettes : juste des particules incolores qui se succèdent. Tantôt elles sont faites d'un présent qui compte, tantôt elles ne sont rien du tout. Soit elles passent et se brisent dans l'air telles des bulles de mort, soit elles stagnent, s'attardent, s'éternisent stérilement devant moi, sans but ni aucun sens.
 
Et une journée est pareille à une autre : aussi énorme que dérisoire.
 
Chronos fait de grandes enjambées et des bonds immenses dans un ralenti qui n'en finit pas, et tout se meut au rythme déprimant d'une irréelle lenteur.
 
Et j'attends.
 
Je reste sur place, ne pouvant faire autrement, à contempler la durée des choses. Je me laisse progressivement emporter par le vide. Là, paradoxalement, lorsque je rejoins cette forme de néant, je me retrouve loin de ma cellule, hors des pesanteurs qui m'entourent et m'affligent tant. J'oublie mieux tout ce qui remplit mon existence de plomb et de ténèbres.
 
Je flotte dans un espace désempli, comme si j'avais des ailes.
 
Durant ces moments précis je n'ai volontairement plus de tête pour y faire tourner mes pensées en rond et souffrir inutilement : je la remplace par une cervelle d'oiseau, ce qui enlève toutes les épines de mon âme et me donne même de la plume.

Absent à tout, je suis alors aussi léger qu'une brute qui ne pense plus.

2389 - Quatre murs

Les murs qui m'entourent sont mes pires gardiens.
 
Et mes plus proches confidents.
 
Ils me surveillent jour et nuit, m'observent, m'épient, m'accompagnent dans le présent, le passé, le futur. Ils semblent mes amis et mes ennemis de toujours, ils seront mes chiens fidèles et mes poursuivants jusqu'à ma mort.
 
Ils m'encerclent en silence et fixent le vide. Ou peut-être l'éternité. Et je prends leur regard de béton pour un jugement : j'ai l'impression d'être leur jouet. Je sens le poids de leur sentence sur ma tête. Leur mutisme en dit long sur leur froide détermination à demeurer, perdurer, et même me survivre. Enracinés dans les siècles, immuables et quasi indestructibles, ils ont l'éloquence des tombes.
 
Ils se tiennent debout autour de moi, tantôt impassibles, tantôt réprobateurs. Ils m'écrasent, m'étouffent, prennent toute la place, me font de l'ombre.
 
Aussi austères soient-ils, ils me bercent également de leur immobilisme rassurant, ils me protègent et veulent me laisser vivre à leur pied cent longues années encore. Et même bien plus si cela leur était possible. Leur but n'est pas de me tuer mais au contraire de me tenir plus que jamais vivant. Et en bonne santé. C'est leur rôle, leur mission, leur promesse. Ils sont les socles, je suis leur hôte.
 
Tels des remparts contre les chocs de l'extérieur, ils me préservent de tout. Ils m'isolent du reste du monde et m'étreignent tout à la fois.
 
Je les hais et les aime, eux qui s'imposent avec tant d'insistance. Cependant je sais bien que s'ils s'acharnent à se dresser devant moi avec autant de force, c'est pour se faire mieux oublier, justement. C'est la règle du jeu, cruel et pourtant complaisant : ils sont là, je les vois et les chasse de mon esprit avant qu'ils ne reviennent. Il disparaissent de mes pensées puis réapparaissent dans mon champ de vision, indéfiniment. On se perd de vue, on se retrouve. Je les quitte, ils me rattrapent. Je les abandonne, ils me talonnent. Je les fuis, ils me courent après, me suivent à la trace, m'assiègent.
 
Ces quatre parois sont implantées au fond de mon âme. Je les frappe rageusement du poing ou leur parle calmement. Ambivalents, complexes et ambigus, ces obstacles me détruisent et me soutiennent. Comme des falaises infranchissables, ils me restreignent et m'enveloppent, me persécutent et veillent sur moi, m'assomment et me caressent. Je suis un captif qui palpite dans un berceau de ciment et sur lequel se penche un impassible chef de chantier.
 
Je ne reçois aucune tendresse, mais nulle haine non plus. On me prive de la lumière du Soleil c'est vrai, mais on ne m'inflige pas de ténèbres pour autant. Il m'est interdit de m'échapper, mais point de rêver.
 
Je suis enfermé d'un côté, par ailleurs on me permet d'accéder à une autre forme de liberté. On m'enchaîne physiquement et en même temps on m'offre l'opportunité de m'évader virtuellement. On m'emprisonne mais on me laisse le souffle de vie.

Non je ne suis pas devenu une pierre. Réduit à une minuscule flamme, je ne m'éteins pas tout à fait entre ces fantômes statiques.

vendredi 19 septembre 2025

2388 - Des mots en guise d'ailes

Dans ce gouffre où je gis à présent, l’administration pénitentiaire m’a toutefois accordé de quoi m’évader à peu de moyens : un stylo et du papier.
 
Elle a choisi en réalité d’acheter au rabais une paix perpétuelle sur les neuf mètres carrés où désormais je vais devoir passer le reste de mon existence. Un détenu s’accrochant à une plume étant une garantie d’ordre et de sécurité, j’ai eu droit à ce traitement de faveur.
 
En dépit de l’horreur de mon crime, je fais partie des privilégiés à qui l’on offre le minimum pour obtenir le maximum : quelques gouttes d’encre fraîche en échange d’un fleuve de tranquillité. Une carotte contre la promesse d’une montagne. Cela semble dérisoire mais ça me va.
 
L’écriture sera donc mon refuge, ma soupape, ma libération.
 
Des feuilles sans nombre à noircir régulièrement, pour mes geôliers ce sont des chaînes supplémentaires que je m’inflige à moi-même, mais surtout un allègement de leur travail. Pour moi ces modestes rectangles volants où je couche mes mots sont des voiles immenses qui me font voguer vers des horizons éclatants.
 
Donner au prisonnier qui le demande l’opportunité d’écrire permet de canaliser toutes sortes de flammes, d’amoindrir des douleurs, de dévier des larmes, de contenir des feux. Cette plongée dans le calme et l’introspection est l’assurance de plus de quiétude pour tous.
 
Mon sort est celui des damnés du monde, je suis un réprouvé du siècle et j’ai été condamné au pire. On m’a placé là afin que j’expie. Je n’ai par conséquent aucun écran dans ma cellule. Pas plus de radio. Rien qui puisse capter des ondes. Nul journal. Ni lucarne donnant sur l’extérieur ni trappe à travers laquelle recevoir le moindre cadeau.
 
Juste l’infini de la page blanche.
 
Autrement dit, j’ai tout. Le meilleur. L’inespéré : le ciel sans borne de l’imaginaire. Avec les nuages et les oiseaux qui le peuplent, mêmes s’ils ne sont que des rêves.
 
Là, sur ma table, sous mes yeux, sur cette surface immaculée où vont se figer mes pensées, je vois de la lumière. Une fenêtre s’ouvre, remplaçant tout ce qui me manque.
 
Sur cet espace minuscule où s’alignent mes phrases, je peux prendre de la hauteur, quitter mes fers et vous raconter mon enfer.
 
J’accepte certes de souffrir, mais réclame également de continuer à vivre. Qu’on m’enferme c’est entendu, mais qu’on me laisse respirer.
 
Ces feuillets où ma vie confinée trouvera un prolongement, de la profondeur, un écho, une invisible écoute constitueront mon coin de verdure, ma sphère d’azur, mon envol carcéral.

Je suis seul et je m’adresse à mon ombre. Pourtant j’ai l’impression, étrangement, que l’Univers entier m’entend.

2387 - Mon trou

J'ai failli et les hommes m'ont maudit.

Aussi terrible que soit mon sort, à partir de maintenant je n'ai plus le choix. J'approuve la sentence et la signe.

Je préfère regarder la vérité frontalement. Elle me brûle et m'éclaire en même temps. Elle est un feu implacable qui de toute façon ne m'épargnera pas. Dès lors que ses flammes sont inévitables, autant me jeter dedans.

Me voici face à une sinistre immensité, au pied d'une réalité de plomb : la simple conséquence de mes actes. 

Ma vie est désormais vouée au châtiment. Je n'appartiens plus au monde des vivants. Même le Soleil m'a chassé de sa vue. Privé de la lumière des justes, j'affronte dès aujourd'hui une éternité d'ombre, de vide et d'ennui.
 
Je me retrouve dans un espace triste et étroit qui s'appelle la prison. Enfermé dans une cellule en compagnie du néant.

Puisque j'ai plongé dans les ténèbres du crime et que le glaive de la loi m'a rattrapé, je ne suis plus digne que de ces murs rédempteurs qui m'entourent.
 
Il est tard, je suis épuisé et m'effondre. Je dors d'une traite jusqu'au matin.
 
C'est ma première journée de réclusion.
 
Je viens de me réveiller au fond d'un trou et vais devoir traverser un océan de jours et de nuits en direction de la mort. Un voyage immobile sans fin, sans but, sans surprise.
 
