Moi ce qui m’exalte dans la vie, c’est de favoriser l’injustice !
Ce qu’on appelle "l’injustice" du moins... Mais qui pour moi n’est qu’un
aspect des richesses de l’aventure terrestre.
Pour les uns l’iniquité sera de ne pas avoir la même taille que le voisin.
Selon quelques minorités elle se manifestera de façon criante dans le fait de ne pas arborer
la même couleur de peau que les autres peuples. Aux yeux des chétifs elle
s’exprimera prioritairement dans le fait de ne pas avoir la même résistance aux
maladies, les mêmes capacités intellectuelles ou physiques, que telle
personne ou telle ethnie...
Pour un gauchiste ce qui est injuste c’est de grandir avec des
déterminismes socio-culturels, autrement dit de naître dans une famille
d’ouvriers ou bien de s’épanouir dans la religion catholique. Sans possibilité
d’échapper à ces cadres pré-définis.
Bref l’inégalité des expériences individuelles, le déséquilibre des
chances de chacun de nous (et même l’accumulation des malchances de certains),
les avantages innés des uns et les lacunes ou handicaps des autres, enfin ce qui
fait la spécificité des parcours humains -autrement dit leurs
diversités- n’est-ce pas cela précisément qui fait tout l’intérêt du monde,
de l’Humanité, de l’histoire de chaque être ?
Les grands coups d’enclume du sort sur la tête des “innocents”, moi ça me
botte ! J’aime voir les faibles s’éveiller et avancer par la force des choses.
Et peu importe que leur parcours soit accompagné de larmes ou de rires,
pourvu que ces pesants bipèdes finissent par avoir des ailes.
Ce que fort sottement on qualifie généralement de despotisme est en réalité
le meilleur moteur pour élever les âmes, leur montrer la nécessité, la valeur,
le bénéfice du combat.
Sans cette “loi abusive”, pas de conscience du beau, du vrai, du bien.
Les pommes jaunes sont appréciées parce que les vertes sont aigres. Une
réussite est bien plus délicieuse et valorisante quand on part perdant.
L’infirmité fait battre plus fort le coeur des amoureux. La pauvreté sélectionne
les plus motivés pour l’accès à l’or, etc.
Et c’est ça qui donne la flamme !
Les idéalistes à la gomme qui souhaitent éradiquer la souffrance des hommes
sont en fait les ennemis du bonheur.
Ils veulent niveler les têtes. Effacer toute aspérité chez leurs frères.
Ecarter l’arbitraire, l’adversité, l’amertume des jours. Chasser les nuages de
nos existences.
Pour les remplacer par du prévisible bien calculé, bien formaté, sans la
moindre opportunité de chuter ou de s’envoler !
Bref, ils désirent changer les visages en clones. Ôter son charme à la vie.
Nous imposer un ensoleillement permanent, c’est à dire une sécheresse
générale.
Leur justice aseptisée a pour moi le goût insipide du mortel ennui.
Ces humanistes du dimanche nient les trésors de nos destins, âpres ou
éblouissants.
Par exemple, parmi les vivants il y a les faces rudes et les faces
radieuses (et pour faire simple je passe sur l’infinité des nuances possibles).
Sur les rides des premiers on y lit la force du caractère et la profondeur des
pensées, la dureté du chemin parcouru. Sur le front des seconds on y devine les
grâces, fortunes et joies offertes par quelque bonne étoile.
A travers ces deux catégories de destinées qui s’opposent, toute la saveur,
la densité, la séduction de cet Univers “inéquitable” fait de rocailles et d’herbes
douces, de miel et d’épines, de lumière et de ténèbres... Chacun prend sur Terre
ce dont il a besoin pour effectuer sa route : tant de douleur et tant de régal,
tant de deuil et tant de félicité...
Ces éléments formateurs que les sots dénoncent comme des
‘tyrannies”.
VOIR LES DEUX VIDEOS :
VOIR LES DEUX VIDEOS :