Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy
De quel monde étrange et irréel viennent ces deux oiseaux ?
Ils se sont posés en une demeure providentielle, loin de leur nid. La main
qui les nourrit est caressante et prodigue.
L'un est perché sur le bois de l'hôte, l'autre blotti contre son bras. Mais
leur bienfaitrice est tout aussi mystérieuse qu'ils le sont eux-mêmes.
Cela semble bien trop beau, trop brillant pour être vrai. Ces plumages
n'existent pas dans la vie concrète.
Sommes-nous vraiment en un lieu formel, sur une terre ferme, en un temps
défini ?
Peut-être que ces trois êtres dorment et se rejoignent idéalement dans un
rêve mutuel, réunis dans une identique chimère onirique, et qu'en réalité ils
arborent chacun des formes prosaïques, banales, triviales même... Qui saura
?
La maîtresse de maison est-elle, objectivement, aussi sublime que ce duo
ailé venu d'on ne sait où, ne correspondant à rien de connu ? Rien n'est moins sûr.
Hors de toute illusion, nous avons possiblement affaire à une femme commune
accompagnée d'un vil corbeau et d'un autre quelconque volatile. Il s'agit ici
éventuellement d'une existence rude et médiocre, aux antipodes de ce qu'on
imagine. Nous sommes potentiellement témoins d'une scène se déroulant non pas
dans une grande salle de château mais dans une méchante masure... Cette image
serait-elle finalement un mirage ? Le reflet embelli d'un réel terne, voire
obscur ?
Sous le voile des apparences, le masque de l'imaginaire ou l'éclat des
fantasmes, ce tableau idyllique ne serait-il pas la projection magnifiée de la
journée ordinaire d'une ménagère dans sa cuisine, d'une fermière dans son
poulailler ou d'une veuve sous son vieux toit de chaume qui se morfondrait
d'ennui dans son trou d'inertie ?
L’heure du réveil le dira. Ou pas. Pour le moment, admirons le lustre de
l’artiste. Tout s’envolera probablement, ou bien au contraire se
confirmera, lorsque vous ouvrirez les yeux.
Ou plutôt, lorsque vous les fermerez.
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