Le prix de mes méfaits.
 
La seule issue que je puisse espérer est la tombe
 
Effroyable perspective !
 
Une peine non dénuée de sens cependant : au bout de l'épreuve, le rachat. Paradoxalement, j'ai tout à gagner à tout perdre. J'accepte donc le jeu.
 
Payer mes malfaisances est l'unique liberté qui me reste. Cette possibilité de me laver de mes fautes suffit d'ailleurs à faire fructifier la dernière parcelle de clarté en mon âme.
 
Dure certitude à la hauteur de ma prise de conscience... Mais le salut se mérite.
 
Tandis que je demeure étendu sur mon lit depuis seulement une heure, voilà que deux spectres viennent de s'asseoir à mes côtés : le silence et la solitude.
 
C'est ici que commence mon odyssée.

jeudi 11 septembre 2025

2386 - Connexion céleste

Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy

Les bruits de la Terre montent jusqu'au Ciel, l'ange là-haut les entend et se penche sur les cris et et les rires des mortels.
 
Les fumées et fracas du monde affligent l'ailé. Tant d'erreurs et de mensonges en bas ! Tous ces hommes autour du globe qui ne pensent guère à lever les yeux, englués qu'ils sont dans leurs lourdeurs matérielles...
 
Alors que la légèreté du dépouillement les délivrerait.
 
Ces ânes chargés de fausses richesses marchent dans l'ombre et s'enlisent dans la boue.
 
Ils s'imaginent que leurs minuscules et fragiles châteaux de papier constituent les bases solides de leur vie, alors qu'une simple et anodine panne d'électricité peut suffire à les faire plonger dans le néant.
 
Privés d'énergie, leurs fils coupés, débranchés de leurs appareils, et ils se retrouvent subitement au même niveau que les hôtes des cavernes, perdus dans le noir !
 
Ils se croient les maîtres de toutes choses, ils ne sont que les esclaves de leurs vices, de leur mirages, de leur technologie.
 
Ces humains dénaturés ont oublié jusqu’à la notion du péché, inversent les valeurs, parlent à leurs écrans. Leurs regards dirigés vers les étoiles abstraites, artificielles, virtuelles de leurs portables brillent de bêtise et d'ignorance : la seule lumière qui les éclaire est celle de leurs smarphones. Ils ont sacralisé l'insignifiance.
 
Et sont devenus des pions sans âme.
 
Ils confondent la bulle de leurs rêves informatiques dans laquelle ils s'enferment avec la profondeur des racines. Ils sont hyper connectés, interactifs, omniprésents en ligne.
 
Mais vides à l'intérieur.
 
Le plomb de leurs illusions les retient au sol. Ces profanes se repaissent de vacuités et de trivialités, loin des sources essentielles qui les nourriraient de beauté.
 
S'ils voulaient y mettre un peu plus d'esprit, ils ne se réfugieraient pas dans le cloud mais se brancheraient directement sur l'infini des réalités célestes.

Il y verraient plus clair et apercevraient l'immense azur au-dessus d'eux, et y soupçonneraient peut-être la présence de cet éthéréen gardien qui les observe depuis son bleu sommet.

jeudi 4 septembre 2025

2385 - Une flamme de l'azur

Textes d'après un tableau du peintre Aldéhy

La geisha recueille les guerriers fatigués, soigne les héros aux ailes brisées, réconforte les coeurs blessés, enflamme le reste des hommes et allège les lourdeurs de son temps...
 
Elle accompagne le Soleil et la Lune dans leurs sommets, tantôt lumière le jour, tantôt flamme la nuit.
 
Et au crépuscule, devient un visage quasi sacré entre la brume et les nuages, comme une fleur pâle dans le flou des rêves.
 
Elle est une envoyée du ciel chargée d'escorter les âmes viriles de la Terre vers de glorieuses clartés.
 
Cette figure ineffable du Japon légendaire incarne la féminité idéale à face de déesse, aussi sage qu'ambiguë...
 
Est-elle le feu de la vertu ou bien la brûlure de l'ivresse charnelle ?
 
Exprime-t-elle la caresse de la rose ou la piqûre de l'épine ?
 
Elle demeure de glace, impassible dans ses neiges augustes, digne tel un marbre, gardant ses secrets pour les seuls élus qui l'approchent de près.
 
Elle reste dans le vague des visions lointaines, des paysages inaccessibles, des horizons imperceptibles.

Dans son regard on ne voit que du bleu.

mardi 26 août 2025

2384 - Seigneur cinglant

Je ne suis pas de ce monde fade et flasque et n'adhère nullement aux mollesses de ce siècle édulcoré qui m'a pourtant fait naître. Un ordre social que j'ai immédiatement rejeté, que je méprise plus que jamais aujourd'hui et qui se nomme "république".
 
Je ne me sens pas chez moi sur cette terre infâme aux couleurs régicides, égalitaristes, universalistes.
 
Sous une forme rêvée, idéale et intemporelle, je me sais enfant royal, fils céleste, ami des étoiles et frère des hommes de rang divin.
 
J'ai vu le jour sous un autre ciel et ai hérité d'une mentalité lumineuse : je suis le fruit intact de ces âges révolus où la pensée était saine, claire et simple et où la justice avait l'éclat tranchant des vérités de feu.
 
J'ai gardé la nostalgie de cette société radicale où la force, la hardiesse et la fracassante virilité concourraient au développement de la vertu.
 
La quête du sublime était la norme, la mort une banalité.
 
Et la souffrance, une formalité de la vie.
 
Bref, je coule une existence de reclus, loin des mensonges de cette triste civilisation, dans l'ombre paisible de mon château. Isolé de tout mais heureux, quoique souvent livré à l'oisiveté, je demeure accroché à mes valeurs sacrées, périmées aux yeux de mes contemporains, et en solitaire poursuis mon chemin de gloire, plein de folie et de vaillance.
 
Je ne m'occupe guère des règles et impératifs de ce temps qui n'est pas le mien. Pour cette seule raison, que personnellement je trouve fort mesquine, peu de gens parmi mes rares visiteurs m'apprécient, mais je suis habitué à morguer cette gueusaille. Je ne me chauffe point contre de si piètres choses... Ce qui m'enflamme bien plus profitablement, c'est de châtier mes jeunes bonniches. Sous couvert de quelconques broutilles, il me plaît à corriger ces sottes filles !
 
Je m'amuse à leur fouetter le dos.
 
Jusqu'au sang évidemment, sinon cette salutaire gymnastique que je m'impose ne me serait pas bénéfique... Il en va ici de ma forme physique comme de ma santé mentale. Non seulement cet exercice sur mes servantes me permet d'entretenir mes muscles vieillissants, mais en plus leurs larmes me consolent de mes longs lundis d'ennui. Ces heures, brèves mais précieuses, mettent du baume à mes souvenirs douloureux car il faut savoir que dans ma jeunesse je souffris de la perte de mes rats apprivoisés.
 
A ma table je consens à faire venir de mondaines châtelaines aguerries ou d'appétissants tendrons à l'âme candide, à conditions qu'elles paient de leur chair blanche le repas que je leur offre si généreusement.
 
Quant aux quémandeurs de toutes espèces, je leur destine les pires outrages, je leur crache au front, les rudoie sans remords, les bastonne de bois vert avant de les chasser de mon salon à coups de bottes aux fesses et de cravache au visage !
 
En effet, je pratique l'équitation.
 
Mais revenons à nos moutons.
 
La brûlure des lanières pour mes chambrières. La flamme charnelle pour mes convives. Le cuir de mes semelles et la gifle de ma badine pour les pouilleux.

On me surnomme le "seigneur cinglant".

lundi 25 août 2025

2383 - L'âme en l'air

Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy

Elle dirige son regard vers des clartés célestes. Il n'y a nulle hésitation dans son coeur, ce sont les hauteurs qui l'intéressent.
 
Ou pour le dire en deux mots inexorables, le ciel des anges.
 
Ne soyez pas sarcastiques vous les incrédules, les impies et les moqueurs de tous bords : elle ne veut pas accéder à l'équivalent de ces naïfs plafonds blancs des églises de sous-préfecture où évoluent de fades têtes ailées issues des légendes sulpiciennes, non... Vous seriez bien bêtes de le croire, ânes jouisseurs que vous êtes  !
 
Ces nuages de carton-pâte ne sont pas pour son âme de fer.
 
Elle n'aspire nullement à ces tiédeurs, platitudes et mollesses faites pour plaire aux médiocres, mais aux sommets inhumains, aux flammes rédemptrices et à leurs fracassants éclats !
 
Son chemin héroïque consiste en une vraie élévation. Elle souhaite la vertigineuse ascension, c'est-à-dire la dure, la difficile, l'austère, celle qui, entourée d'épines et de quolibets, débouche sur la joie pure.
 
