L'écume était glacée, le ciel agité, mon âme sereine.
Au loin, les mouettes, irréelles, oniriques avec leurs plaintes au-dessus des flots semblaient des messagères des temps immémoriaux adressant à la Création des chants tristes et mystérieux.
J'étais seul, j'étais devant l'immensité, j'étais avec mes rêves, dans la réalité physique, perdu au coeur du monde, nulle part précisément et partout à la fois dans l'Univers.
Mes dix années de vie terrestre paraissaient comme les dix-mille ans d'un soleil brillant dans l'éternité.
Sur le sable, à mes pieds, un crabe s'aventurait, les nuages dans l'espace filaient et moi, du bout de ma brève existence, je prenais la mesure de l'infini.
Je parlais avec Dieu, en pleine lumière.
La profondeur de l'horizon, la légèreté des galets, le secret des vagues et la musique des astres, la divinité des êtres et la richesse de l'invisible, le proche et l'inaccessible, tout m'était dévoilé comme la récompense inconditionnelle d'être simplement né.
Inondé de grâces, je comprenais tout, voyais tout, ne jugeais rien.
La beauté, je le savais, était loi.
Je me souviens de ce jour radieux et mélancolique de mon enfance où, au bord de la mer, je débordais d'éveil.
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