C'est que, lassée des lourdeurs de la Terre, repue des saletés du siècle, écoeurée par les corruptions en vogue, elle a décidé d'abandonner les facilités du mensonge, le confort du faux,  les égarements de l'impiété.
 
Cette femme cherche une lumière qui la dépasse. L'argent, les vanités, l'artifice n'ont plus de saveur pour elle, ils ne valent plus rien à ses yeux.
 
Elle vise l'azur, les nues, les étoiles et plus loin encore...

Si loin que, perdant de vue l'essentiel depuis votre sol de certitudes matérialistes, vous appelez fort sottement "vide" cet infini se reflétant dans ses prunelles.

dimanche 24 août 2025

2382 - Flamme verte

Au coeur de la forêt s'ouvrent pour moi des chemins obscurs qui ressemblent à des gueules de loup, à des portes donnant sur je ne sais quelles ténèbres, à des entrées menant vers des rêves noirs.
 
Seul parmi les arbres inquiétants qui m'encerclent, loin des hommes et de la civilisation rassurante, je deviens un animal farouche, un ogre des bois, un hôte des cavernes et je pénètre dans ces voies inconnues de la sylve.
 
Je m'enfonce telle une bête traquée dans ces sentiers sombres apparus soudainement, comme entraîné par une volonté extérieure. Et je cours, je vole même, emporté par des ailes de cauchemar, étreint par des forces majeures...
 
Essoufflé, j'arrive bientôt en un lieu unique, mystérieux, isolé et silencieux. J'ai l'impression de me retrouver nulle part, dans un endroit sans nom, en dehors de l'ordinaire, ailleurs qu'en ce monde d'où je suis parti un instant plus tôt.
 
Les feuilles semblent des flammes vertes, les troncs des patriarches aux pensées folles, les souches des têtes d'ancêtres. Et le sol me paraît semblable aux nues : plein de merveilles, chargé d'histoires passées et à venir, semé de légèretés de toutes natures.
 
Et je me demande si je ne serais pas mort. Ou bien si je n'aurais pas sombré dans un songe profond. Ou si je n'aurais pas franchi le seuil d'un univers régit par d'autres lois.
 
Mais non, je me rends bien compte que je suis demeuré dans la réalité de tous les jours. L'ambiance est inhabituelle cependant. Je sens que tout est différent. L'air, la pénombre, l'espace : rien ici n'est pareil que de là où je viens. J'ai perdu mes repères et j'ai peur de cet asile nouveau où j'ai atterri.
 
Je suis venu m'échouer en ce coin insolite, escorté par un souffle impérieux, sauvage et brûlant, comparable au fracas salutaire de l'orage qui réveille les endormis du quotidien, enlisés dans leur léthargique mollesse et mortelles tiédeurs.

Mais à présent que j'y vois plus clair sous les branches séculaires, je ne crains plus. Finalement je sais où le sort m'a conduit : au royaume salvateur de la tranchante, romanesque, imaginative, céleste et fracassante littérature.

mercredi 20 août 2025

2381 - Au feu les plumes sombres !

J'ai en horreur les auteurs austères, les penseurs poussiéreux, les âmes de plomb qui se prennent pour des oiseaux de haut vol !
 
Péguy, Claudel, Bernanos, voilà des pointures pontifiantes de nos bibliothèques pétrifiées, des monstres de la pesante pensée, des astiqueurs d'airain, des immensités littéraires aux lourdeurs de marécages, des océans de glaciales sévérités générant des vagues d'un fracassant ennui...
 
Quelles mornes boursouflures ils incarnent sur cette Terre !
 
Ces montgolfières de gravité lestées de deuil et incapables d'humour peuvent crever dans leur ciel de pierre !
 
Nous n'appartenons pas au même monde eux et moi. Ces grands hommes solennels, véritables dindons-ballons gonflés d'obscures fumées et panthéonisés par de doctes imbéciles, traînent en réalité du sable dans leurs semelles, tandis que mes pieds d'ange ne sont qu'une joyeuse paire d'ailes.
 
Eux les marcheurs de chemins boueux, moi la plume de l'azur.
 
A ces chantres des brumes intérieures et adeptes des enfers cérébraux, vrais masochistes se complaisant dans leur folie névrotique, j’oppose le lumineux Daudet et le délicieux Maupassant. Voilà de beaux songeurs simples, des troubadours de la littérature et non pas de poisseuses bouses de vaches !
 
Oui, j’ose le clamer : les bardes raides et leur verbe alambiqué m’emmerdent.
 
Les vérités d'ascètes sclérosés qu'ils essaient de nous asséner ne tiennent nullement la route face à mon essor de pinson ! Un seul de mes gais sifflements suffit à pulvériser les rochers mentaux de ces intellectuels à l’esprit torturé. Leurs montagnes de certitudes aux cimes graves s'effondrent devant mon roseau chantant.
 
De ces héros d'un siècle de morosités, je ne fais qu'une becquetée !
 
Alors qu'ils pourraient s'abreuver de légèretés et répandre de l'allégresse tels de clairs papillons, ils infectent et infestent les maisons d'édition de leurs productions morbides ! Ces amers cafards contaminent et pourrissent les fleurs autour d'eux, propageant dans des collections de prestige la grisaille logée dans leur tête. Ces adversaires de la fraîcheur n'ont pas l'air d'aimer la vie, trop tourmentés qu’ils sont par leurs mots rances pleins de prétentions. Ils ont une attirance tellement prononcée pour les salades immangeables et les saloperies de chardons qu'ils aimeraient en faire bouffer à tous les lecteurs ! Moi je ne goûte guère au pain sec de leur ciboulot d'anti-rigolos.
 
Leurs livres sont des enclumes de chagrin sur les étagères, des poids d'un écrasant métal de tristesse. Illustres mais taciturnes, augustes mais déprimants, sérieux mais mortels... Je vomis sans remords ces indigestes producteurs de patates pas cuites !
 
Je voue leurs démoralisants ouvrages au bûcher ! Avec jubilation je regarde se consumer dans mon âtre leurs pavés de pure sinistrose. J'alimente ainsi fructueusement mon foyer de leurs pages inutiles.
 
De leurs plus noires idées je fais un feu de joie !
 
Je transforme leurs écrits indélébiles en une divine flamme éphémère. Et la lumière vengeresse qui résulte de cette incinération apporte la paix des lettres sous mon toit. Volume après volume, leurs rêves sombres se volatilisent et deviennent cendre sous mes yeux...
 
Ces flamboiements illuminent mes soirées.
 
Sachez-le, ces écrivains dont je brûle les oeuvres sans le moindre scrupule ne sont dignes que de mon mépris destructeur.
 
Et une fois ma cheminée nettoyée de ces saletés, ils ne méritent plus que l'éternel oubli des coeurs demeurés vivants.

vendredi 15 août 2025

2380 - Sombre forêt

Je connais une forêt sans nom où se perdent les promeneurs et meurent leurs rêves.
 
A toute heure de la journée et quelle que soit la saison, elle demeure effrayante. L'ombre y est permanente et une étrange tristesse pénètre sa verdure. Tout y est foncé, noir, lourd et silencieux. Au détour de chaque sentier on y croise le désespoir.
 
C'est le royaume de la nuit, du deuil et de la solitude.
 
Les arbres de cette sylve maudite ne sont pas comme les autres. Grands, austères, sombres, menaçants, ils s'élèvent dans des hauteurs inquiétantes. Leurs branches sinistres donnent l'impression qu'elles étreignent les ténèbres. Et, à l'occasion, ravissent les égarés.
 
En effet, pareilles à des bras de spectres, elles semblent vouloir enlacer tout ce qui passe sous leurs feuillages. Dans l'ambiguïté des choses et l'incertitude des circonstances, elles effleurent les hommes de leurs doigts de sorcières. Et là, plus personne n'est sûr de rien...
 
Elles les touchent du bout de leurs feuilles et les pauvres flâneurs affolés ne savent pas si c'est juste le vent ou si c'est le diable.
 
Les troncs de ces augustes entités font penser à des calvaires. Et à leur pied nul n'ose s'adosser. Dans cet espace hors des jours ordinaires, le bois mort ressemble à des os gisant par terre. Le sol jonché de cadavres végétaux prend alors des allures de vieux cimetière abandonné. Ce lieu n'inspire aucun sentiment de réconfort. On dirait un monde de naufrage, la fin d'un voyage, le commencement d'un cauchemar, une mésaventure vers l'inconnu, le chemin menant à un gouffre.
 
Cette nature lugubre n'est cependant pas pour me déplaire.
 
L'atmosphère de féerie funèbre qui se dégage de cet endroit peuplé de fantômes vêtus d'écorce enchante mon coeur de loup. Je suis fait pour me frotter à leur peau rêche, caresser leurs épines, me lover dans leurs racines, dormir sur leur humus et me laisser emporter par toutes les voix nocturnes. Le cri de la chouette effraie dans l'obscurité me comble d'une joie d'ange sauvage et les bruits indéfinis autour de moi, tels des chants célestes, bercent mon sommeil de bête sylvestre.
 
Ce qui déprime ou terrifie le banal mortel allume en moi de délicates flammes de bonheur. Les stèles me charment et les rats me séduisent. Les chênes aux apparences d'ogres et les crépuscules de plomb sous les frondaisons forment les merveilles de mon existence de coureur des futaies. 

samedi 26 juillet 2025

2379 - Emportés par le vent

Tout ce qui est lourd, épais et encombrant est finalement sans grande importance. Placards, canapés, châteaux, or, plomb, lustres ou bien bijoux, rien de cela ne me comble le temps de ma vie.
 
Et tout le reste s'envole dans le ciel, emporté par le vent.
 
Ce qui est léger s'évapore, s'évanouit, est vite oublié. L'anonyme poussière, les vagues fumées et les rêves lointains, eux non plus ne pèsent guère plus que des pensées vides ou que des os jaunis au regard des siècles qui passeront encore après moi.
 
Dissipés par la brise, eux aussi.
 
Même les pierres s'effritent et finissent par disparaître un jour. Plus tard le sable les remplacera, et lui-même sera changé en sel.
 
Et moi, je n'emmènerai aucune de ces chimères au-delà de l'horizon terrestre.
 
A y réfléchir, peu de choses m'agréent vraiment en ce monde.
 
Seul compte véritablement à mes yeux le chant du corbeau. Ce qui vaut réellement à mon coeur, c'est ce qui sort du gosier de la bête au noir plumage. Son cri rauque sortant de la brume suffit à enchanter durablement mon âme.
 
La plainte poussée par cet oiseau vêtu de ténèbres, tel est le vrai trésor que j'ai trouvé sur cette Terre !
 
Ma richesse ultime n'est pas palpable. Elle ne vient pas de ce qui brille ou de ce qui gît dans des coffres-forts mais de ce qui est terne, rocailleux, sinistre, et que je parviens parfois à approcher au ras du sol, au fond des champs, certains matins d'octobre...
 
En un mot, je ne suis touché que par la plume. Pas n'importe laquelle, vous l'aurez deviné.
 
Celle qui est déjà noircie d'encre, celle qui me rappelle l'azur, les nuages et les aubes d'automne imprégnés de brouillard. Je veux parler de celle qui habille les corvidés et fait toute leur beauté.
 
Lorsque j'entends les croassements de ces derniers, je me sens plus vivant que jamais !
 
Même si leurs râles, eux aussi, sont balayés par Éole.

Sauf que leurs voix, lugubres comme un glas dans les labours, ne s'effacent pas de ma réalité et que je les garderai avec moi jusqu'au paradis.

mercredi 23 juillet 2025

2378 - Un homme des nues

A ses yeux ce n'est pas l'argent qui compte mais les nuages.
 
Il ne prête attention qu'aux choses qui le dépassent, ne voit que les réalités situées au-dessus de sa tête, n'accorde de l'importance qu'à ce qui domine le monde. Pour lui le reste n'est que lourdeurs, vulgarités, vacuités. Voire bassesses. Dans le meilleur des cas, simples nécessités biologiques et domestiques.
 
Evidemment, prioritairement à cause de cela on le considère dans la société comme un être singulier, étrange,  loufoque, décalé, possiblement fou. Mais il s'en moque puisqu'il mange à sa faim, dort sur du foin l'hiver et  sous les constellations l'été, boit l'eau de la pluie et s'enivre de beauté. Autant dire qu'il jouit de toutes les richesses de la Création. Et parce qu'il a l'essentiel tous les jours de l'année, il n'a nullement besoin de la reconnaissance de ceux qui préfèrent les lueurs de leurs écrans aux éclats du ciel.
 
Il vit dans ses hauteurs, c'est-à-dire loin des mirages de son siècle. Ses sommets à lui ne sont ni sa position sociale ni ses maigres biens, et encore moins son apparence, mais son humble potager depuis lequel il voyage statiquement sous l'azur, observe les oiseaux et admire le firmament.
 
Indifférent aux passions profanes de son époque, insensible aux flammes artificielles qui brûlent autour de lui, ignorant tout des modes qui agitent les âmes superficielles, hermétique aux technologies qui éloignent l'homme des arbres, de la terre, des corbeaux, il ne vise que la poussière des chemins, la pureté de l'horizon, les clartés de l'aube et les ombres du crépuscule.
 
Les femmes, il les aime à son image : natures, tranchées, radicales. Charnelles et magistrales mais néanmoins soumises et vertueuses, minces et légères... Avec le corsage aussi lourd que spirituel. Il faut préciser que ce loup ne dévore que les vraies agnelles : celles qui ont l'esprit tendre et la peau dure.
 
Ses rares amis l'apprécient pour la seule raison qu'il ne leur offre que du rêve, jamais rien de matériel. A part quelques pommes de pin ou une poignée de noisettes. Il a des ailes et le leur montre, ses frères dénués d'illusions savent à quoi s'en tenir avec lui. Il a le sens de l'amitié aussi développé que celui de la poésie : il invite volontiers au pied de son âtre les anges de la nuit, les hiboux nocturnes et autres gens de plume. Pour parler avec eux forêt, fagots, brume, feu, étoiles... Il plane entre espace rural et profondeur cosmique.
 
Il affectionne les rats, les taupes, les poutres, les chandelles et les sabots.
 
Et par-dessus tout, il est follement amoureux de la Lune.

Enfin, pour être vraiment honnête, son coeur d'idéaliste balance, cela dépend de son humeur, entre les sombres cumulus à la tombée du soir et la claire face lunaire à l'heure fatidique de la soupe vespérale.

mercredi 16 juillet 2025

2377 - Le courage de Bayrou et la mauvaise volonté des français

Je constate que finalement nul ne veut participer au redressement des finances de l’État. Ca critique stérilement, ça se débine lâchement, ca tombe dans le populisme... Un peuple d'irresponsables !
 
Des contestataires reprochent à BAYROU et à ses pairs l’énormité de leurs revenus et proposent de les réduire prioritairement pour, prétendument, montrer l’exemple.
 
Sauf que ce n'est pas en amaigrissant quelques salaires en hauts lieux que cela sortira notre pays de son marasme économique. Même en supprimant les avantages plus ou moins abusifs de cette poignée de politiciens, vous croyez que cela sera suffisant pour sauver l'économie ? Soyez réalistes : ce qu'il annonce est JUSTE et courageux. Il faut tous contribuer à l'effort national. Et même s'il y a encore quelques tricheurs, (ou privilèges) cela ne pèse rien au regard de l'enjeu. Chaque français doit consentir à endurer les peines nécessaires.
 
Pour une fois, et cela en étonnera plus d'un, je ne suis pas contre ce que dit le gouvernement. J'ai non seulement l'HONNEUR d'accepter de payer de ma personne, mais également le BONHEUR de le faire. L'abnégation, le désintéressement, la restriction pour le bien commun sont devenus des insultes, plus aucun citoyen ne semble capable d'élévation, d'ascèse, de vues supérieures... Visiblement, c'est trop demander à ces gaulois braillards de se serrer un peu la ceinture. Rappelons que notre territoire est un royaume d’opulences de toutes sortes, d'aides sociales diverses et de bien-être en tous genres. Ce n'est pas en renonçant à deux semaines de vacances (à ne rien foutre et à bouffer des glaces sur les plages) que cela va tuer les contribuables !
 
Nos aïeux construisaient des cathédrales avec ferveur, la population actuelle se lamente et s'avachit à longueur de journées sur ses portables aliénants. Cela en dit long sur les mentalités contemporaines. A force de privilégier les distractions, d’entretenir la culture du divertissement, d’habituer les foules à se gaver de bêtises, d’inutilités, de jeux stupides et à se vautrer dans le confort, ces dernières réclament toujours plus de mollesses et ne supportent plus qu’on leur prie de bien vouloir acquiescer à la moindre obligation...
 
Oui, j’adopte et prône une attitude civique, j’ai le sens du patriotisme et du dévouement. Vertus rares en ce siècle de revendications égoïstes et d'ingratitudes envers un système pourtant ultra protecteur...
 
On vous convie à souffrir un peu pour que votre sol natal malade retrouve la santé... On vous le suggère avec des pincettes pour ne pas trop vous effrayer... Voulez-vous être une race de larves ou de héros ? J'ai l'impression que tous ceux qui épiloguent et contestent sans cesse cherchent délibérément à ne pas soutenir l’activité collective. Tout est prétexte pour fuir leurs responsabilités ! On a rien sans rien. Et ce n'est pas en montrant du doigt les défauts de nos décideurs que cela réglera le colossal problème que l'on tente de résoudre.
 
Si on ne réagit pas maintenant, on va droit dans le mur. Les mêmes qui aujourd’hui, totalement inconscients, condamnent BAYROU parce qu’il ose prendre le taureau par les cornes sans attendre, l’accuseront de n’avoir rien fait quand tout s’effondrera demain.
 
Quoi qu’il fasse, BAYROU sera désigné comme coupable. Il se bat néanmoins pour la bonne cause, même s’il ne récolte que l’hostilité...
 
S'il faut qu'un haut placé soit riche pour qu'il rende du bon travail, alors sa richesse n'est pas volée ! Si ses propositions contribuent efficacement à l’assainissement de notre ciel tricolore, il mérite sa grosse rémunération et même ses éventuels passe-droit. Je ne suis personnellement pas jaloux des bénéfices exorbitants, considérés comme indus ou non, de nos gouvernants à partir du moment où ils gouvernent bien. Vous exigez d’avoir de bons dirigeants, de bons mécaniciens, de bons boulangers ? Rétribuez-les bien et vous aurez le meilleur !
 
Quant aux jours fériés, il a raison. Les gens s'emmerdent déjà assez comme ça les dimanches ! Il faut travailler plus au lieu de geindre systématiquement. L'action, c'est la vie !
 
Je ne vois chez les opposants que des tire-au-flanc, des éternels pleurnichards accoucheurs d’inaction, des paresseux irréfléchis qui ne souhaitent que profiter de l’état-providence sans rien offrir en échange !
 
L'esprit de sacrifice grandit les hommes. L’égoïsme, l’individualisme et la fuite les rabaissent. La contrepartie de votre sueur et de vos privations, c'est avant tout l'HONNEUR, la GRANDEUR, LE SALUT DE LA FRANCE.
 
Et ça, ça n'a pas de prix.

samedi 12 juillet 2025

2376 - Un chemin sans fin

Ma route, cette longue et droite marche vers la lumière, se poursuit loin des hommes, hors de ce siècle, en secret sous les arbres. Je vogue paisiblement dans les sommets de ma solitude, ayant dépassé depuis longtemps les étangs de petitesses et les marécages de lourdeurs de l'existence. Je n'ai nul regret, aucune déception, pas le moindre déplaisir : j'avance sans me retourner. Trop heureux de pouvoir cheminer chaussé de mes sabots, l'âme toujours plus légère, je déploie mes bras aériens de jour en jour, visant l'horizon, les nuages, le firmament.
 
Cette forêt est mon vaisseau de verdure me menant aux étoiles, une cathédrale de bois m'emportant dans un ciel plein d'éclat et de profondeur, une voile d'anachronisme traversant l'océan de la modernité.
 
Ignoré de tous, libéré de toute vanité, détaché du superflu, je n'ai plus que des fulgurances de pur esprit, des vues de géant, des essors d'oiseau.
 
Au niveau de mes pieds les évidences semblent banales, figées dans un modèle d'éternelle inertie, sans autre avenir que la répétition incessante de leurs apparentes platitudes. Mais ce n'est qu'une illusion, en réalité toute fosse devient pour moi une véritable ascension.
 
Une occasion de monter, une opportunité pour m'envoler.
 
N'importe quel trou dans la terre s'ouvre fatalement sur l'azur. Et là où je me trouve, à l'ombre de la sylve, il y a un infini lumineux au-dessus de ma tête. Et rien pour me distraire et m'empêcher de lever les yeux ! Pas une seule chaîne pour me retenir au sol ni de poids pour m'entraîner vers le bas. Ce refuge forestier n'est pas une prison mais au contraire l'école de la liberté.
 
Dans ce cadre sylvestre je ne régresse pas comme pourraient le croire certains. J'évolue.

Mes semelles, aussi pesantes et grossières qu'elle paraissent, par la force des choses me dotent d'ailes : je me suis débarrassé des futilités de ce monde pour mieux progresser dans la voie royale des êtres supérieurs qui s'élèvent dans l'éther. Les grands éveillés de mon espèce empruntent naturellement des directions verticales. Je ne me satisfais que de l'essentiel : pour savourer le vrai nectar de la vie je n'ai besoin que de quelques fagots, de ma marmite, de la flamme de mon foyer et de la plainte des corbeaux.

Même mon chapeau est de trop. 

Je suis parti dans ma retraite vers les hauteurs célestes pour une éternité d'océaniques fraîcheurs et de divines clartés. Je laisse derrière moi tout ce qui est voué à périr et garde mon souffle pour ne m'attarder que sur les beautés de la Création.

Lorsque s'achèvera ma carrière terrestre, la planète m'aura oublié tout à fait. J'aurai atteint le royaume des porteurs de galoches, au-delà du Soleil lui-même.

De mon passage sur ce globe, il ne restera qu'un peu d'humus.

vendredi 11 juillet 2025

2375 - Mon univers infini

La forêt où j'évolue ressemble à un océan et à un trou tout à la fois. Un îlot aux allures de continent. Les limites géographiques de ce monde constituent, paradoxalement, une démesure pour mon âme.
 
Un cloître borné pour mes pas, un espace infini pour mes ailes.
 
Mes jambes parcourent chaque jour l'intérieur de ce terrain aux dimensions définies, mais mon esprit vole bien au-delà de ce cadre physique. Ce coin imperceptible du globe terrestre ne représente qu'un point insignifiant sur la carte, et nul ne prête une particulière attention à cette anodine étendue de verdure où j'ai pris racine.
 
Pas un seul élément spectaculaire n'attise la curiosité des hommes ici. Pour le citadin qui a tendance à poser sur ce genre de chose un regard profane, ce lieu évoque l'ennui, la déprime, le néant. Selon lui il n'y a rien à faire dans ces bois, à part y croupir et y mourir d'inertie. Voilà précisément la raison pour laquelle cet endroit pareil à mille autres est l'incarnation parfaite de mon éden !
 
Pour ma part, je pense au contraire que dans ce désert d'arbres, d'herbes sauvages et de silence tout est à découvrir, explorer, expérimenter. Dans ces conditions de solitude prédisposant à la méditation, la moindre réalité de cet univers que l'on qualifie d'ordinaire prend fatalement des envergures cosmiques, comme tout ce qui a été créé partout ailleurs.
 
Entre ce théâtre anonyme aux apparences faussement banales où se joue mon sort d'ermite et d'autres sites estimés plus "sensationnels" par rapport aux critères de ce siècle, objectivement il n'existe aucune différence. Le même créateur a formé ces merveilles, petites ou grandes, simples ou plus sophistiquées, ternes ou éclatantes, rares ou communes... Certains les appellent des "platitudes" lorsqu'elles ne répondent pas à l'idée étriquée qu'ils s'en font.
 
L'oeil de l'éveillé, où qu'il se porte, ne verra que des miracles. Celui du blasé instaurera une hiérarchie artificielle dans les oeuvres divines. Une échelle établie d'après ses références à lui, bêtement touristiques, bassement consuméristes ou arbitrairement esthétiques.
 
La personne hautement consciente reconnaîtra, sans jamais la filtrer, la lumière céleste venant de toutes les directions. Et cette clarté universelle touchera son coeur de manière certaine. Tout apparaîtra sacré à ses yeux. Tandis que l'être vulgaire aux sens émoussés ne s'émerveillera que des cartes postales et négligera le reste de la Création.

Loin de toute image d'Épinal, et même si cela ne se remarque pas au premier abord, la planète minuscule où je vis est en vérité le royaume des albatros en sabots.

jeudi 10 juillet 2025

2374 - Je ne suis pas de la ville !

Moi je suis une bête de la forêt, un hôte des terriers, une taupe de l'humus. Et certainement pas un émotif de la ville, un délicat des salons, un amateur de thé.
 
Je mange mes patates avec mes pattes d'ours, dors sur un matelas de foin, plonge ma face hirsute dans les flots glacés de la rivière. Mes frères issus de la sylve, ce ne sont point les hommes parfumés mais les sangliers puants.
 
Je ne fais pas de manières. Chez moi c'est spartiate, dur, franc, direct. Les chichis, c'est pour les chochottes. Et j'appelle un chat un chat. Les rats chient dans mes sabots et les souris nichent dans mon chapeau. Je n'en fais pas une affaire d'état pour autant. Cela ne m'empêche ni de marcher dans les fourrés ni de porter mon couvre-chef sous le clair azur.
 
Les mondains des grands boulevards ne m'impressionnent guère avec leurs semelles lustrées et leur beau parler. Moi je ne fais pas dans la langue de bois mais dans le poing sur la table ! A la place des mots chics, j'utilise la pogne de choc.
 
Et s'il le faut je peux aussi appuyer mon propos à coups de pieds au cul de quiconque ne comprend pas.
 
Je crache dans le feu comme un vrai seigneur de la friche que je suis et piétine de mon talon d'ogre les insignifiances citadines qui ne valent rien à mes yeux. Sous mon toit de roi des rondins ce n'est pas le règne de la dentelle et de la soie mais la rudesse des bûches et le confort d'une étable.
 
Je ne partage certes pas mes repas avec des marquises vaporeuses ou des parisiennes élégantes mais avec la tranchante solitude de mon ombre d'épouvantail. Avec mon couteau planté près de la cruche pleine d'eau de pluie et sous mon nez la tranche de pain accompagnée de la gousse d'ail, je ferais un piètre cavalier de soirée pour ces dames ! Je suis bien mieux à mon aise en compagnie de l'austère flamme du foyer et des voleurs de miettes bien-aimés qui rampent sous mon lit plutôt que dans les artifices et superficialités des conversations oiseuses de ces précieuses personnes aussi frileuses qu'écervelées.
 
Et puis je dois l'avouer, le cri sépulcral des corvidés est plus cher à mon coeur taillé à la hache que le chant sirupeux de ces rossignols affublés de broderies fines. J'ai trop besoin du baiser de la rocaille et de la caresse de l'orage pour combler mon âme âpre et anguleuse.
 
Je ne pourrais accorder mes égards qu'à la bergère assez tendre et sauvage à la fois pour accepter de se faire croquer toute crue par le loup !
 
Définitivement, je ne suis pas un joyau urbain de ce siècle.
Désormais je joindrai les brouillons de mes textes afin d'agrémenter mon blog. Mais ces papiers noircis ne sont pas systématiques : uniquement lorsque je rédige mes oeuvres loin de chez moi, en pleine nature la plupart du temps. Les plus curieux d'entre vous pourront consulter la totalité de mes manuscrits archivés ici : https://lune7.blogspot.com/

Liste des textes

2396 - La porte
2395 - Le plafond
2394 - Nulle compagnie
2393 - Bientôt fou ?
2392 - Départ
2391 - Mes geôliers
2390 - L’enfermement
2389 - Quatre murs
2388 - Des mots en guise d’ailes
2387 - Mon trou
2386 - Connexion céleste
2385 - Une flamme de l’azur
2384 - Seigneur cinglant
2383 - L’âme en l’air
2382 - Flamme verte
2381 - Au feu les plumes sombres !
2380 - Sombre forêt
2379 - Emportés par le vent
2378 - Un homme des nues
2377 - Courage de Bayrou
2376 - Un chemin sans fin
2375 - Mon univers infini
2374 - Je ne suis pas de la ville !
2373 - Seul parmi les arbres
2372 - Au bout des chemins
2371 - Mon trésor
2370 - Les cumulus
2369 - Qui donc m’observe ?
2368 - Le loup
2367 - Cauchemar
2366 - Un peu de foin
2365 - Bain de crépuscule
2364 - Voyage sous un arbre
2363 - Ma solitude de roi
2362 - Le silence
2361 - Aubes de plomb
2360 - Mes anges les corbeaux
2359 - Vertueuse verdure
2358 - Le parachute
2357 - Au bord de l’eau
2356 - J’y suis et j’y reste !
2355 - Ma soupe
2354 - Les fées n’existent pas !
2353 - Le bon air de mon exil
2352 - Un jour ordinaire
2351 - Vie de rêve
2350 - Ma solitude
2349 - Je découvre une tombe
2348 - Le randonneur
2347 - La nuit
2346 - Le braconnier
2345 - A l’ombre des arbres
2344 - Une belle journée
2343 - L’intruse
2342 - La chasse à courre
2341 - Les vers luisants
2340 - L’hôte qui pique
2339 - Dans la pénombre
2338 - Le ballon
2337 - Ma lanterne
2336 - La barque
2335 - Le chemin creux
2334 - Les deux chasseurs
2333 - Flamme noire
2332 - Deux corbeaux dans un arbre
2331 - Insomnie
2330 - Cris des corbeaux
2329 - Papillons de nuit
2328 - Froid et pluies
2327 - Les ronces
2326 - Chemins de boue
2325 - Tristesse de la forêt
2324 - Provisions de bois
2323 - Dans les buissons
2322 - Pluie matinale
2321 - Les grands arbres
2320 - Terribles crépuscules
2319 - Les rats
2318 - Un ami frappe à ma porte
2317 - Entouré de rusticité
2316 - Le sanglier
2315 - Mon sac
2314 - Le renard
2313 - Ma marmite
2312 - Des bruits dans la nuit
2311 - Les lapins
2310 - Un signe sous le ciel
2309 - La Lune vue de mon toit
2308 - Une gauchiste explosive
2307 - Sortie nocturne
2306 - Le vent sur la forêt
2305 - Un air de feu
2304 - Rêve dans les branches
2303 - L’écolo
2302 - Les papillons
2301 - La corneille
2300 - Les patates
2299 - L’escorte des souches
2298 - Un orage au dessert
2297 - Nulle femme dans ma forêt
2296 - Indispensables pommes de pin
2295 - Promenade
2294 - La pluie sur mon toit
2293 - A la chandelle
2292 - Un soir de brume
2291 - Vie de feu
2290 - La rosée matinale
2289 - Dans l’herbe
2288 - Par la fenêtre
2287 - Ma cheminée
2286 - Mes chemins d’ermite
2285 - Au réveil
2284 - Les cailloux sur mes chemins
2283 - Mes sentiments de bûche
2282 - Nuit de pleine lune en forêt
2281 - Ivresse de femme
2280 - Loin de ma grotte
2279 - Tempête dans mon trou
2278 - Baignades d'ermite
2277 - Un hibou dans la nuit
2276 - Mes ennemis les frileux
2275 - Ermite aux pieds sur terre
2274 - Mon jardin d’ermite
2273 - La récolte des fagots
2272 - Un étrange visiteur
2271 - Ma demeure d’ermite
2270 - Un homme clair
2269 - Un foyer au fond de la forêt
2268 - Les raisons du peintre
2267 - La célibataire
2266 - Les femmes
2265 - Une femme
2264 - France sous les étoiles
2263 - Un homme hors du monde
2262 - Homme de feu
2261 - Rencontre du troisième type
2260 - Voyage
2259 - Déprime
2258 - Fiers de leur race
2257 - La fille lointaine
2256 - Le Noir méchant
2255 - L’attente
2254 - J’ai entendu une musique de l’an 3000
2253 - Le modèle
2252 - Blonde ordinaire
2251 - Mâle archaïque mais authentique
2250 - La femme et la flamme
2249 - Voyages au bout de la terre
2248 - Ma chambre
2247 - Le vieil homme entre ses murs
2246 - L'ovin
2245 - Vous les mous, les mouches, les mouchards
2244 - Mon humanisme fracassant
2243 - Ma cabane sur la Lune
2242 - Les marques rouges du ciel
2241 - Je reviens !
2240 - Une fille de toque
2239 - La légèreté de la Lune
2238 - Janvier
2237 - Elena Yerevan
2236 - Oiseaux de rêve ?
2235 - J’irai vivre à la campagne
2234 - Fiers de leurs péchés
2233 - Deux faces
2232 - Le soleil de la jeunesse
2231 - Dans les bois
2230 - Nuit de vents
2229 - Mon fauteuil de lune
2228 - Le sourire d’une marguerite
2227 - Je ne suis pas antiraciste
2226 - Qui est-elle ?
2225 - L’arc-en-ciel
2224 - Je suis parti dormir sur la Lune
2223 - La sotte intelligence
2222 - Leurre ou lueur ?
2221 - Clinchamp, cet ailleurs sans fin
2220 - La tempête Trump
2219 - Femme de lune
2218 - Une plume de poids
2217 - Douches glacées
2216 - Les arbres et moi
2215 - Je pulvérise le féminisme !
2214 - J’aime les vieux “fachos”
2213 - La surprise
2212 - Promenade en forêt
2211 - Je vis dans une cabane
2210 - Plouc
2209 - Je suis un mâle primaire
2208 - Musique triste
2207 - Ma cabane au fond des bois
2206 - Hommage à Christian FROUIN
2205 - Installation sur la Lune
2204 - Barreaux brisés
2203 - Affaire Pélicot : juste retour de bâton du féminisme
2202 - L’abbé Pierre, bouc-émissaire des féministes
2201 - Par tous les flots
2200 - Votre incroyable aventure !
2199 - Je ne suis pas en vogue
2198 - Jadis, je rencontrai un extraterrestre
2197 - Dernière pitrerie
2196 - Alain Delon
2195 - Je déteste les livres !
2194 - L’esprit de la poire
2193 - Je ne suis pas citoyen du monde
2192 - Ma cabane dans la prairie
2191 - Devant l’âtre
2190 - Plus haut que tout
2189 - Pourquoi la femme vieillit si mal ?
2188 - Je prends l’avion
2187 - Sous la Lune
2186 - La pourriture de gauche
2185 - Je dors à la belle étoile
2184 - L’obèse et l’aristocrate
2183 - Le hippy et moi
2182 - Croyant de feu
2181 - Les gens importants
2180 - Le Beau
2179 - Michel Onfray
2178 - J’irai cracher sur leurs charentaises !
2177 - Clodo
2176 - Corbeaux et corneilles
2175 - Un dimanche plat atomique
2174 - Promenade en barque
2173 - Juan Asensio, ce rat lumineux
2172 - Il va pleuvoir bientôt
2171 - Au bord de la lumière
2170 - Dans mes nuages
2169 - J’ai dormi dehors
2168 - Les roses
2167 - Perdu en mer
2166 - Un jeune heureux
2165 - Le vagabond
2164 - Un ogre
2163 - Brigitte
2162 - Les gens simples
2161 - L’azur de Warloy-Baillon
2160 - Cause majeure
2159 - Je n’ai aucune élégance
2158 - La rivière
2157 - Il n’est pas raciste
2156 - Elle me fait peur
2155 - L’horloge
2154 - A la boulangerie de Mont-Saint-Jean
2153 - L’écologiste, ce primitif
2152 - Madame Junon
2151 - Chemins de pluie à Clinchamp
2150 - Voyage vers Mars
2149 - Galaxies
2148 - Je suis de la droite honteuse
2147 - Les écrivains sont des poids morts
2146 - L’héritage de Clinchamp
2145 - Clinchamp, une histoire sans fin
2144 - Vent de mystère à Clinchamp
2143 - Ma cachette à Clinchamp
2142 - Randonnée à Clinchamp
2141 - Eclipse de Lune à Clinchamp
2140 - Un arc-en-Ciel à Clinchamp
2139 - Clinchamp sous l’orage
2138 - J’ai rêvé de Clinchamp
2137 - Jour de l’An à Clinchamp
2136 - Vacances d’été à Clinchamp
2135 - Attente à Clinchamp
2134 - Un jour ordinaire à Clinchamp
2133 - Or de France
2132 - La compagne des esseulés
2131 - Loup de lumière
2130 - Spleen
2129 - Le pitre
2128 - Les corbeaux de Clinchamp
2127 - Un homme heureux à Clinchamp
2126 - Le mouton
2125 - Des lutins à Clinchamp ?
2124 - Je suis fort !
2123 - Paroles prophétiques
2122 - L’égalité entre les hommes est injuste !
2121 - L’idéaliste de gauche
2120 - La femme est la monture de l’homme
2119 - Clinchamp sous la neige
2118 - Le Nord et le Sud
2117 - Pourquoi j’aime Clinchamp ?
2116 - Convaincre Blandine
2115 - Un couple de vieillards à Clinchamp
2114 - Le facteur de Clinchamp
2113 - Tristesse et beauté à Clinchamp
2112 - L’Art
2111 - Botte à l’oeuf
2110 - Les bûcherons de Clinchamp
2109 - Le coucou de Clinchamp
2108 - BFMTV : l’écran de la vérité
2107 - Lettre anonyme
2106 - Je ne suis pas amoureux de Paris !
2105 - Un jour d’hiver à Warloy-Baillon
2104 - La femme soumise brille comme une casserole
2103 - Les chouettes de Clinchamp
2102 - Quand la tempête s’abat sur Clinchamp...
2101 - L’aile et la pierre
2100 - Mes amis les maudits
2099 - Le brouillard de Clinchamp
2098 - Artiste de gauche
2097 - L’éternité dans la tête
2096 - Toussaint à Clinchamp
2095 - Chagrin échappé
2094 - Clinchamp-sur-Mystère
2093 - Les cafards
2092 - Loup des airs
2091 - Le loup de Clinchamp
2090 - En latin, c’est plus beau !
2089 - Les patates de Clinchamp
2088 - L’enfant des airs
2087 - Ciel de France
2086 - Thaïs d’Escufon
2085 - Les tomates de Clinchamp
2084 - Jérôme Bourbon
2083 - Les chats de Clinchamp
2082 - Poupée d’ailleurs
2081 - Pierre de feu
2080 - Les champs de Clinchamp
2079 - L’éclosion
2078 - Vacuité des bouquinistes
2077 - Les toits
2076 - Freud
2075 - Sport
2074 - Le simplet de Clinchamp
2073 - Les oiseaux de Clinchamp
2072 - Je ne suis pas cartésien
2071 - Au cimetière de Clinchamp
2070 - Le Panthéon pour Hugo, l’évasion pour Izarra
2069 - Les rats de la France
2068 - Le curé de Clinchamp
2067 - Mon trou à Clinchamp
2066 - Saint-Léonard-des-Bois
2065 - Les cloches de Clinchamp
2064 - Un épouvantail à Clinchamp
2063 - Les rêves de Clinchamp
2062 - Je suis raciste
2061 - L’injustice sociale ne me choque pas
2060 - Les femmes de Clinchamp
2059 - Les jours vides de Clinchamp
2058 - Une grand-mère
2057 - Clinchamp vers 1970
2056 - La femme de soixante ans
2055 - Sale temps à Clinchamp
2054 - Un grand voyage en forêt
2053 - L’ailé et l’aliéné
2052 - Souvenirs lointains
2051 - Domestication d’une greluche
2050 - Déprime à Clinchamp
2049 - L’amour à Clinchamp
2048 - Les Droits de l'Homme, c'est la négation de l'homme !
2047 - Les hivers de Clinchamp
2046 - Les chemins de Clinchamp
2045 - Seul au monde
2044 - Ne me parlez pas d’amour
2043 - Tristesse de l’été
2042 - Jour de fête à Clinchamp
2041 - Monsieur Lecon
2040 - Châtelain
2039 - Les ailes de Clinchamp
2038 - Tremblement de terre
2037 - Nuit d’amour
2036 - Pluie de joie à Clinchamp
2035 - Les gauchistes
2034 - Clinchamp sous les clartés lunaires
2033 - Henri d’Anselme, héros hétéro rétro
2032 - Les hirondelles
2031 - Retraite dans la forêt
2030 - Mon bosquet
2029 - L’or de Clinchamp
2028 - Sur le chemin
2027 - La souche
2026 - Clinchamp, ce voyage sans fin
2025 - Sardines à l’huile
2024 - Les fantômes
2023 - Le silence de la forêt
2022 - Les arbres
2021 - Les joies de Clinchamp
2020 - La merde républicaine
2019 - Les ailés
2018 - Les soirées de Clinchamp
2017 - Parasite
2016 - Clinchamp, les routes de l’ennui
2015 - Moi français, je déteste les migrants !
2014 - Répugnante
2013 - Les complotistes
2012 - Je déteste les livres de philosophie !
2011 - Le bossu de Clinchamp
2010 - La lumière de Clinchamp
2009 - Les crépuscules de Clinchamp
2008 - Les nuits à Clinchamp
2007 - Les aubes de Clinchamp
2006 - Je suis un oiseau à Clinchamp
2005 - Les rats de Clinchamp
2004 - Les papillons de Clinchamp
2003 - Les richesses de la normalité
2002 - Le Rimbaud des bobos
2001 - Les vaches de Clinchamp
2000 - La folle de Clinchamp
1999 - Mon ego solaire
1998 - Vague Lune
1997 - Ma cabane à Clinchamp
1996 - Moi, IZARRA
1995 - Mais qui donc est Dardinel ?
1994 - La Dame Blanche de Clinchamp
1993 - Le Dalaï-Lama
1992 - Pluie à Clinchamp
1991 - Je suis sexiste
1990 - Les flammes du printemps
1989 - Le rustaud de Clinchamp
1988 - Les larmes d’Amsterdam
1987 - Clinchamp, terre d’envol
1986 - La Joconde de Clinchamp
1985 - Face cachée de Clinchamp
1984 - La clocharde de Clinchamp
1983 - Je suis un extraterrestre
1982 - Clinchamp sous les éclats de novembre
1981 - Clinchamp au bord des larmes
1980 - Les fantômes de Clinchamp
1979 - Les pissenlits de Clinchamp
1978 - Clinchamp : fin et commencement de tout
1977 - Amsterdam
1976 - J’habite sur la Lune
1975 - Secret de Lune
1974 - Les ailes de la Lune
1973 - Voir Clinchamp et sourire
1972 - La pierre et l’éther
1971 - Clinchamp, au bonheur des larmes
1970 - Clinchamp, mon dernier refuge
1969 - Croissant de Lune
1968 - Mais d’où vient donc la Lune ?
1967 - Lune lointaine
1966 - Lune éternelle
1965 - Sandrine, notre voisine
1964 - Rêve de Lune
1963 - Lune des rêves
1962 - La Lune dans le bleu
1961 - Lune ultime
1960 - Les tourmentés
1959 - Clinchamp, paradis des ombres
1958 - Lune absente
1957 - Je raffole des commérages !
1956 - Clinchamp : royaume des humbles
1955 - La Dame dans le ciel
1954 - Palmade : de la gloire au gouffre
1953 - Evasion
1952 - Tatouages, ces marques de faiblesse
1951 - L’égalité est un enfer !
1950 - Repas sur l’herbe à Clinchamp
1949 - Escale à Clinchamp
1948 - Beauté morbide de la Lune
1947 - J’ai dormi dehors à Clinchamp
1946 - Les humanitaires sont des parasites !
1945 - Sur les routes de Clinchamp
1944 - Une année à Clinchamp
1943 - Tristesse du printemps
1942 - Bulle de Terre
1941 - Jour de joie à Clinchamp
1940 - L’inconnu de Clinchamp
1939 - Le ciel de Clinchamp
1938 - Les éclats de Clinchamp
1937 - Le voyageur
1936 - Fête triste
1935 - Les antiracistes
1934 - Jean Messiha
1933 - Coeur gelé
1932 - Romantisme de pierre
1931 - La femme est sous mes pieds
1930 - Burcu Güneş, un air léger
1929 - Je déteste les pauvres !
1928 - Quand mon coeur s’allume
1927 - Intègre, entier, râpeux
1926 - Le cheval
1925 - Homme mauvais
1924 - Un trou sous le ciel
1923 - Hauteur de la Lune
1922 - Nulle part, là-bas, ailleurs
1921 - Belle Lune
1920 - Salades lunaires
1919 - Lettre à Reynouard
1918 - MARGUERITE OU L’HISTOIRE D’UNE VIEILLE FILLE
1917 - Récoltes lunaires
1916 - Je suis français de souche
1915 - Lune mortuaire
1914 - Clinchamp, cité des oubliés
1913 - Clinchamp, l’air de rien
1912 - Clinchamp, sommet du monde
1911 - La pollution, c’est la vie !
1910 - Seule au monde ?
1909 - Le Ciel et la Terre
1908 - Lune de haut vol
1907 - La Lune s’allume
1906 - Nuit sombre
1905 - Soupe de Lune
1904 - Puretés raciales
1903 - Lune-pizza
1902 - La grande question
1901 - Amiens
1900 - Pleur de Lune
1899 - Rêve d’amour
1898 - Vive le patriarcat !
1897 - La libellule
1896 - L’eau qui m’éclaire
1895 - Une question de clarté
1894 - La Lune dort
1893 - Les artifices du spirituel
1892 - Lune normale
1891 - Ni chauffage ni travail
1890 - Lune de fer
1889 - Molle Lune
1888 - Insensible aux malheurs des autres
1887 - Mon visage de vérité
1886 - Amante russe
1885 - J’écris
1884 - Lune martiale
1883 - Je suis un incapable
1882 - Lune creuse
1881 - 1975
1880 - L’éclat d’un fard
1879 - Amour impossible
1878 - Femme au foyer
1877 - L’esprit de la Lune
1876 - Ingérence féministe
1875 - Cratères lunaires
1874 - Lune d’effroi
1873 - Lune des chats
1872 - Les athées
1871 - Lune d’or
1870 - Lune carrée
1869 - Lune de miel
1868 - Folle lune
1867 - Jour de joie
1866 - SMARPHONES : abrutissement des masses
1865 - Sombre lune
1864 - Les mouches
1863 - Ma vie simple
1862 - Clinchamp, terre lointaine
1861 - Je suis un conservateur
1860 - Lune de glace
1859 - Le lac
1858 - Qu’est-ce que la beauté ?
1857 - Lune blanche
1856 - Lune de mer
1855 - Lune de feu
1854 - Présence immortelle
1853 - Surprenante Lune !
1852 - L’éclat de la Lune
1851 - Epis lunaires
1850 - L’autre Lune
1849 - L’amie des cheminées
1848 - Lune morte
1847 - Lune Parmentier
1846 - Lune fatale
1845 - Amour céleste
1844 - Grâces et disgrâces
1843 - Ma maison, c'est la Lune
1842 - Poids de la Lune
1841 - La morte visiteuse
1840 - Ma cabane sous la Lune
1839 - Bleu ciel
1838 - Histoire de lune
1837 - Suc de Turque
1836 - Stéphane Blet
1835 - Ciel bleu
1834 - Bonheur de rat
1833 - Redneck
1832 - Sur le rivage
1831 - Attraction lunaire
1830 - Je suis anti-féministe radical
1829 - Mais qui est-il ?
1828 - Je veux des frontières !
1827 - Les francs-maçons
1826 - Folies lunaires
1825 - Alunir, en un mot
1824 - “Comme ils disent”, chanson d’Aznavour
1823 - Lune tiède
1822 - Globe de rêve
1821 - Effroi
1820 - Vangelis
1819 - L’air de la Lune
1818 - La campagne
1817 - Lune tombale
1816 - Les cailloux
1815 - Je déteste Paris !
1814 - Boules de neige
1813 - Je n’ai pas peur
1812 - Parler vrai
1811 - Les hommes simples
1810 - Quand la Lune panse
1809 - Régine : extinction d’un feu
1808 - Morte veilleuse
1807 - Coeur de pierre
1806 - Noir
1805 - Mystère de la Lune
1804 - Jackson Pollock
1803 - En pleine lumière
1802 - Harmonie des sexes
1801 - Dix ans dans l’azur
1800 - Pluie d’avril
1799 - Le gueux
1798 - Les pommes de pin
1797 - Voyage vers la Lune
1796 - Mystère d’une nuit
1795 - Une lumière turque
1794 - Sans coeur et avec écorce
1793 - Envolé !
1792 - Galante ou l’abcès crevé
1791 - La lumière du Bosphore
1790 - Claude Monet
1789 - Rat aristocrate
1788 - Ukraine : sortez de vos ornières mentales !
1787 - Tranche de ciel et plumes de la Terre
1786 - Les sots écolos
1785 - L’astre turc
1784 - L’Ukraine, je m’en fous totalement !
1783 - Vive la guerre !
1782 - Réponses à un coatch
1781 - Droite pure
1780 - Vains hypersensibles
1779 - Mes valeurs vives
1778 - Le secret
1777 - Force et lumière
1776 - De l’herbe à l’aiguillon
1775 - Jusqu’à la mort
1774 - Zemmour et les journalistes de gauche
1773 - Dur et juste
1772 - La flamme et le marbre
1771 - Mon chat est mort
1770 - Les frères Bogdanoff
1769 - J’ai rêvé de Natacha
1768 - Technologie
1767 - Vers la Lune
1766 - C’était la guerre
1765 - La “tondue de Chartres”
1764 - Dans le métro
1763 - Naissance d’un virus
1762 - Zemmour est-il un de Gaulle ?
1761 - Je suis grand
1760 - Jour de gloire
1758 - Une muse du Bosphore
1758 - Je suis un extrémiste
1757 - Les éoliennes
1756 - Femme terminale
1755 - Autoportrait
1754 - Je suis un sanglier
1753 - Faux fou
1752 - Les affaires
1751 - Octobre
1750 - Le fantôme
1749 - Les écrivains
1748 - Sauvez la France !
1747 - Mes sentiments de pierre
1746 - Une araignée raconte
1745 - Un coeur clair
1744 - Phallocrate
1743 - Les vaches
1742 - Les faibles sont mauvais
1741 - Les sans-visage
1740 - Le trouillard de gauche
1739 - Léonard de Vinci enfant
1738 - Mes froideurs sublimes
1737 - Le romantisme, c’est la décadence
1736 - La Joconde
1735 - La tour Eiffel
1734 - Le Soleil
1733 - Une boule de mystère
1732 - Les masqués
1731 - Burcu Günes, l’or turc
1730 - Léa Désandre
1729 - Le père Dédé
1728 - “Blanc lumière” de Pollock
1727 - Les kikis et les cocos
1726 - Les funérailles de Belmondo
1725 - Pôle Sud
1724 - Vierge au mariage
1723 - La forêt
1722 - Le réveil des clochers
1721 - En septembre
1720 - Extraterrestre
1719 - Ni cagoule ni sérum
1718 - L’astre des morts
1717 - L’idéaliste
1716 - Un ange noir pour les Blancs ?
1715 - Trois heures du matin
1714 - Dur et vivant
1713 - Homme des bois
1712 - De flamme et de sang
1711 - Mes bas potentiels
1710 - Je suis un anti-progressiste
1709 - Eléonore et les Noirs
1708 - Eléonore et les Juifs
1707 - Une française
1706 - Femme d’idées
1705 - Joie de vivre
1704 - Auteur de rêves
1703 - Raison féminine
1702 - Vieillard
1701 - Face de France
1700 - 1789
1699 - Adieu, France
1698 - Célibataire
1697 - L’envers vert
1696 - Avant la chute
1695 - L’aube d’Ève
1694 - Amour raté
1693 - À vue d’homme
1692 - Le loup et l’agnelle
1691 - Têtes à corps
1690 - Trêve de la nuit
1689 - L’été
1688 - L’hiver
1687 - Les âmes de la forêt
1686 - Enfin libre !
1685 - Je vis sans masque
1684 - Enfants du monde
1328 - Je suis apolitique
115 - Le cygne
114 - Le spleen de Warloy-Baillon
113 - Les visiteurs
112 - La Lune
111 - L’amant des laides
110 - Mémoires d’un libertin
109 - Une existence de pompiste
108 - Lettre à mes amis des listes sur Internet